Des bandes fleuries pour contrôler les pucerons vecteurs de JNO à l’automne ?
Profiter des intercultures longues pour implanter des couverts qui fleurissent tard à l’automne pourrait créer un réservoir d’auxiliaires des cultures pour les parcelles voisines. Un levier potentiel pour gérer les pucerons d’automne dans les céréales. Voilà l’idée qu’ont voulu mesurer les partenaires du projet PLANTSERV de 2019 à 2022.
Les travaux sur les bandes fleuries se sont multipliés ces dernières années. Dans l’ensemble, ces couverts permettent d’augmenter l’abondance et la diversité des pollinisateurs et des ennemis naturels des ravageurs dans les parcelles adjacentes (Albrecht et al. 2020).
Dans cette veine, les partenaires du projet PLANTSERV1 ont testé l’intérêt des couverts fleurissant en automne et début d’hiver dans les intercultures longues (juillet – avril) pour héberger des ennemis naturels de pucerons et ainsi mieux contrôler ces insectes vecteurs de JNO dans les parcelles adjacentes. Le couvert hivernal utilisé était composé de moutarde, radis fourrager, sarrasin et vesce.
De 2019 à 2022, 12 à 15 parcelles, réparties en Ille-et-Vilaine et Pays de la Loire, ont fait l’objet, chaque année, de comptages de pucerons et de carabes à proximité du couvert fleuri et d’une marge herbeuse témoin (figure 1).
Figure 1 : Dispositif expérimental mis en place pour évaluer l’effet d’un couvert sur les populations de carabes et de pucerons dans des parcelles de céréales adjacentes (projet PlantServ 2019-2022)
Sur chaque parcelle, deux zones (40 m x 100 m) ont été étudiées (en beige clair) : une zone adjacente au couvert fleuri, et une zone adjacente à la marge herbeuse témoin. Les suivis de carabes (matérialisés par les traits rouges) et de pucerons (matérialisés par les traits verts) ont été réalisés à plusieurs distances des bordures (de 1 à 34 m).
Des différences visibles mais non significatives
Dans l’ensemble, les populations de carabes sont plus abondantes (+39 % en moyenne) à proximité des couverts fleuris. La proportion de pucerons parasités par des guêpes parasitoïdes (« momies ») est équivalente près des deux zones (autour de 24 %). Néanmoins, les densités de pucerons étaient inférieures à proximité du couvert fleuri (- 26 %). Un chiffre à relativiser vu les faibles densités de pucerons à cette période : le différentiel ne représente qu’un écart d’environ 0,01 puceron par plante en valeur absolue. La proportion de plantes porteuses de pucerons ne diffère pas significativement entre zones.
Figure 2 : Résultats obtenus pour les parcelles des Pays de la Loire sur carabes (en nombre de capture) et pucerons (en pourcentage de plantes habitées)
Côté virose, malgré une légère baisse de plantes infectées par la JNO (3 % près des couverts fleuris, contre 7 % près des marges herbeuses), aucune différence n’a été observée entre les deux parcelles adjacentes en termes de dégâts de JNO (surface de la parcelle touchée) ou de rendements, dans un contexte où la pression JNO était faible pour les trois années de l’étude.
Pour en savoir plus, découvrez en vidéo la restitution du projet :
1 Projet Ecophyto (2019-2022) financé par l’Office Français de la Biodiversité piloté par le laboratoire ECOBIO de l’Université de Rennes (Cécile Le Lann), regroupant des membres de l’Institut Agro, d’INRAE, d’ARVALIS, des chambres régionales d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire, du GRAB, et du Natural Resources Institute (Royaume-Uni)