Variétés de blé dur : les performances 2023/2024 en région Méditerranée
Retrouvez les résultats des variétés de blé dur, obtenus dans le réseau d’essais régional, au niveau des rendements et de la qualité.
Présentation du réseau d’essais
Six essais ont été réalisés en 2023-2024 (Tableau 1), parcourant bien les conditions de croissance régionale. L’essai de Gréoux-les-Bains (04) n’a pas été regroupé avec les autres et les résultats ne seront pas publiés, pour plusieurs raisons agronomiques.
Tableau 1 : Caractéristiques du réseau d’essais en 2023-2024
Un grand merci à M. Emmanuel à Fourques, Me Lerein et M. Perret du Cray à Prades-le-Lez, à M. Rouit à Gréoux-les-Bains, à M. Sabatier à Mondragon, à M.Vernet à Montagnac et à M. Peyrard à Eurre pour nous avoir accueillis
L’impact des conditions 2023/2024 sur les résultats
Les semis des essais ont été réalisés sans encombre cette année. Il a fait particulièrement sec durant la période de semis mais les levées ont été homogènes et rapides.
Une intense sécheresse (la plus grosse depuis plus de 30 ans) a eu lieu partout, d’octobre à mi-février. Cependant, les blés ont été peu impactés, et le retour des pluies mi-février au stade épi 1 cm a permis de valoriser les apports d’azote. D’importants reliquats azotés ont été mesurés sur la plupart des plateformes, les doses d’azote ont été ajustées pour en prendre compte.
Les pluies régulières à partir de mi-février ont permis aux blés de se développer et atteindre de bons potentiels. Mars a été le mois le plus pluvieux depuis 1960 pour certains sites (Prades-le-Lez, Fourques).
Ces pluies ont provoqué une pression maladies plutôt forte à partir de début avril : de l’oïdium et de la rouille jaune à Eurre, de la rouille brune sur le site de Camargue à Fourques et à Eurre, et de la septoriose à Mondragon et à Fourques.
Globalement, dans les essais, le rendement moyen du réseau d’essais est en retrait 9 % (Tableau 2) par rapport au rendement moyen sur cinq ans.
Cela s’explique principalement par le fait que le nombre d’épis/m2 a été plus faible, probablement lié au fait de régressions de talles en période de stress hydrique en hiver. Cependant, une fertilité d’épi exceptionnelle cette année a permis de compenser cette perte en bonne partie.
Une grosse pression piétin échaudage sur l’essai de Mondragon a eu pour effet de diminuer le nombre moyen d’épis par m2 et le poids par épi, qui sont les plus faibles parmi les cinq essais. Le rendement à Mondragon explique à lui seul 4 % de la baisse du rendement moyen comparé à la moyenne sur cinq ans. Le PMG (poids de mille grains) n’a pas été mesuré sur cet essai : le nombre de grains par épi et le nombre de grains par m2 n’ont donc pas pu être calculés pour cette plateforme.
La qualité est en baisse également, avec -4 % pour le poids (PS) et -3 % pour le taux de protéines. La diminution de PS s’explique par les pluies de fin de cycle ; celle de la teneur en protéines, par le fait que deux essais, Fourques et Prades, ont été sous-fertilisés en azote, le potentiel de rendement ayant été plus important que ce qui est habituel. Ils ont manqué respectivement de 80 et 100 unités d’azote.
Tableau 2 : Niveaux de rendement et qualité moyens sur le réseau d’essais variétés en Méditerranée / Rhône-Alpes
Zoom sur les résultats de la campagne 2023-2024
Statistiquement, en termes de rendements (figure 1), peu de différences sont observées : il y a une tendance à ce que Rocaillou soit au-dessus des autres variétés (groupe homogène a) sans que cela soit significatif. Juste derrière se trouvent les variétés Anvergur et Canaillou (groupe homogène ab). Puis un groupe de variétés assez large (groupe homogène abc), allant de RGT Voilur à Cabayou. Les variétés RGT Aventadur (groupe homogène bc), puis Relief (groupe homogène c); viennent ensuite fermer le classement (14,5 q/ha d’écart entre Rocaillou et Relief).
Parmi les nouveautés, qui sont toutes les trois demi-tardives à montaison, c’est RGT Rapsolur (demi-précoce à épiaison) qui a eu tendance à être un peu au-dessus de RGT Insiemur et Cabayou (demi-tardives à épiaison), sans que cette différence soit significative selon l’analyse statistique.
Figure 1 : Résultats du rendement moyen par variété issu du regroupement de cinq essais en Méditerranéen en 2023-2024
En vert : rendement supérieur de 5 % ou plus à la moyenne de l’essai. La variété s’est particulièrement bien comportée dans cet essai.
En rouge : rendement inférieur de 5 % ou plus à la moyenne de l’essai. La variété s’est particulièrement mal comportée dans cet essai.
Il est important de signaler que le rendement, pour une variété donnée, a été cette année assez variable d’une plateforme à une autre (Tableau 3).
C’est notamment le cas pour RGT Rapsolur, RGT Kapsur, RGT Insiemur et RGT Belalur, en retrait à Montagnac - le site le plus séchant -, ce qui a probablement impacté le un manque de fertilité des épis. A l’inverse, RGT Aventadur et Relief, respectivement la plus précoce et la plus tardive, y ont fait leurs meilleurs rendements en relatif. Ainsi, Relief a échappé au gel d’épi : pour preuve, son nombre de grains/épi élevé. En effet, cette variété était à épiaison (au 29/04) au moment de la vague de froid, alors que les variétés à la méiose ont été impactées la fertilité d’épi. RGT Aventadur est une variété à gros PMG, adaptée aux petites terres comme Montagnac, et a profité des pluies de fin de cycle de cette année.
Il en est de même pour RGT Voilur à Eurre, en retrait dans cet essai alors que le rendement de cette variété est au-dessus de la moyenne dans les autres. Ce retrait sur le rendement reste inexpliqué.
Autre retrait inexpliqué sur le rendement : la variété RGT Belalur à Eurre et à Montagnac (moins surprenant), avec des performances moyennes décevantes au regard de ses rendements des années précédentes.
Tableau 3 : Rendement moyen en % de la moyenne générale de chaque essai
Et pour les résultats pluriannuels (avec protection fongicide) ?
Le comportement des variétés est très marqué par l’année climatique : il est préférable de l’apprécier sur plusieurs années. Afin de comparer les résultats de variétés expérimentées sur différentes campagnes, les rendements sont corrigés des effets annuels à l’aide des variétés communes entre année. Ils sont exprimés en % de la moyenne des variétés représentées (Figure 2). Les chiffres et le point central indiquent respectivement le millésime et la moyenne ajustée pluriannuelle (ex : 24 = 2024).
Afin d’illustrer la régularité des nouvelles inscriptions au cours des années antérieures, « c1 » et « c2 » rappellent respectivement les résultats CTPS des nouvelles variétés et des témoins en 1ère et 2ème année d’inscription en zone Sud. Ces valeurs ne sont pas prises en compte dans le calcul de la moyenne pluriannuelle.
- RGT Belalur est en retrait en 2024 par rapport aux années précédentes. Elle semblait jusqu’à présent être adaptée à des conditions de fin de cycle variées (séchantes 2023 et 2022 et plus arrosées 2021).
- Canaillou est aussi au-dessus de la moyenne. Elle semble performante peu importe l’année depuis trois ans, mais à noter qu’elle semble meilleure les années plus arrosées (2021 et 2024).
- RGT Vanur est un peu en retrait cette année. Les années avec des fins de cycle séchantes lui sont avantageuses par rapport aux autres variétés.
- Rocaillou est en première position pour sa deuxième année, fait partie des meilleures, avec un rendement moyen proche de celui d’Anvergur cette année sur nos essais. Son comportement semble assez stable si l’on regarde ses performances lors de ces années d’évaluation en pré-inscription.
- RGT Kapsur a été favorisé cette année par rapport aux précédentes. Cette variété confirme être moins productive dans nos conditions méditerranéennes. Elle a un intérêt uniquement dans des situations risquées au niveau fusarioses.
- RGT Rapsolur et Insiemur sont au-dessus de la moyenne de rendement, avec des écarts-type similaires.
- Cabayou est en-dessous de la moyenne contrairement aux années précédentes, elle semble réagir aux années de la même manière que RGT Insiemur.
Figure 2 : Rendements pluriannuels dans le Sud-Est
Sources : ARVALIS et partenaires (post-inscription), CTPS/ GEVES (inscription)
Et en termes de qualité ?
Un poids spécifique en baisse
En 2024, le PS moyen sur le réseau d’essais est de 78,8 (Figure 3), ce qui est du même ordre de grandeur que celui de l’année dernière (de 78,5). A noter que les PS moyens des différentes variétés sont compris entre 76,9 et 80,5, donc l’amplitude est assez limitée surtout si on retire les extrêmes (l’amplitude passe alors à 2,3 points).
Ce PS moyen est très représentatif de la récolte 2024 du sud-est. L’apport qualité trop faible dans une partie importante de la région en est la principale cause, ainsi que des orages tardifs sur quelques zones.
Les trois nouveautés - RGT Insiemur, Cabayou et RGT Rapsolur - ont de très bons PS, les meilleurs de nos essais. RGT Aventadur suit de près au-dessus de la moyenne (dans le groupe homogène abcd jusqu’à Voilur), même si RGT Aventadur a un écart-type plus important entre les différents essais.
RGT Vanur présente le PS le plus faible, avec un point d’écart avec Canaillou, Relief et RGT Belalur.
Il y a peu de différences significatives ente les variétés quant à leur PS, sauf RGT Vanur qui se détache vraiment.
A noter que le PS moyen le plus bas est observé dans l’essai d’Eurre, à 74,5 et le plus élevé, dans celui de Prades-le-Lez, à 81.
Figure 3 : PS moyen par variété sur les cinq essais regroupés en Méditerranée-Rhône-Alpes en 2024
Côté protéines
La teneur en protéines a été en moyenne très limite : 13,5 %, allant de 12,9% à 14,3%. (Figure 4). Il y a peu de différences significatives entre les taux protéiques des variétés.
Les pluies ont suffi à une bonne valorisation de l’azote sans irrigation, mais les apports ont été insuffisants (surtout l’apport qualité) au vu des potentiels inhabituellement élevés de l’année.
Au niveau du classement, les variétés qui ressortent en tête (Figure 4) sont RGT Aventadur, RGT Voilur et Relief.
Les nouvelles variétés ont eu un taux protéique en-dessous de la moyenne, avec 99 % de la moyenne pour RGT Insiemur, 97 % pour Cabayou et 96 % pour RGT Rapsolur (tout comme Anvergur et Canaillou).
Figure 4 : Teneur en protéines moyen (%) pour chaque variété dans le regroupement des essais Sud-Est 2024
Il est important, comme chaque année, de regarder le ratio rendement / teneur en protéines des variétés. Certaines variétés produisent en effet plus ou moins de protéines par quintal (Figure 5).
- Rocaillou, pour sa deuxième année, montre un ratio intéressant, plus élevé que celui d’Anvergur, avec un taux de protéines au-dessus pour un même niveau de rendement.
- Anvergur et RGT Voilur apportent chaque année du rendement sans trop diluer les protéines. RGT Voilur se comporte généralement mieux qu’Anvergur : des meilleurs taux de protéines à rendement équivalent ou supérieur. Cette année, Anvergur a trop dilué la protéine, surtout sur les sites les plus stressés en azote.
- Canaillou a un meilleur comportement, proche d’Anvergur.
- Les nouveautés RGT Insiemur, Cabayou et RGT Rapsolur ont trop dilué la protéine, à observer en conditions moins stressées en azote.
Figure 5 : Relation rendement/teneur en protéines en 2024 sur le réseau d’essais de Méditerranée-Rhône-Alpes
La figure 6 représente les résultats pluriannuels issus du regroupement national des essais. En plus du ratio rendement/protéines sont indiquées la moucheture et la vitrosité qui font partie des principaux critères de qualité technologique.
Au niveau de la moucheture, six variétés sont un peu en retrait : Platone, Santur, Relief, Canaillou et surtout RGT Aventadur.
Concernant le mitadin, une attention est à porter de nouveau sur Canaillou et Relief ainsi que Claudio qui sont plus sensibles que les autres variétés.
A l’inverse, Platone et Formidou apportent un plus sur ce critère-là.
Rocaillou se comporte plutôt bien pour ces deux critères moucheture et mitadin, tout comme les nouvelles variétés de l’année (équivalent à Anvergur).
Figure 6 : Résultats pluriannuels protéines, rendement, vitrosité et moucheture
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