Régulateurs des céréales : l'application précoce au tallage n'augmente pas le nombre de talles à épis
Contrairement aux idées reçues, les applications précoces de régulateurs ne permettent pas d’augmenter le nombre de talles à épis. Pire, dans les situations où les plantes sont stressées, elles pourraient engendrer des problèmes de phytotoxicité. La maîtrise du risque verse passe en premier lieu par une bonne gestion de la fertilisation azotée.
Du fait d’un hiver froid et humide mais aussi des semis tardifs dans certaines régions, les niveaux de tallage vont sans doute être plus faibles qu’à l’accoutumée. De plus, la montaison va se produire en jours longs (début avril), facteur habituellement favorable à une réduction du risque de verse. Les besoins en régulation précoce vont donc être réduits sur une majorité de parcelles… Cependant, certains producteurs sont tentés d’appliquer précocement du chlorméquat pour « faire taller les blés ».
Pas d'impact sur le rendement
Il est bon de souligner que des applications précoces de chlorméquat ne permettent pas « d’augmenter le nombre de talles » en créant de nouvelles talles. Mais, en limitant la croissance du maître brin (meilleur accès à la lumière, réduction de croissance de celui-ci, réallocation des ressources), le chlorméquat va « favoriser » des talles herbacées déjà présentes qui auraient pu régresser autrement. La théorie voudrait que ces talles, après application d’un régulateur, deviennent des talles à épis, et que, in fine, le rendement soit augmenté.
Quelques essais ont été menés par ARVALIS - Institut du végétal avec du chlorméquat en applications précoces (redressement/épi 0,5 cm).
• Graphique 1 : Variation du nombre d'épis par m2 en fonction d'une application de régulateurs lors du redressement
• Graphique 2 : Variation du rendement en fonction d'une application de régulateurs lors du redressement
Il en ressort que, sur des applications au stade redressement, l’effet sur le nombre d’épis est neutre, sans différence significative avec le témoin. L’analyse du rendement va dans le même sens, à savoir que le gain est nul. Le seul essai où une différence notable est observée entre les deux modalités, est un essai versé. La donnée rendement de cet essai n’est donc pas incluse dans la réflexion.
Attention aux risques de phytotoxicité sur plantes stressées
De plus, au vu des conditions climatiques, les blés sont actuellement en reprise de croissance et peuvent être impactés (couleur et port). Dans ces conditions difficiles, il vaut mieux oublier les régulateurs en cas de risque verse faible car ils peuvent éventuellement provoquer des risques de phytotoxicité. Ces risques sont d’autant plus grands en conditions gélives, et avec des spécialités « haut de gamme » à base de trinéxapac ou prohéxadione (tableau).
Tableau : Conditions requises pour l’emploi des substances de croissance :
Exemple de lecture : Pour une application de Cycocel C5, il faut que le jour de l’application, la température minimale enregistrée soit supérieure à –1°C et que la température atteigne au moins +10°C dans la journée. Dans les 3 jours suivants, une température moyenne supérieure à 10°C est favorable
À ces stades, les produits à base de chlorméquat peuvent être associés au sein de mélanges à d’autres usages de produits phytosanitaires (ex : antigraminées + adjuvant + C5 + antidicotylédones + fongicide). Or, ces mélanges de produits de différents usages ne font pas toujours « bon ménage »
Gérer le risque verse malgré tout en étant attentif à l’azote
Ces conditions requièrent surtout une attention soutenue de la gestion de l’azote, un facteur déterminant de maîtrise de verse. Pour éviter les problèmes de verse, il convient d’apporter l’azote au plus près des besoins de la plante, en fractionnant les apports et en calant les interventions en fonction des prévisions de pluie.
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