Douceur et humidité : le cocktail préféré des limaces
Derrière leur aspect apathique, les limaces sont de redoutables ravageurs des céréales. Il existe des solutions de protection en cours de campagne, mais une lutte efficace repose sur la mise en place de mesures pluriannuelles sur les parcelles les plus touchées.
Préalablement aux éventuels traitements en cours de campagne, la lutte contre les limaces passe par l’évaluation du risque agronomique de chaque parcelle. L’abondance et l’activité des limaces dépendent des systèmes culturaux (en particulier du travail du sol), des conditions climatiques (pluie, température), du type de sol, du stade végétatif de la plante et de son appétence (tableau 1).
Tableau 1 : Caractéristiques de différentes cultures vis-à-vis des limaces
Attention au semis direct laissant les graines en surface accessibles aux limaces. Il est impératif de rouler le sol et d’augmenter un peu la densité de semis en cas de risque potentiel.
Des pièges pour suivre les infestations...
Le risque immédiat, lié à la présence de limaces, peut être estimé par observation - quand le sol est humide, à l’aube par exemple - ou par piégeage.
Un piège efficace est un piège plaqué au sol, conservant l’humidité et isolant des écarts de températures : pièges « maison » (tuiles ondulées, plaques de cartons humidifiées) ou pièges standards de 50 cm de côté (type INRAE, Bayer, De Sangosse, Certis).
Pour un diagnostic efficace, il convient de commencer la surveillance au moins trois semaines avant le semis.
Plusieurs pièges (quatre si possible pour couvrir au moins 1 m²), espacés d’au moins cinq mètres, doivent être positionnés en bordure de parcelle - lieu des premières attaques de limaces - mais aussi à l’intérieur de la parcelle. Il faut humidifier les pièges par un trempage préalable. Ils doivent être mis en place le soir, le comptage étant à réaliser le lendemain matin avant que la température ne soit trop élevée. Pour un suivi dans la durée, il est conseillé de déplacer les pièges toutes les semaines ou, a minima, de retirer les limaces à chaque observation (éviter de créer un refuge qui peut perturber l’activité naturelle).
Le niveau de captures peut être très variable selon les conditions de la mesure (heure de la journée, répartition dans la parcelle). Des conditions sèches limitent les observations mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de limace. Un piégeage ponctuel est insuffisant : il est impératif d’assurer un suivi avant et après la levée de la culture.
...puis décider d’une intervention éventuelle
Lorsque le risque de limaces est important et nécessite une intervention chimique, il est recommandé de soigner l’application afin d’apporter la bonne dose de façon homogène. L’épandage en plein des produits donne généralement de meilleurs résultats. Une grille d’évaluation du risque permet d'aider la décision d'intervenir (figure 1).
Figure 1 : Règles de décision de la protection des céréales à paille contre les limaces (projet CASDAR RESOLIM)
Il semble judicieux de diversifier les modes d’action disponibles. Les produits de biocontrôle (phosphate ferrique) présentent généralement une efficacité comparable à celle des antilimaces conventionnels (à base de métaldéhyde) pour un coût (achat + application) similaire (hors générique). Il faut toutefois prendre en compte le fait que les appâts à base de phosphate ferrique agissent souvent moins rapidement que les antilimaces conventionnels.
L’application de granulés a comme seul objectif de protéger la culture au stade sensible, au vu d’un niveau de population active préoccupant, mais ne réduit pas durablement cette population. Pour cela, il faut engager sur plusieurs années des méthodes de lutte agronomique (labour et déchaumages, surtout en conditions sèches, couverts intermédiaires peu appétents...), voire modifier le système de culture pour détruire le milieu de vie des limaces.
En mars 2020, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) avait classé les produits formulés avec 3 % ou plus de métaldéhyde dans la catégorie des « CMR 2 » (reprotoxiques de catégorie 2). En conséquence, à compter du 1er octobre 2021, ces produits comportent le nouvel étiquetage et font l’objet de mesures d’utilisation et de stockage plus contraignantes : stockage séparé dans le local phytosanitaire, équipements de protection individuels renforcés (gants et combinaison, ainsi que tablier ou blouse pour le chargement et le nettoyage), mesures auprès des salarié(e)s (prévention, déclaration d’un poste à risque auprès de la MSA) et utilisation interdite de ces produits pour les CDD, les femmes enceintes et les mineurs.
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