Les Essentiels d'ARVALIS - Quels sont les facteurs favorisant le développement des limaces et les leviers d’action ?
Pour limiter les dégâts liés aux attaques de limaces, il faut perturber leur milieu de vie et entraver leur déplacement par la répétition de passages d’outils de travail du sol au cours de certaines périodes clés. La gestion et la couverture des sols pendant l’interculture ont leur importance. C’est la combinaison des moyens agronomiques et de la lutte chimique sur plusieurs campagnes qui constitue la meilleure option pour limiter les risques et réduire sensiblement les populations.
Même si le facteur climatique (automne et/ou printemps pluvieux) est prépondérant, certaines modifications de pratiques agricoles associées aux conditions environnementales locales peuvent avoir comme conséquence d’accroître les populations de limaces vis-à-vis des grandes cultures (simplification du travail du sol, limitation du nombre de passages d’outils, création d’un sol « creux » avec labour motteux et mal rappuyé par exemple, augmentation des surfaces de culture d’hiver, mise en place de couverts végétaux pendant l’interculture). Pour mieux appréhender les risques, il faut comprendre les conditions favorables au développement des populations de limaces. Quatre facteurs semblent prédominants : les conditions climatiques, la disponibilité en refuges, la présence de nourriture et, dans une mesure qui reste à évaluer, la présence d’ennemis naturels. Quels sont les facteurs favorisants les populations et quels leviers sont disponibles ?
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►Les préconisations d'ARVALIS
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C’est pendant l’interculture, période privilégiée pour limiter la reproduction et le développement des populations que tout doit être mis en œuvre pour les combattre. Leur faible longévité est compensée par un taux de reproduction élevé. Les œufs sont pondus dans les dix premiers centimètres de sol, invisibles dans les cultures. Pour se développer, la limace a besoin d’un milieu de vie stable : nourriture disponible et accessible compte tenu de leur faible capacité à se déplacer. Si elles en ont le choix, elles s’attaquent aux cultures les plus appétentes (colza, tournesol, céréales, maïs, pomme de terre et cultures fourragères). Pour empêcher les limaces de causer davantage de dégâts, il faut perturber son milieu de vie (retirer la nourriture, assécher et émietter le biotope pour le rendre défavorable), entraver leur déplacement, limiter leur activité et la reproduction et les éliminer par le passage de travail mécanique. C’est ce qu’illustrent un certain nombre d’expérimentations ou d’observations.
• Le déchaumage est un bon moyen de lutte car il perturbe le milieu de vie des limaces. Cela se traduit par une structure affinée, des repousses détruites, une humidité de surface réduite, des blessures infligées aux limaces, une proportion non négligeable d’œufs mis en surface et sensibles à la sécheresse. S’il y a un seul déchaumage de prévu, il faut le faire le plus tôt possible dès la moisson. Le plus efficace reste la multiplication des déchaumages. Les expérimentations conduites en 1993 et 1994 par l’ACTA et ARVALIS à Courseulles en limon (14) et Nangeville en limon argileux (45) et en 2001 par le lycée agricole de Bar-le-Duc (55), en collaboration avec ARVALIS illustrent bien l’impact du déchaumage sur la population de limaces.
Figure 1 : Impact du travail du sol sur les limaces grises – Lycée agricole de Bar-le-Duc (55) - 2001
• Le labour a des effets variables selon la date de labour et selon la structure obtenue. Il peut perturber temporairement les limaces par enfouissement et diffère l’attaque. L’essai de Saint Aubin (39) en 1996 en est un exemple : le labour a freiné le nombre de limaces en surface par enfouissement, ce qui suffit pour retarder leur action. Les limaces sont de nouveau piégées 3 semaines après, stade où le blé est à 2 feuilles avec des dégâts de limaces plus faibles. Reste que la remontée des limaces est très variable selon la structure du sol et le climat, elle peut s’étaler de 10 à 45 jours plus tard.
En pratique, le labour peut favoriser les limaces en sol argileux ou argilo-calcaire en leur offrant des refuges accessibles (en cas de labour motteux réalisé d’avance). Il peut défavoriser les limaces en limon (labour émietté réalisé juste avant le semis) : il émiette bien le sol et perturbe les limaces jusqu’à la levée de la culture. Il faut bien prendre en compte l’effet de la technique d’implantation sur la structure du sol obtenue.
• Le roulage retarde aussi les attaques. Entre le semis et la levée, lorsqu’il est possible, le roulage a une bonne action temporaire particulièrement sur les sols motteux et creux car il joue sur la porosité et la structure du sol par tassement. Les limaces sont incapables de creuser le sol et ne se déplacent que grâce aux interstices. Leur déplacement est donc rendu plus difficile et cela limite temporairement les attaques après le semis.
L’appétence des cultures :
Des essais menés au laboratoire et au champ par ARVALIS ont mis en évidence des différences de consommation et ont permis de classer les espèces végétales selon leur appétence vis-à-vis des limaces. Colza et seigle se sont révélés très appétents. A l’inverse, des plantes comme la moutarde, le radis, la vesce sont peu appétents (faible consommation). Ce classement donne une tendance : un couvert appétent ne va pas forcement faire augmenter les populations de limaces.
• Des modifications de conditions de milieu peuvent avoir des conséquences parfois inattendues sur des attaques de limaces. Plusieurs cas révèlent que des résidus végétaux en surface couplés à un faible nombre de préparation du sol (semis direct sous couvert) ont entrainé une augmentation des attaques de limaces au printemps suivant. En situation à risque (population importante de limaces, culture très sensible…), il faut détruire suffisamment tôt le couvert et travailler superficiellement le sol au printemps.
• C’est pendant l’interculture que tout doit être mis en œuvre pour combattre les limaces. Le déchaumage est évidemment un bon moyen de lutte. S’il y a un seul déchaumage de prévu, il faut le faire le plus tôt possible dès la moisson. Le labour par son action d’enfouissement peut les perturber en retardant leur activité notamment s’il est possible de réaliser juste avant le semis un labour bien émietté. Le roulage a aussi une bonne action temporaire sur sol motteux et creux afin de limiter les risques si les conditions sont trop favorables aux attaques de limaces.
• Le choix des cultures de la rotation est évidemment déterminant (notion de plante plus ou moins appétente).
• Il faut concilier au mieux l’obligation de couverture hivernale des sols et la lutte contre les limaces. En maintenant humidité et ressource alimentaire, la couverture végétale favorise les populations de limaces et empêche la destruction mécanique des œufs et des jeunes limaces. En situation à risque, des couverts moins appétents sont à rechercher. Il est conseillé de ne pas les détruire trop tardivement non plus.
Sources documentaires
- Chabert A. « Les limaces des cultures. Eléments de gestion des risques » - Editions ACTA 2006.
- Taupin Pierre « S’organiser contre les limaces » - Perspectives Agricoles N°315 - septembre 2005.
- Editions ITCF Choisir 2 2002 – Bretagne/Pays de La Loire « Interaction culture intermédiaire/travail du sol pendant l’interculture sur la population de limaces » et « Résultats limaces et interculture en laboratoire ».
- Taupin Pierre « Une lutte sans répit s’engage » et « Limaces : qu’est-ce qu’elles aiment ? » - Perspectives Agricoles N°283 - octobre 2002.
- Taupin Pierre « Le niveau de vie de la limace s’améliore ! » - Perspectives Agricoles N°251 - novembre 1999.
- Brochure ARVALIS « Diagnostic des accidents du blé tendre ».
- Brochure ARVALIS « Diagnostic des accidents du blé dur ».
- Brochure ARVALIS « Cultures intermédiaires : impacts et conduite ».
- Diagno-LIS®
- Ravageurs des céréales à paille : quels sont les règles de décision concernant le risque limaces ?
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