Suivre - Comment observer les pucerons sur les plantes pour évaluer le risque au jour le jour ?
Face à la combinaison des facteurs intervenant dans la nuisibilité de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), l’analyse du risque s’appuie essentiellement sur la surveillance des populations de pucerons dans les parcelles de céréales.
Les pucerons ne sont pas responsables de dégâts directs mais ils sont nuisibles par le biais des virus de la JNO qu’ils transmettent aux plantes. A défaut de solution efficace contre les virus sur céréales à paille, hormis sur les variétés d’orge tolérantes à la JNO, la lutte cible les pucerons.
Les plantes sont très sensibles à l’infection virale depuis les tous premiers stades jusqu’à début montaison (Z30-Z31). En pratique, la surveillance doit donc être conduite sur toute cette période jusqu’à ce que d’éventuelles séquences de froid suffisamment intenses arrivent et conduisent à la disparition des pucerons.
Les symptômes de viroses sont visibles à partir de la sortie d’hiver sur orge d’hiver, et au printemps sur blé tendre. Mais lorsqu’ils apparaissent, il est trop tard car il n’existe aucune solution de lutte curative.
Une nuisibilité aux multiples facettes
La nuisibilité de la JNO varie selon plusieurs paramètres :
- liés aux pucerons vecteurs de virus dans la parcelle : pouvoir virulifère et capacité à infecter les plantes, abondance et temps de présence dans la parcelle,
- liés aux caractéristiques des virus : plusieurs espèces de virus (BYDV-PAV, BYDV-MAV, CYDV-RPV…) peuvent coexister dans la plante, avec des variants plus ou moins agressifs,
- liés aux plantes : sensibilité de la culture selon son stade de développement, l’espèce (voire la variété pour les orges d’hiver),
- liés aux conditions climatiques plus ou moins propices à la multiplication du ou des virus (hiver doux) puis plus ou moins favorables à l’expression de symptômes (stress au printemps).
A ce jour, l’analyse de risque repose uniquement sur les observations de pucerons réalisées directement sur les plantes dans les parcelles. Les moyens de caractériser correctement le pouvoir virulifère des pucerons, le risque selon l’espèce de puceron ou la prévision des risques basée sur des conditions agrométéorologiques n’ont malheureusement pas encore démontré leur efficacité.
L’observation des pucerons au champ : un passage obligé pour évaluer le risque
Sur jeunes plantes, les pucerons sont facilement visibles sur les feuilles à condition de respecter quelques règles pour les observer :
- privilégier les conditions ensoleillées, sinon a minima les heures les plus chaudes de la journée (fin de matinée / début d’après-midi),
- observer les zones de la parcelle les plus à risque (proches des haies ou de réservoirs potentiels tels que des bandes enherbées, jachères, maïs…),
- rechercher la présence de pucerons sur des séries de 10 plantes (plusieurs lignes de semis).
Tôt le matin ou en conditions froides et pluvieuses, les pucerons sont beaucoup plus difficiles à voir car ils sont souvent positionnés à l’insertion des feuilles ou au pied des plantules. Dans des conditions de visite non favorables, l’absence d’observation de pucerons ne signifie pas qu’il n’y en a pas ! Il faudra revenir sur les parcelles à des créneaux plus propices à l’observation. Attention également en fin d’automne sur des plantes tallées : l’observation demande une attention particulière compte tenu du développement des plantes et des conditions climatiques généralement peu favorables. Il s’agit alors de bien inspecter le bas des plantes, notamment d’écarter les feuilles, pour dépister au mieux les pucerons.
Les pucerons sont parfois difficiles à détecter dans les parcelles, rechercher au bas des plantes et tenir compte des conditions météo lors de l’observation pour ajuster le risque.
A ce jour, il est recommandé d’intervenir dès lors que les observations ont révélé que 10 % des plantes sont porteuses de pucerons ou quand la présence de puceron(s) est observée dans la parcelle pendant plus de 10 jours.
Ces recommandations ont été établies sur les premiers stades de la culture, depuis la levée jusqu’à début tallage, stades au cours desquels l’observation de pucerons est aisée. Mais la présence de pucerons reste potentiellement nuisible pendant toute la phase de tallage, stade à partir duquel les observations deviennent plus compliquées. La surveillance ne s’arrête donc pas à la mi-novembre !
Figure 1 : Principales espèces de pucerons vecteurs de viroses sur céréales à paille
Des températures douces durant l’automne peuvent alerter
Les indicateurs climatiques comme les températures peuvent aussi interpeler sur le niveau de risque. Des températures supérieures à 12°C à l’automne sont favorables aux vols des pucerons. Si les précipitations peuvent limiter les nouvelles arrivées d’ailés dans la parcelle, elles affectent peu la prolifération et la dissémination des pucerons aptères dans les parcelles dès lors que les températures restent douces.
L’absence de gels significatifs (plusieurs jours consécutifs avec des températures négatives) doit inciter à poursuivre les observations durant l’hiver. Attention également aux gelées matinales : si le sol est humide, elles n’entraîneront qu’une faible mortalité de pucerons.
Le piégeage : une indication sur le vol des pucerons mais pas sur le risque !
Les pièges jaunes peuvent donner une idée des vols de pucerons, toutes espèces confondues, sans spécificité pour les espèces à risque pour les céréales. Mais ils ne donnent aucune indication concernant la fréquence de plantes habitées dans la parcelle, qui reste le seul indicateur pertinent pour l’analyse de risque. L’absence de captures sur le piège, à un instant t, ne permet pas de prédire l’absence de risque sur la parcelle.
A noter que, vis-à-vis des cicadelles vectrices de la maladie des pieds chétifs, le piégeage est, dans ce cas, un indicateur de risque précieux.
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