Désherbage des graminées : des interventions à prévoir dès l’automne
Positionnées tôt, les stratégies comprenant au moins une application d’automne offrent de bonnes efficacités et surtout limitent le développement des populations de graminées résistantes. Retour sur les derniers essais d'ARVALIS - Institut du végétal.
Les programmes classiques (automne puis sortie d’hiver) restent une valeur sûre, à la fois par la levée précoce de la concurrence des mauvaises herbes, synonyme de gains de rendement, et par leur niveau d’efficacité finale, notamment en présence de relevées d’adventices pour lesquelles la persistance des produits racinaires n’est pas suffisante. Cependant, quand il n’existe plus de solution efficace en sortie d’hiver, du fait de résistances, les solutions « tout-automne » sont les meilleures.
Contre le ray-grass, la prélevée est idéale
Baser le programme de lutte contre le ray-grass sur une application de sortie d’hiver seule est très risqué. Les résultats de ce type sont décevants en raison de la montée des résistances aux inhibiteurs de l’ALS (Abak, Atlantis WG, Archipel…) et aux inhibiteurs de l’ACCase (Axial Pratic, Traxos Pratic).
Les leviers agronomiques assortis d’applications de produits racinaires dès l’automne restent la réponse la plus efficace. Les produits utilisables permettent d’alterner les modes d’action et ne sont pas encore touchés par des problèmes de résistance.
Quoiqu’encore cantonnées aux régions d’élevage et à certains bassins céréaliers, les applications de prélevée constituent pourtant une solution idéale : intervention à un stade très sensible des adventices, possibilité de réajuster très tôt en passant à nouveau à l'automne. De plus, lors de campagnes pluvieuses à l’automne comme ces deux dernières années, ce positionnement reste envisageable : quand il est possible de semer, il est aussi possible de traiter. Les passages en postlevée des céréales, même précoces, ne sont quant à eux jamais garantis.
Les traitements de prélevée sont aussi plus performants que ceux réalisés en postlevée précoce au stade 1 à 2 feuilles de la céréale. Sur le ray-grass, les essais de 2014 ont montré de bons résultats avec 74 % d’efficacité en moyenne (figure 1).
Chercher 100 % d’efficacité sur vulpins
Sur vulpins, les passages précoces, sur des adventices peu développées ou en cours de germination, sont bien valorisés. Dans les applications intéressantes, se retrouvent une « triplette » à base de Trooper, d’urée et de DFF solo (Mamut + Trooper + Matara) ainsi que l’association Roxy EC 800 + Toiseau (3 l + 0,3 l) qui se comporte aussi bien sur le ray-grass que sur les vulpins. Cependant les associations de trois produits coûtent cher sans égaler les programmes « tout-automne ». Celles à base de Fosburi se placent parmi les meilleures lors des applications de postlevée précoce.
Des niveaux d’efficacité importants dès l’automne permettent, quand la sortie d’hiver est encore intéressante, de viser les 100 % avec des programmes classiques, automne + sortie d’hiver. Cependant, malgré des efficacités de 97,5 % en moyenne, les 100 % ne sont atteints dans aucun des essais, ce qui laisse encore un nombre d’adventices significatifs dans les parcelles très infestées.
En sortie d’hiver, la situation est très mauvaise pour les inhibiteurs de l’ACCase : Traxos Pratic a obtenu moins de 20 % dans 3 essais sur 4 en 2014. En revanche, l’efficacité des produits inhibiteurs de l’ALS testés est moins dramatique sur les vulpins que sur le ray-grass, avec près de 90 % en moyenne. Cette situation reste toutefois très dépendante des lieux d’essais. Dans des conditions favorables aux produits racinaires, les doubles applications d’automne ont permis de dépasser les 90 %. Mamut + Trooper puis Herbaflex + Roxy EC 800 (0,18 l + 2,5 l puis 2 l + 2 l) dépassent même 95 % dans 5 essais sur 6. Ces stratégies sont à privilégier, associées à des leviers agronomiques, lors d’absence de solution efficace en sortie d’hiver.
Quels que soient les produits racinaires choisis, le traitement doit s’effectuer sur une culture bien recouverte, sans grains en surface. En cas de fortes pluies (plusieurs dizaines de millimètres), ou de fortes amplitudes thermiques avec des pics négatifs importants (inférieurs à -3/-5°C), il est préférable de reporter les applications. En cas de phytotoxicité visible, le rendement n’est pas automatiquement impacté. En effet, à l’exception de pertes de pieds importantes ou de plantes « grillées », les céréales à paille sont dotées d’une forte capacité de compensation. Enfin, il est recommandé de réduire les doses en présence de sols filtrants ou battants, quelles que soit les conditions climatiques.
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