Finition des jeunes bovins : augmenter l’autonomie protéique du troupeau avec l’enrubannage d'herbe
Face à la volatilité des cours des matières premières, à la baisse du prix des broutards et aux exigences environnementales, la valorisation de l’herbe dans les rations d’engraissement apparaît économiquement intéressante.
Les prairies exploitées à un stade jeune fournissent un fourrage riche en énergie et très ingestible qui peut être introduit dans des rations d’engraissement.
En fonction de la proportion de légumineuses dans la prairie, la complémentation énergétique et azotée devra être ajustée pour équilibrer la ration autour de 100 gPDI/UF.
Plusieurs essais d’engraissement de jeunes bovins (JB) ont été menés par ARVALIS - Institut du végétal (1), la Chambre d’Agriculture de Bretagne (2), la Chambre d’Agriculture de Vendée (3) et l’INRA de Theix, pour vérifier les niveaux de performances technico-économiques de rations introduisant de l’enrubannage d’herbe par rapport à des rations témoins à base d’ensilage de maïs ou à des rations sèches à base de céréales (18 régimes testés).
35 % d’herbe dans la ration pour diminuer les concentrés…
La part de concentrés (céréales, tourteaux, aliment minéral, drêches) des rations sèches peut être réduite de plus de 25 % en apportant de l’herbe enrubannée de bonne qualité dans la ration (figure 1). Un maximum de 35 % d’herbe dans la ration semble être la limite pour une bonne ingestion d’herbe par les animaux tout en ayant une ration équilibrée.
Dans les rations « herbe + concentré », la consommation de céréales est réduite de 200 kg et celle de tourteaux de 330 kg. Dans le cas d’une ration à base de luzerne enrubannée à haute teneur en MAT (18 % sur MS ou plus), l’apport de tourteau peut être supprimé sans pénaliser les performances.
Pour les rations à base de maïs fourrage, la part d’herbe optimum est également de 35 % de la ration ingérée (figure 1), en substitution au maïs fourrage. Au-delà, la densité énergétique de la ration diminue ce qui pénaliserait fortement les performances des animaux. Dans ces rations, la quantité totale de concentrés consommés augmente de 190 kg/JB pour le blé et baisse de 50 kg/JB pour les tourteaux (soit - 15 %).
La quantité de maïs fourrage consommé redescend à seulement 440 kg MS/JB contre 1300 kg MS/JB en régime témoin sans herbe.
…et maintenir des performances zootechniques élevées
Dans une ration sèche, l’introduction d’herbe enrubannée distribuée à volonté à des jeunes bovins n’augmente pas la durée d’engraissement et apporte des gains de poids vif identiques aux témoins « blé + paille », compris entre 1480 et 1620 g/j (JB charolais et limousins, l’effet race ne modifie que les performances de croissance de base).
En revanche, l’introduction d’enrubannage de prairie multi-espèces ou de prairie permanente à hauteur de 35 % dans une ration à base de maïs fourrage allonge la durée d’engraissement de 21 jours tout en conservant des performances de croissance à 1420 g/j.
6 % de baisse sur le coût alimentaire des rations sèches
L’évolution du coût alimentaire par animal produit de chaque régime a été étudiée pour cinq conjonctures de prix entre 2010-2011 et 2014-2015. Les prix des fourrages enrubannés ont été fixés en fonction du coût de production et de la variabilité annuelle du rendement des prairies, soit en moyenne 134 €/tMS pour les graminées et 152 €/tMS pour la luzerne (figure 2).
Figure 2 : Evolution du coût alimentaire des rations à base de concentré ou de maïs fourrage, avec ou sans introduction d'herbe
En ration sèche, quelles que soient les conjonctures de prix, les rations « herbe + concentré » réduisent le coût alimentaire de 30 €/JB en moyenne. Cette réduction est d’autant plus importante que le prix du correcteur azoté est élevé mais elle est peu reliée au prix du blé.
Dans les rations à base de maïs fourrage, le coût alimentaire est supérieur de 34 €/JB en moyenne avec l'ajout d’herbe. Pour ces régimes, la réduction du coût alimentaire des rations avec une part significative d’herbe, au mieux de 29 € pour les cinq conjonctures étudiées, est obtenue lorsque le prix des céréales est supérieur à 220 €/t.
Dans les systèmes herbagers, la finition des bovins avec des rations à base d’herbe enrubannée autorise une nette réduction de la part des concentrés azotés achetés et diminue la fluctuation interannuelle du coût alimentaire. Dans le cas de rations sèches, cela économise également une part de céréales. L’introduction d’herbe dans la ration d’engraissement à base de maïs fourrage impacte la durée d’engraissement et donc le coût alimentaire : les gains économiques ne seront obtenus que dans certains contextes, en fonction des caractéristiques du système d’exploitation. Pour analyser l’intérêt économique de la finition des bovins avec des rations à base d’herbe, consultez le logiciel simulBox. Au-delà de ces aspects économiques, il faut également tenir compte des impacts sur l’assolement et sur le temps de travail.
(1) Stations expérimentales de La Jaillière (44), Saint Hilaire en Woëvre (55) et des Bordes (36), en partenariat avec la chambre régionale d’Agriculture des Pays de la Loire et l’OIER des Bordes.
(2) Station expérimentale de Mauron (56) en partenariat avec l’Institut de l’élevage. Guillaume A. Le Pichon D., Bastien D., 2014. Luzerne enrubannée en complément du blé pour l’engraissement des jeunes bovins, Renc. Rech. Rum.21, p116.
(3) Ferme expérimentale des Etablières (85) en partenariat avec l’Institut de l’élevage. Guillaume A. Le Pichon D., Bastien D., 2014. Luzerne enrubannée en complément du blé pour l’engraissement des jeunes bovins, Renc. Rech. Rum.21, p116.
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