Ce mois-ci dans Perspectives Agricoles : la modulation intraparcellaire est-elle adaptée à toutes les situations ?
Différencier les pratiques culturales au sein d’une même parcelle afin de s’adapter au potentiel de la culture peut faire espérer des gains d’efficacité, souligne Caroline Desbourdes, spécialiste en agriculture de précision chez ARVALIS. La modulation intraparcellaire selon la nutrition azotée des plantes a fait ses preuves, mais les méthodes de caractérisation indirectes du sol pour la modulation ne sont pas encore fiables à ce jour.
Perspectives Agricoles : Comment mettre en œuvre la modulation intraparcellaire ?
Caroline Desbourdes : Cette technique est adaptée à des parcelles présentant une hétérogénéité importante et structurée afin de définir des zones d’intervention de dimension suffisante. La largeur minimale sur laquelle il est possible de moduler correspond le plus souvent à celle couverte par un épandeur ou un pulvérisateur. Certains épandeurs sont néanmoins capables d’effectuer des apports différenciés d’un côté ou de l’autre de la trémie.
La méthode à utiliser pour caractériser la variabilité intraparcellaire est à choisir en fonction du facteur qui limite l’intrant modulé. Il convient ainsi de se baser sur l’état nutritif de la végétation pour les apports azotés sur colza et les apports tardifs sur le blé. On s’appuyera plutôt sur la nature du sol pour les engrais de fond, le deuxième apport d’azote sur le blé et la densité de semis.
P.A. : Comment caractériser le sol pour proposer une modulation intraparcellaire sur ce critère ?
C.D. : Une des techniques, appelée « grid sampling » ou prélèvement systématique, consiste à échantillonner le sol de la parcelle selon une grille fixe. Une étude d’ARVALIS a montré qu’au moins cinq prélèvements par hectare sont nécessaires pour caractériser la variabilité des éléments chimiques ou physiques du sol. Cette méthode est fiable mais coûte relativement cher. D’autres méthodes, dites indirectes, ont été développées. L’une d’entre elles repose sur les propriétés de résistivité ou de conductivité du sol lorsqu’il est soumis à un courant électrique. Les zones de comportement homogène établies grâce à cette méthode présentent des corrélations avec la variabilité de la profondeur sur la moitié des parcelles testées. En revanche, aucun lien n’a été établi entre ces zones et la répartition des éléments chimiques, tels que le phosphore ou le potassium, dans les parcelles. Cette répartition dépend entre autres de l’historique des pratiques culturales.
Certains peuvent être tentés de s’appuyer sur les cartes de rendements disponibles sur les exploitations. Mais elles établissent un constat annuel issu d’une grande variété de paramètres rendant difficile, voire impossible, toute modulation des interventions à partir de ces cartes.
P.A. : Les mesures infrarouges peuvent-elles être une alternative ?
C.D. : Réaliser des analyses de terre au champ grâce à un capteur infrarouge portable présente de multiples avantages. La mesure est simple, réalisable en moins d’une minute et ne nécessite pas l’envoi d’un échantillon à un laboratoire. Les analyses sont donc multipliables avec, à la clé, une substantielle réduction de coût. Le « grid sampling » deviendrait alors abordable. ARVALIS conduit actuellement des travaux pour calibrer l’appareil afin de relier le signal optique avec les propriétés physico-chimiques du sol. Les premiers résultats sont encourageants. L’objectif est de caractériser un maximum d’éléments du sol tels que le pH, la composition physique et la quantification des éléments nutritifs. Les applications de cette technique concernent la fumure de fond, l’identification des zones où placer les capteurs pour le pilotage de l’irrigation, voire la densité de semis si un lien peut être établi entre ce paramètre et la nature du sol.
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