Rinçage du pulvérisateur : les consignes à respecter pour une gestion au champ ou à la ferme
Le rinçage de la cuve du pulvérisateur suit une procédure stricte. Cette opération indispensable après chaque fin de traitement peut être réalisée au champ ou à la ferme. Au champ, le taux de dilution de la bouillie et les modalités de vidange sur la parcelle sont réglementés. C'est la méthode la plus simple et la moins coûteuse.
Outre les exigences réglementaires, l’objectif d’un bon rinçage est d’éviter les risques de phytotoxicité des cultures suivantes et d’entretenir convenablement le matériel. Les produits et cultures à risques sont bien connus (sulfonylurées sur betteraves et colza, glyphosate sur toutes cultures...). Les résultats historiques issus de situations à risque indiquent qu’une dilution au moins par 100 de la dose des matières actives présentes dans le pulvérisateur n’affecte pas la culture suivante. Pour parvenir à cet objectif de dilution et sécuriser les applications qui suivent le rinçage, certaines opérations ne doivent pas être oubliées.
Comment bien rincer son pulvérisateur au champ ?
- Terminez le chantier en pulvérisant jusqu’au désamorçage de la pompe.
- Diluer le fond de cuve à l’eau claire avec au moins 5 fois le volume de fond de cuve restant via les buses de rinçage ou équivalent. La pression doit être suffisante pour nettoyer efficacement les parois internes.
- Sans pulvériser, faire circuler ce mélange dans l’ensemble des circuits (retours en cuve, retours de pompe, circuit de brassage, …) en suivant scrupuleusement le mode opératoire du constructeur. Attention, le mode « brassage » doit être d’une dizaine de minutes minimum pour être efficace.
- Pulvériser la dilution sur la parcelle jusqu’au désamorçage de la pompe.
- Renouveler ces opérations avec une quantité d’eau et/ou un nombre de séquences de rinçage suffisant pour diviser la concentration de la bouillie d’un facteur 100
- Nettoyer les filtres.
- Vidanger l’ultime fond de cuve au champ à distance des zone sensibles (50 mètres des points d’eau, 100 m des lieux de baignade ou zones conchylicoles) une seule fois par an au même endroit ou le réutiliser dans la bouillie suivante.
Le bac incorporateur : ennemi n°1 du rinçage
L’incorporateur est un outil indispensable pour remplir correctement le pulvérisateur tout en limitant les contaminations de l’opérateur. Mais la tuyauterie est souvent d’un gros diamètre. Elle contient donc un volume de bouillie très concentré qui peut contaminer une cuve entière. L’idéal est d’incorporer à l’eau claire, ce qui permet un rinçage du circuit juste après l’incorporation avant d’aller pulvériser. La plupart des constructeurs le permettent. Si ce n’est pas le cas, l’alternative est de rincer ce bac au jet d’eau pendant l’incorporation ou de ne pas oublier d’envoyer l’eau claire dans ce circuit pendant la phase de rinçage au champ. Attention aussi aux produits solides. Ils doivent obligatoirement être incorporés avec un incorporateur sec, au risque d’engendrer la formation de grumeaux, ces mêmes grumeaux pouvant ensuite se loger dans les coudes de tuyaux et être relargués dans la prochaine bouillie.
Penser aux circuits parallèles et aux filtres
Ces circuits annexes (agitation, retours de pompes…) sont plus nombreux que l’on pense. Le circuit d’agitation de la bouillie, par exemple, est coupé ou réduit en fin de cuve pour éviter la formation de mousse ou un désamorçage intempestif de la pompe. Il faut absolument penser à le remettre en circulation lors de l’opération de rinçage, sous peine de contaminer l’ensemble de la bouillie suivante. Les filtres constituent le piège par excellence. Les produits s’y accumulent et peuvent, sous l’action d’un produit phytosanitaire décapant, relarguer les matières actives dans les circuits. Une solution simple et efficace : le nettoyage quotidien des filtres, qui par ailleurs prémunit d’un bouchage des buses.
Les rampes : attention aux circulations continues
Les rinçages insuffisants de rampes à circulation classique sont à l’origine des fameux « V » de phytotoxicités en début de parcelle. La circulation continue permet un rinçage et un amorçage de la rampe sans pulvériser, ce qui est un vrai avantage. Mais mal utilisée, cette option peut là encore devenir un piège en plus d’augmenter significativement le volume diluable du pulvérisateur. Le volume de bouillie contenu dans les retours de rampe constitue un contaminant potentiel de la cuve. Un des moyens d’éviter cela est de rincer sa rampe à l’eau claire et de fermer les retours de rampes avant les séquences de rinçage de la cuve. Les retours sont donc chargés d’eau claire et ne pollueront pas la cuve au prochain traitement.
Nettoyer les parois
Le dépôt de bouillie sur les parois est souvent le premier argument mis en avant quand on constate une phytotoxicité sur une parcelle. Les buses de lavage sont là pour éviter cela à deux conditions : qu’elles soient opérationnelles dans le pulvérisateur et que le temps d’utilisation soit suffisant pour qu’elles fassent leur effet. L’utilisation d’un détergeant pour nettoyer le pulvérisateur est tentant, d’autant plus que certains sont sensés « dénaturer les molécules ». Si cet argument n’a jamais été vérifié sur le plan scientifique, il convient d’être vigilant quant à leur utilisation. En effet, un décapage intensif d’un pulvérisateur usagé entraînera souvent un bouchage des filtres et des buses difficile à gérer. D’autre part, peu de produits détergeants sont autorisés sur les parcelles cultivées. En cas d’utilisation de ces détergeants, il conviendra de procéder au traitement des effluents phytosanitaires avec un procédé adapté.
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