Articles et actus techniques
Auvergne / Centre-Val de Loire / Île-de-France

Taches sur blé tendre : est-ce une réaction physio ou des symptômes de maladies ?

Depuis la semaine dernière, certaines parcelles de blé tendre expriment des symptômes divers et variés, particulièrement sur la moitié terminale des feuilles F2 actuelles. Toutes les variétés ne sont pas affectées, les plus touchées étant Chevignon, Thermidor, Prestance, sans en faire toutefois une généralité. Plusieurs causes sont possibles, mais la principale découle des fortes amplitudes thermiques de ces derniers jours (> 15°C) dans la majorité des situations.

Taches physio sur blé tendre en 2025 en région Centre

Des faciès assez divers rappelant l’helminthosporiose

Les taches principalement signalées sont des taches nécrotiques brun clair, qui présentent un halo chlorotique marqué avec parfois un « point noir central » : des symptômes qui ne sont pas sans rappeler les symptômes d’helminthosporiose du blé. En cas de marquage important, les halos chlorotiques se rejoignent et les nécroses forment un réseau de taches imbriquées. Moins fréquemment mais également signalées : des ponctuations noires en bout de feuilles ou des taches aux nécroses et/ou halos verdâtres (photos).

Différents faciès de taches physiologiques observées ces derniers jours en plaine
Différents faciès de taches physiologiques observées ces derniers jours en plaine

Point commun à toutes ces taches, aucune fructification n’est observable, y compris après 24-48 h en chambre humide (photo). D’autre part, la météo des 10-15 derniers jours se résume à de belles journées et des nuits claires, c’est à dire pour les plantes, de forts rayonnements et des amplitudes thermiques supérieures à 15°C. Ces conditions climatiques peuvent être à l’origine d’un dysfonctionnement ponctuel de la photosynthèse, engendrant une accumulation de composés oxydatifs jusqu'à la mort de cellules.

Des « brûlures climatiques » apparaissent donc quelques jours après la survenue du stress. L’application d’un régulateur ou d’une triazole, ou la préexistante d’un stress hydrique, amplifie le phénomène. Des marquages physiologiques d’ampleur similaire ont déjà pu être observés sur plusieurs essais variétés et n’ont révélé aucun impact sur le rendement.

Feuilles à la sortie du test bouteille – chambre humide
Feuilles à la sortie du test bouteille – chambre humide

Les marquages observés en plaine ne sont donc pas d’origine parasitaire et ne nécessitent donc aucun traitement fongicide. Sur variétés sensibles à la septoriose ou à la rouille jaune, il conviendra de maintenir une observation fine des parcelles pour déclencher d’éventuelle T1 selon les règles habituelles.

Comment faire soi-même la distinction entre taches physiologiques et maladies ?

La confusion avec de la septoriose ou de l’helminthosporiose est facile. Plusieurs indices peuvent vous aider :

  • La distribution des symptômes : les maladies progressent généralement du bas vers le haut alors que la distribution des symptômes physiologiques ne répond pas à cette logique et se concentre sur un, voire deux étages foliaires dans les situations les plus marquées.
  • Le contexte de la parcelle : l’helminthosporiose du blé est une maladie rare dans notre région, plutôt rencontrée dans le nord-est de la France. Les blés sur blé sans labour sont principalement concernés. L’implantation d’une variété sensible est également un facteur de risque. En cas de présence généralisée au sein d’un territoire, cela apporte un argument supplémentaire pour orienter le diagnostic vers la cause physiologique.
  • Un test en chambre humide ou bouteille (figure 1) : en cas de taches physiologiques, les symptômes n’évolueront pas. En cas de maladie, des fructifications de champignons apparaîtront et seront visibles avec une loupe de poche : pycnide pour de la septoriose, conidiophores et conidies pour l’helminthosporiose (photos). Attention, le développement de champignons saprophytes peut prêter à confusion. Bien regarder la forme et la couleur et ne pas laisser l’échantillon plus de 48 h dans la chambre humide.

 

Figure 1 : Test de la chambre humide ou bouteille
Figure 1 : Test de la chambre humide ou bouteille
Helminthosporiose : conidies = poils noirs visibles à la loupe binoculaire
Helminthosporiose : conidies = poils noirs visibles à la loupe binoculaire
Septoriose à la loupe après chambre humide de 24 h -> les points noirs correspondent aux pycnides desquels sortent des cirrhes blancs
Septoriose à la loupe après chambre humide de 24 h -> les points noirs correspondent aux pycnides desquels sortent des cirrhes blancs

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.