Symptômes de rouille brune sur blé début février : il n'y a pas encore lieu de s'inquiéter
Les premières pustules de rouille brune sur blé et de rouille naine sur orge ont été observées très tôt cette année, dès la fin janvier, en Poitou-Charentes et en Ile-de-France sur variétés sensibles. Ce scénario rappelle celui de l’automne/hiver 2006-2007 où les premières pustules de rouille brune avaient été observées encore plus tôt, dès la fin novembre, y compris dans la moitié nord de la France. Pour le moment, il n’y a pas lieu de s’inquiéter car il est bien trop tôt pour traiter !
Comme pour beaucoup de maladies, les conditions de températures sont déterminantes sur le développement des rouilles. Pour la rouille brune, la période hivernale est en quelque sorte une période d’amplification du risque d’épidémie au printemps : pendant l’hiver, l’inoculum se reconstitue après une période estivale qui décime généralement les populations. Pour survivre pendant l’été, le champignon doit trouver refuge sur les repousses de blé avant de contaminer à nouveau les semis d’automne.
Pendant l’automne et l’hiver 2006-2007, les sommes de températures entre le 1er novembre et le 31 mars ont été bien au-delà de la normale, et même parfois supérieures à celles observées dans le sud de la France. Ces conditions ont donc été très favorables au développement de la maladie, qui a accompli de nombreux cycles et s’est multipliée de façon exceptionnelle.
Pour la campagne en cours, les sommes de températures sont, pour le moment, similaires au scénario 2006-2007. On observe des écarts quotidiens de température moyenne par rapport à la référence 2002-2021 sur la période du 10/10/22 au 15/11/22 puis du 20/12/22 au 15/01/23 (figure 1). En outre, le cumul de températures entre le 1er octobre 2022 et le 9 février 2023 est excédentaire dans toutes les régions (figure 2).
Figure 1 : Ecarts quotidiens de température moyenne entre 2022-2023 et la période de référence 2002-2021 (synthèse de 295 stations météorologiques)
Figure 2 : Cumul de température (°C, base 0°C) du 1er octobre 2022 au 9 février 2023 - Ecart à la moyenne 20 ans
Ce « réchauffement climatique » conduit à un risque potentiel de développement avant épiaison plus fréquent, et donc nettement plus préjudiciable. Mais les variétés de 2023 ne sont plus aussi sensibles que celles de 2007.
Pour le moment, il n’y a pas lieu de s’inquiéter car il est bien trop tôt pour traiter !
Les conditions de mars et avril seront déterminantes
En revanche, le début du printemps sera déterminant, c’est-à-dire le climat de mars et avril. En 2007, le mois d’avril - particulièrement chaud - avait prolongé la tendance, malgré l’absence de pluie. Les spores de rouille brune ont besoin d’eau libre pour germer, mais dans le cas de 2007, la rosée du matin a pu suffire…
Pour cette année, il y a lieu de rester vigilant à partir du stade 2 nœuds sur blé et du stade 1 nœud sur orge sensible à la rouille naine comme Kws Faro.
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