Stade épi 1 cm à l’approche en blé : se préparer à apporter de l’azote

La trajectoire actuelle oriente vers un stade épi 1 cm nettement anticipé par rapport aux normales sur vingt ans. L’avance tend à se prononcer d’autant plus que les températures s’annoncent douces.

Les dernières prévisions tablent sur un stade épi 1 cm moyen proche du 21 mars sur l’ensemble de la région, certes avec un peu de variabilité, compte tenu, surtout des dates de semis.

Tableau 1 : Prévisions des dates du stade épi 1 cm du blé

Mais l’information la plus importante est que les semis d’octobre vont probablement être nombreux à atteindre le stade épi 1 cm la semaine prochaine, entre le 9 et le 15 mars. Il faut donc adapter le programme de fertilisation azotée à ces dates.

L’autre conséquence de cette douceur hivernale : malgré un lessivage très important lié aux quantités de pluies records, la minéralisation est elle aussi, record, et amène à un premier horizon chargé en azote, nitrique et ammoniacal... Certes, la partie ammoniacale n’est pas totalement utilisable, mais dans l’ensemble, les céréales et en particulier le blé, ont accès à de l’azote « frais et particulièrement disponible ».

C’est ce que l’on constate dans le réseau de parcelles CHN, suivies chez les agriculteurs des Hauts-de-France cette année (plus d’une cinquantaine à ce jour).

Le constat est très souvent le même et donc peut servir à tout le monde sur la région.

Pour les semis d’octobre

Les besoins en azote sont assez faibles jusqu’ici, malgré les reliquats de 10 à 15 unités plus bas qu’en 2023.

• Soit un premier apport a déjà été réalisé, et dans ce cas, un apport à épi 1 cm se prépare : faire bien attention à ce stade, et anticiper à la semaine prochaine si un apport est prévu vers les 20-25 mars comme d’habitude.
• En l’absence d’apport : RIEN de grave ! Le développement actuel des céréales, et le reliquat, surtout chargé dans le premier horizon, vont permettre de se projeter directement à l’apport épi 1 cm, soit la semaine prochaine !
  • Et dans cette situation, viser entre 80 et 100 u : mettre plus ne sert à rien, il vaut mieux reporter l’excédent à au moins 15 jours, vers 1 à 2 nœuds.
  • A épi 1 cm, la plante peut capter 3 à 3,5 kg d’azote par jour et par hectare.
  • L’efficacité des apports à ce stade augmente par rapport au tallage pour atteindre 70 à 100 % selon les formes d’engrais et les conditions météo.

Pour les semis de novembre/décembre

La situation est différente : l’enracinement n’est pas le même, la valorisation d’azote non plus et le stade épi 1 cm sera plus tardif (visez début avril).

• Avec ou sans reliquat, il vaut mieux envisager un premier apport de 40 u, soit déjà fait, soit à faire cette semaine ou la semaine prochaine et réintervenir début avril pour le stade épi 1 cm.

Le réseau CHN 2024

Le réseau CHN regroupe une série de parcelles dans des conditions très diversifiées, allant de semis précoces (de septembre) à fin décembre, dans des types de sols et des précédents très différents. Les reliquats pour l’instant reçus confirment les tendances globales : 10-15 u de moins et plus d’azote dans le premier horizon. Les systèmes de culture peuvent être aussi très différents.

Par exemple, on constate qu’en ACS, une majorité de parcelles se retrouve dans la même situation qu’en conventionnel énoncée plus haut : à savoir des besoins faibles jusqu’ici, et des déclenchements d’azote ces jours-ci à la semaine prochaine, proche du stade épi 1 cm.

Sur la cinquantaine de parcelles suivies, un tiers aujourd’hui n’a pas eu encore de premier apport. Les autres ont reçu entre 30 et 60 u. La dose dépendait surtout de la date du second apport prévue par l’agriculteur. En clair, si l’agriculteur avait en tête de démarrer à épi 1 cm la semaine prochaine, il y avait souvent impasse possible jusqu’ici... contrairement à ce que l’on aurait pu croire en janvier.

Quant aux parcelles ayant reçu des digestats en février, elles sont, pour le coup, encore loin de déclenchements en azote minéral.

Carte 1 : Réseau de parcelles CHN 2024