Semis à l’automne d’orge de printemps : 2023 remet les pendules à l’heure !
Semer une orge de printemps à l’automne permet de régulariser et d’augmenter le potentiel de rendement, en particulier en sol séchant et/ou lors de printemps secs. Toutefois, 2023 nous a rappelé que la gestion des maladies était un critère très important dans la conduite des orges de printemps semées à l’automne (OPSA) : la pression rhynchosporiose a été telle qu’elle a affecté les rendement et surtout les calibrages. Retour sur les résultats d’essais de l’année.
Après plusieurs années à printemps secs (sans maladie), la fraîcheur et les pluies de mars à mi-mai 2023 ont favorisé la rhynchosporiose. Elle a été incontrôlable dans bien des cas. Trois traitements minimum ont été nécessaires, associés éventuellement à un traitement de semences, et n’ont pas permis de lever systématiquement toute la nuisibilité (traitements tardifs, difficultés à trouver des créneaux d’intervention).
Dans les essais 2023, l’écart traité – non traité fongicides s’est élevé en moyenne à 40 q/ha pour les OPsa, voire 50 q/ha pour les variétés les plus sensibles. Cet écart était proche de 25 q/ha pour une orge d’hiver sur le même site (figures 1 et 2).
Au-delà de la réduction du potentiel de rendement, les maladies foliaires affectent le fonctionnement de la plante et nécrosent les feuilles, ce qui impacte fortement le remplissage des grains (PMG et calibrage). Les calibrages en situations non traitées fongicides sont inférieurs de 20 à 50 points par rapport aux situations traitées (figure 3).
Il est à noter que certaines variétés comme RGT Planet ou Fandaga, qui ont un profil maladies plutôt bon en semis de printemps, font partie des plus malades en semis d’automne. En effet, les notes maladies données pour des semis de printemps ne sont pas fiables pour cette pratique ! A titre d’exemple, nous estimons que RGT Planet notée 6 en résistance rhynchosporiose en semis de printemps, est plutôt notée 3 en semis d’automne.
Figure 1 : écart traité – non traité fongicide (en q/ha) des orges de printemps semées à l’automne – 1 essai ARVALIS 2023 à Villiers Herbisse (10)
Figure 2 : écart traité – non traité fongicide (en q/ha) par rapport à la moyenne de chaque essai, des orges de printemps semées à l’automne – 3 essais 2023 (1 essai ARVALIS et 2 essais Vivescia)
Figure 3 : Calibrage (en % de grains > 2,5 mm) des orges de printemps semées à l’automne – 2 essais Vivescia 2023
Dans ce contexte, LG Flamenco performe en termes de rendement de façon très régulière et se place devant RGT Planet en semis d’automne en 2023 (figure 4).
Figure 4 : Rendement (en % des variétés présentes dans le tronc commun) des orges de printemps semées à l’automne - moyenne de 3 essais 2023
Les résultats des essais réalisés depuis 2020 permettent également de positionner les variétés entre elles, à l’échelle de plusieurs années d’observation (figure 5). Afin de comparer les résultats de variétés expérimentées sur différentes campagnes, et donc dans un contexte pédoclimatique donné, les rendements sont corrigés des effets annuels à l’aide des variétés communes entre années.
Figure 5 : rendements (en % de la moyenne des variétés évaluées sur 4 ans) Des orges de printemps semées à l’automne – moyenne des essais 2020 à 2023
Les chiffres et le point central indiquent respectivement le millésime et la moyenne ajustée pluriannuelle (ex : 23 = 2023).
Au final, pour la récolte 2023, l’intérêt d’un semis à l’automne d’orge de printemps est resté faible par rapport au semis classique : rendements peu différents (peu de stress hydrique en avril), des dépenses fongicides très élevées pour une maîtrise difficile voire insuffisante des maladies, et une qualité brassicole déclassée.
Pour aller plus loin, consultez notre article « Orges de printemps semées à l’automne : adapter l'itinéraire technique pour limiter les risques ».
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