Risque DON en blé dur : trois leviers à utiliser dès les semis
La réglementation est en cours d’évolution concernant les seuils de DON (désoxynivalénol) en production de blé dur. A l’approche des semis, voici ce que l’on peut mettre en place dès les implantations pour réduire les risques.
Fusarioses et production de DON
Outre des pertes de rendement parfois significatives, la nuisibilité des fusarioses a également un impact sur la qualité sanitaire des productions. Le blé dur est particulièrement concerné puisqu’il est plus sensible que le blé tendre au risque d’accumulation de mycotoxines.
Derrière le nom fusarioses se cache en réalité une multitude de champignons. Dans cette diversité, deux types se rencontrent fréquemment dans notre région :
- Fusarium graminearum, le principal producteur des mycotoxines DON.
- Microdochium spp., l’un des principaux responsables de la moucheture. Le risque de contaminations est fortement dépendant des précipitations : plus il pleut, plus le risque est élevé. C’est la forme de fusarioses la plus préjudiciable pour le rendement sur blé dur.
Présence de DON : des niveaux réglementés qui vont bientôt évoluer
La réglementation en vigueur fixe un seuil maximal de DON à ne pas dépasser de 1750 µg DON/kg en production de blé dur. C’est donc un critère très important d’accès au marché.
Cette réglementation est en cours de réévaluation au niveau européen afin de prendre en compte, non plus uniquement les DON, mais également leurs formes dérivées ayant une toxicité équivalente aux DON elles-mêmes. Les prochains seuils ne sont pas encore connus, mais seront à la baisse. Ils devraient être déterminés d’ici la fin 2021 pour une entrée en vigueur au 1er juillet 2022.
Quels leviers agronomiques pour diminuer le risque DON ?
Le climat est le facteur principal dans les processus de contamination par les champignons. Il joue un rôle déterminant dans la maturation de l’inoculum (pluies et températures supérieures à 10°C) et dans les conditions d’infection (pluie et vent). Pour qu’il y ait contamination, les émissions d’ascospores doivent se produire lorsque le blé est sensible, c’est-à-dire au stade floraison.
Cependant, des leviers agronomiques peuvent être mis en place afin de limiter le potentiel infectieux des parcelles. Une grille de risque (figure 1) permet d’évaluer le risque selon le précédent et le travail du sol.
Figure 1 : Grille d’évaluation du risque agronomique d’accumulation du déoxynivalenol (DON) sur blé dur
Plusieurs niveaux de risque Don sont ainsi estimés, de A (le plus faible) à F (le plus fort).
Trois leviers sont donc absolument à actionner lors de l’implantation du blé dur :
- Le précédent : les précédents maïs et sorgho augmentent le potentiel infectieux et sont à éviter. Si ces deux précédents ne peuvent pas être évités dans la rotation, alors la gestion des résidus via le travail du sol est indispensable.
- Le travail du sol : le labour permet d’enfouir les résidus, et le broyage derrière précédent à risque est recommandé pour accélérer la décomposition. Les deux techniques combinées limitent le potentiel infectieux. Les résidus de blé tendre ou de blé dur peuvent être aussi des sources de contamination en travail du sol simplifié. Pour rappel, le blé dur est plus sensible au parasitisme racinaire et se comporte donc mal en deuxième paille.
- La sensibilité variétale : il existe un gradient de sensibilité à l’accumulation de DON selon les variétés en blé dur. Cependant, même la meilleure d'entre elles reste plus sensible qu’un blé tendre.
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