Récolte en maïs grain humide : une opportunité cette année
Face au retard des récoltes et aux faibles gains de matière sèche au champ, opter pour une récolte en grain humide ensilé peut être une opportunité cette année pour des élevages qui n’en font pas habituellement.
Dans certaines régions, les chantiers de récolte du maïs se prolongent avec des ensilages encore en cours et des récoltes en grain encore peu avancées, à des taux d’humidité élevés. Avec la baisse des températures et les forts taux d’humidité de l’air, la teneur en matière sèche des grains évolue très lentement. A contrario, la qualité sanitaire risque de se détériorer à mesure que la récolte est retardée. Pour libérer plus rapidement les parcelles, préserver la qualité et esquiver des frais de séchage prohibitifs, certains élevages ont la possibilité de valoriser du maïs grain humide. Voici quelques rappels sur la récolte de ce type de maïs conservé en ensilage et son usage dans la ration.
Une valorisation qui permet de limiter les frais de séchage et d’enrichir la ration en énergie
Le maïs grain humide est très utilisé en élevage porcin, généralement sous forme inertée dans des silos tours (grain entier récolté à des humidités inférieures à 34-35 % H20), ou sous forme ensilée dans des silos couloirs (grains broyés à des humidités plus élevées 33 à 38-40 % H20).
En élevage bovin, son usage est moins répandu.
Le maïs grain humide peut être ensilé dès 37-39 % d’humidité du grain. Le critère déclenchant la récolte est d’avoir la portance suffisante pour pouvoir entrer avec la moissonneuse et les bennes dans les parcelles. Le principe est le même que l’ensilage de plante entière. Après moisson, un broyage fin du grain et un tassement efficace doivent permettre de chasser l’air pour créer un milieu anaérobique afin d’obtenir un abaissement rapide du pH, gage d’une bonne conservation.
Trois modes de stockage possibles selon la disponibilité des infrastructures et du volume de grain à ensiler
Le choix du mode de stockage dépend des infrastructures disponibles, du volume de maïs à stocker et des quantités consommées quotidiennement.
- Le silo couloir est adapté à la conservation du maïs grain humide broyé sur des volumes variables entre 50-100 et 500 tonnes ;
- Le big-bag avec une poche hermétique à l’air est également possible sur des petits volumes en dessous de 50-100 tonnes ;
- Le silo boudin, avec un coût de stockage un peu plus important, permet de stocker des volumes autour de 50-100 tonnes sur des aires non bétonnées si les silos couloirs ne sont plus disponibles.
Recommandations pour une bonne conservation
- Récolter au plus tôt pour limiter le développement des mycotoxines au champ.
- Broyer aussitôt le grain récolté pour limiter le contact du maïs à l’air, ne pas faire de pré stockage (chantier de récolte et de broyage le même jour).
- Viser une finesse de mouture suffisante pour faciliter le tassement, la conservation et la valorisation auprès des animaux. Le réglage du broyeur et du choix des grilles va dépendre notamment des caractéristiques du broyeur et de l’humidité du grain.
- En cas de stockage en silo couloir, veiller à ne pas apporter de terre dans le silo lors du tassage pour limiter les contaminations.
- Fermer le silo/big-bag ou boudin le plus rapidement possible et s’assurer de son étanchéité pour éviter toute entrée d’air.
- A l’ouverture du silo, s’assurer d’avoir un front d’attaque bien dimensionné pour éviter la reprise de fermentation : avancement du front d’attaque de 10 cm par jour l’hiver et 20 cm/jour l’été. A ce titre, le stockage en boudin est généralement plus adapté que le silo couloir au vu des quantités moyennes distribuées en bovin.
Ajuster la distribution à la ration
Avec une valeur énergétique de 1,23 UFL/kg de MS, le maïs grain conservé humide est un concentré de haute valeur nutritionnelle. Sa valeur énergétique élevée permet ainsi de densifier en énergie les rations des bovins. Ce fourrage convient donc bien à des animaux à haut niveau de production et en complément de fourrages plus encombrants et moins énergétiques (ensilage d’herbe, foin…).
Dans son usage, le maïs grain humide ensilé est une source d’énergie assez rapidement disponible. La dégradabilité de l’amidon et des protéines est intermédiaire à celle du maïs grain sec et du blé. Cela est permis grâce au processus d'ensilage avec une lyse partielle de la matrice protéique enfermant les granules d’amidon, ce qui entraîne une disponibilité plus importante et plus rapide de l’amidon au niveau ruminal.
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.