Récolte 2024 : quelle qualité pour le maïs fourrage ?
En 2024, les pluies régulières sur l’ensemble du cycle du maïs, sans excès thermique, ont favorisé la mise en place des grains, mais aussi la lignification des tissus. Les teneurs en amidon sont élevées malgré des récoltes à un stade plus précoce qu’en 2023, et la digestibilité des tiges-feuilles est assez faible. Au global, la valeur énergétique des ensilages 2024 est correcte.
Après un printemps frais et humide, dans la continuité d’un automne - hiver déjà très pluvieux, les semis de maïs ont démarré timidement sur la dernière décade d’avril et se sont étalés jusqu'en juin. S’en suit un été globalement frais, régulièrement arrosé et sans période de stress thermique. Les rendements sont bons à très bons dans les principales régions de production du maïs fourrage. Le rendement moyen national approche les 12,3 t MS/ha (estimation ARVALIS), légèrement en retrait par rapport à 2023, chiffré à 13,8 t MS/ha (donnée Agreste).
Des maïs récoltés humides
La teneur en matière sèche (MS) moyenne à la récolte, à 31 %, est particulièrement faible cette année. Plus d’un tiers (38 %) des chantiers d’ensilage ont été réalisés à moins de 30 % MS. La majorité des régions sont concernées par ces récoltes à faible teneur en MS, en particulier le nord-ouest de la France et le Massif central (carte 1).
Les conditions humides et froides de l’année ont fortement retardé les dates de récolte. Au printemps, la faible portance des sols a entraîné un décalage important des semis, parfois compensé par l’utilisation de variétés plus précoces. Par la suite, l’offre climatique limitante (température et rayonnement) associée à des précipitations régulières sur le cycle ont accentué le retard de maturité des maïs. La fin de cycle a aussi été marquée par une pluviométrie significative, impliquant des appareils végétatifs gorgés d’eau à la récolte. De plus, les récoltes ayant eu lieu en conditions humides voire pluvieuses, l’eau externe aux plantes a aussi contribué aux faibles teneurs en MS mesurées sur les maïs. Enfin, certains maïs ont dû être récoltés avant la maturité « ensilage », notamment ceux touchés par la verse dans l’Ouest.
A noter que les maïs récoltés très humides peuvent présenter des difficultés à la conservation (pertes par les jus) et à la valorisation (butyriques, ingestibilité réduite).
Des maïs riches en amidon
La teneur moyenne en amidon, à 32,7 % (± 4,2 %) au niveau national, est proche de celle mesurée en 2023 (-1,1 point) malgré une maturité physiologique significativement moins avancée. A l’instar de l’année passée, ces teneurs sont assez homogènes sur l’ensemble du territoire, avec 7 maïs sur 10 ayant une teneur en amidon supérieure à 30 %, dont la moitié excédant 35 %.
Les conditions hydriques de l’été 2024, très favorables de la floraison au remplissage, ont favorisé la production de grains, malgré les semis tardifs et le déficit de rayonnement. Les ensilages de maïs sont un peu moins pourvus en amidon sur une diagonale allant du sud des Pays de la Loire au sud du Massif central : nord de l’Aquitaine et de Midi-Pyrénées, Auvergne, Limousin, Poitou-Charentes (carte 2).
Une digestibilité des fibres décevante
La quantité de fibres (NDF) est assez faible et équivalente à celle de 2023 du fait d’une proportion de grains/tiges-feuilles élevée à la récolte. La digestibilité des fibres (dNDF) est à nouveau faible cette année, avec une moyenne à 49,5 % (± 3,7 %). Cette faible digestibilité des parois s’explique en partie par l’absence de stress hydrique et thermique, favorable à la lignification des tissus. L’avancée de la maturité a été très lente en fin de cycle, ce qui a aussi pu contribuer à la lignification. Cette digestibilité des fibres assez médiocre se retrouve sur toute la France, et de façon plus marquée dans les Hauts-de-France, le Centre, la Bourgogne et le Sud-Ouest (carte 3).
Avec une digestibilité des fibres proche de celle de 2023, mais une part de grains légèrement inférieure, la quantité de fibres indigestibles (NDFnd) des maïs 2024 est supérieure à celle des maïs 2023, et proche des maïs récoltés en 2021, laissant présager une valeur énergétique légèrement en-deçà de l’année passée.
Une valeur énergétique correcte
À l’échelle nationale, la teneur en énergie du maïs fourrage, exprimée en UFL (INRAE 2018), est en moyenne de 0,94 UFL/kg MS, inférieure de 0,01 UFL/kg MS à celle de 2023. Le profil énergétique de ces deux millésimes (teneur en amidon élevée, fibres moyennement digestibles) est assez similaire. Cette valeur énergétique est fortement liée à la part élevée de grains modulée par la qualité des tiges-feuilles.
Les maïs les plus énergétiques se retrouvent dans le Grand Est et sur la côte Atlantique, de la Bretagne aux Charentes en passant par la région Centre. Néanmoins, sur les silos qui ont fortement coulé, la qualité pourrait être légèrement surestimée, sans compter que l’ingestibilité des maïs 2024 sera probablement inférieure à celle des maïs de 2023.
Lire aussi : « Qualité du maïs fourrage : comment interpréter son bulletin d’analyse ? »
La teneur en matières azotées totales (MAT) des ensilages de maïs est correcte au vu des bons rendements de l’année, avec en moyenne 7,1 % (± 0,8 %), soit -0,2 point par rapport à 2023. Néanmoins, les conditions de l’année ont impacté la qualité d’enracinement des plantes (cas de tassement des sols au semis, alimentation en eau régulière sur l’ensemble du cycle), ce qui a pu se traduire dans certaines régions par des carences en azote visibles. Le déficit d’absorption d’azote couplé à un effet de dilution par le rendement ont pu expliquer des teneurs en protéines plus faibles dans certaines régions (Hauts-de-France notamment).
La teneur en protéines digestibles dans l’intestin (PDI) est de 60 g/kg MS et la balance protéique du rumen est de -38 g/kg MS.
Six grandes zones ont été définies pour analyser la qualité du maïs fourrage 2024 :
- « Centre-Ouest » : Pays de la Loire (sauf Mayenne), Centre-Val de Loire, Deux-Sèvres, Vienne, Haute-Vienne et Creuse
- « Est » : Seine-et-Marne, Champagne-Ardenne, Lorraine (sauf Vosges), Bourgogne (sauf Saône-et-Loire) et Bas-Rhin
- « Nord » : Hauts-de-France et Haute-Normandie
- « Ouest » : Bretagne, Basse-Normandie et Mayenne
- « Piémonts-Montagne » : Franche-Comté, Vosges, Haut-Rhin, Saône-et-Loire, Auvergne, Aveyron, Rhône-Alpes, Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées
- « Sud-Ouest » : Charente et Charente-Maritime, Aquitaine (hors Pyrénées-Atlantiques), Midi-Pyrénées (hors Aveyron et Hautes-Pyrénées).
(*) ADM, Evialis, Provimi, Germ-Services, MiXscience, Sanders, Feedia, Laboratoire CESAR, Agrial, Seenovia, Neolait, Nealia, Lorial, Terrena, Nutrilim, Ocealia, Alicoop, Innoval, Valorex, Nutrea, Terres de l’Ouest, Eilyps, Cooperl, IDENA, LG, Seenorest, KWS, Union laitière de la Meuse.
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