Ce mois-ci dans Perspectives Agricoles : quel avenir pour le Bulletin de santé du végétal ?
Le BSV évolue. Tiago Rodrigues, spécialiste en protection intégrée des cultures chez ARVALIS, explique pourquoi ce bulletin est un relai d’optimisation de la santé des plantes à disposition des agriculteurs.
Perspectives Agricoles : Qu’est-ce qu’apporte le Bulletin de Santé du Végétal ?
Tiago Rodrigues : Le BSV est un allié incontournable des agriculteurs dans l’aide à l’utilisation raisonnée des moyens de lutte contre les maladies et les ravageurs. Ce bulletin, hebdomadaire et régionalisé, propose un accompagnement sanitaire des cultures tout au long de la campagne. Il contribue à une approche locale de la protection intégrée des cultures grâce aux 70 structures 1 et presque 4000 personnes qui établissent des informations épidémiologiques représentatives des réalités de chaque territoire. Le BSV crée un cadre de référence de suivi sanitaire validé par des données historiques et des modèles de prévision. Il donne une vision globale des risques dans chacune des régions françaises et peut ainsi rassurer sur le choix d’un assolement ou d’un itinéraire technique.
P. A. : Dans quelle mesure le BSV est-il utilisé par les agriculteurs ?
T. R. : Ce bulletin est plébiscité par les agriculteurs. Une enquête menée par les instituts techniques agricoles, réalisée fin 2021, montre que, sur 891 réponses obtenues, 99 % des personnes affirment connaître le BSV et le considèrent comme un outil d’aide à la décision pertinent. 94 % le consultent régulièrement, dont 54 % à chaque parution.
Le BSV est apprécié : 92 % des agriculteurs questionnés se déclarent satisfaits de sa forme actuelle. Pour 60 % des répondants, le BSV permet de réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.
P. A. : Quelles informations seront disponibles dans sa nouvelle version ?
T. R. : L’instruction technique 2022-241 de la DGAL envisage d’étendre le périmètre du BSV en vue de soutenir la transition agroécologique. En complément des informations actuelles sur les stades phénologiques, les données d’observation, l’analyse et la gestion des risques , d’autres aspects seront ainsi abordés. Ils concerneront la biodiversité fonctionnelle, comme les pollinisateurs et les organismes nuisibles, notamment ceux « à enjeu pour l’export ». Les BSV « bilan » seront maintenus en fin ou en début de campagne. Cette évolution vise à promouvoir les méthodes de lutte alternatives comme la prophylaxie et le biocontrôle. Or, ces méthodes nécessitent un effort accru de modélisation et de partage d’informations techniques pour fournir davantage de conseil opérationnel - ce que 88 % des agriculteurs interrogés demandent aussi.
La valorisation des expertises des différents instituts agricoles, et celle des observations de terrain réalisées par les partenaires, devront être accentuées afin de calibrer des analyses de risque encore plus diversifiées et d’avertir plus vite, et avec plus de précision, sur l’état des nuisibilités sur le terrain. L’organisation du système d’information est déjà en cours de révision.
La base de données de surveillance des bioagresseurs « Vigicultures », largement utilisée pour collecter les observations qui servent à la rédaction des BSV en grandes cultures, a été retenue comme base nationale. Des travaux de développement sont envisagés afin qu’elle puisse héberger, fin 2022, les observations des cultures légumières et, par la suite, celles de l’arboriculture et de la viticulture.
(1) Chambres d’agriculture, organismes stockeurs, FREDONs, instituts techniques, enseignants, agriculteurs.
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