Résultats d’essais - Que valent les biostimulants appliqués en traitements de semences du maïs ?
Alors que la gamme des traitements de semences fongicides et insecticides se restreint en maïs, une offre de TS à base de biostimulants arrive sur le marché. Que faut-il en penser ?
En maïs, la première fonction du traitement de semences est de protéger les graines contre les champignons présents dans le sol (fusarium, pythium), responsables des fontes des semis. Leur contamination engendre des pertes à la levée. Le nombre de plantes étant une composante essentielle du rendement du maïs, la sécurisation de la levée est donc très importante : la protection de semences avec une matière active fongicide est indispensable.
Le traitement de semences peut aussi protéger contre les ravageurs. Deux produits phytopharmaceutiques, très utilisés en traitement de semences sur maïs, ont été retirés du marché récemment. Jusqu’en 2018, le thirame, principale matière active à action corvifuge, et le thiaclopride (Sonido), seul insecticide en traitement de semences efficace contre le taupin, occupaient une large place sur le terrain. Suite au retrait d’autorisation de ces produits, la palette de solutions contre les ravageurs devient restreinte, avec même des impasses techniques pour certains d’entre eux (mouches géomyze et oscinie).
Tableau 1 : Solutions disponibles pour la protection des semences de maïs en 2021
Une offre variée, des allégations multiples
En parallèle, une nouvelle offre s’est développée dans la catégorie des biostimulants ou produits assimilés. Cette offre proposée par les semenciers est très diverses. Les produits ajoutés sur la semence peuvent être classés dans différentes catégories : des micro-organismes (bactéries ou champignons), des extraits de végétaux et d’algues, des macro-molécules organiques (acides humiques, acides fulviques, extraits ligno-cellulosiques, lignosulfonates…). Des macroéléments, des oligo-éléments ou des fongicides avec « effet biostimulant » sont aussi proposés. Des terminologies voisines, biofertilisants, enrobages nutritifs, nutriciteur végétal, etc… sont parfois utilisées.
Dans l’argumentaire technique, on trouve des allégations communes à tous ces produits : amélioration du développement racinaire, développement des mycorhizes, meilleure disponibilité du phosphore, plus d'absorption des nutriments, protection contre les stress abiotiques, optimisation de la photosynthèse…
En pratique, ces effets doivent se traduire par une levée plus rapide et plus homogène, par une amélioration de la vigueur des plantes, une augmentation de la surface foliaire, au final une meilleure croissance. A noter cependant que l’amélioration du rendement qui résulterait de la seule efficacité du biostimulant est rarement citée dans les arguments potentiels, tout au plus une sécurisation du potentiel.
Il faut aussi rappeler qu’au niveau physiologique, la jeune plante de maïs dépend des réserves de la semence jusqu’au stade 4-5 feuilles, stade où les racines séminales permettent une alimentation autonome, correspondant au sevrage.
Le prix de cette nouvelle offre de traitements de semence « biostimulants » varie de 8 à 15 € par dose selon les offres, soit un coût moyen d’environ 25 €/ha pour l’agriculteur. C’est moins onéreux qu’une protection insecticide avec un microgranulé, mais l’objectif n’est pas le même, et le service rendu est plus difficile à mesurer.
Huit biostimulants appliqués sur la semence de maïs au banc d’essai
En 2019 et 2020, ARVALIS a réalisé 7 essais pour mesurer l’intérêt de ces produits. Faute de pouvoir disposer systématiquement d’un même lot de semence pour comparer les produits « toute chose égale par ailleurs » ou d’avoir accès aux produits en solo, l’offre commerciale des semenciers peut être difficile à évaluer directement.
Les huit produits évalués correspondent aux solutions disponibles sur le marché et proches de celles proposées par les semenciers, dans les différentes catégories : bactéries, extraits d’algues, extraits ligno-cellulosiques, lignosulfonates, oligo-éléments, fongicides avec « effet biostimulant ».
Deux témoins ont été mis en comparaison : un traitement de semence fongicide de base seul ou associé à un engrais starter (phosphate de diammonium) au semis. Toutes les modalités de l’essai sont issues du même lot de semences, avec le même traitement fongicide de base.
Les essais ont été conduits dans différentes régions, en Bretagne et en Picardie pour les essais maïs fourrage, en Alsace et en Sud-Aquitaine pour les essais maïs grain, avec des conditions pédoclimatiques variées.
Les conditions de culture ont parfois été difficiles au démarrage (Bretagne 2019, Alsace et Picardie 2020), ou durant la floraison (Picardie 2020). Ces conditions sont propices à la mise en évidence d’éventuels écarts entre modalités.
Exemple de suivis et mesures réalisés dans les essais TS biostimulants maïs : suivi stade foliaire, repérage du n° de feuille.
Premiers résultats : pas d’écart significatif avec « les biostimulants »
Différentes mesures ont été réalisées durant le cycle de la culture et notamment dans les premiers stades sur lesquels se concentrent les allégations des fournisseurs.
Par rapport au témoin (TS fongicide de base), aucun écart n’a été mesuré avec aucun des huit produits testés, sur la levée (vitesse et taux de levée), la précocité (stades foliaires et date de floraison), la vigueur au départ, la teneur en chlorophylle. Aucun effet sur le rendement n’a pu être mis en évidence.
En revanche, dans ces essais, la modalité avec engrais starter ressort significativement différente du témoin sur les stades foliaires (+ 0,5 feuille), la vigueur (+ 1 point) et la précocité floraison (- 2,5 jours). Aux doses utilisées, le coût de l’engrais starter varie entre 20 et 35 €/ha.
Pour confirmer ces résultats, d’autres essais seront conduits en 2021, intégrant, si possible, l’offre des quelques semenciers.
Figure 1 : Stade foliaire (nombre de feuilles) mesuré dans 7 essais ARVALIS en 2019 et 2020, sur 8 produits « biostimulants » appliqués sur la semence de maïs, comparés à un témoin (TS fongicide de base) et une modalité starter (TS fongicide de base + engrais starter DAP)
Un biostimulant des végétaux est défini par sa fonction et non par sa composition. Pour revendiquer ce terme, un produit doit stimuler les processus de nutrition des végétaux indépendamment des éléments nutritifs qu’il contient, dans le seul but d’améliorer au moins un de ces quatre critères :
- l’efficacité d’utilisation des éléments nutritifs,
- la tolérance aux stress abiotiques,
- les caractéristiques qualitatives
- ou la disponibilité des éléments nutritifs confinés dans le sol et la rhizosphère.
Actuellement, dans la réglementation française, l’ANSES délivre les autorisations de mise sur le marché des MFSC (matières fertilisantes et supports de culture), dont les biostimulants. Une nouvelle réglementation européenne (CE 2019/1009), qui entrera en vigueur en juillet 2022, permettra d’harmoniser et normaliser le marché des biostimulants.
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