Protection des céréales : intervenir dans de bonnes conditions et adapter les traitements au contexte de l’année
Le point sur la situation sanitaire dans les parcelles de céréales et les recommandations pour optimiser les traitements contre les maladies s’ils sont nécessaires.
Une météo capricieuse qui complique les interventions
La météo changeante laisse peu de créneaux pour intervenir dans les parcelles. Les opérations se bousculent entre protection des céréales, récolte de fourrages, épandages et semis de cultures d’été. Les conditions favorables à la pulvérisation sont difficiles à trouver : pluie, vent, fortes amplitudes thermiques, manque de portance, limitent les possibilités de passage. Il convient d’être très prudent vis-à-vis des conditions d’application, notamment à l’approche du stade sensible de la méïose.
Attention aux conditions météo lors des traitements phytosanitaires
La méïose, phase de la formation du pollen, est un stade particulièrement sensible pour les céréales. Il survient pour le blé autour du stade dernière feuille ligulée, quand le sommet de l'épi touche la ligule de l'avant-dernière feuille, soit environ 10 jours avant l'épiaison. Pour les orges, ce stade correspond à la sortie des extrémités des barbes. Durant cette étape, souvent très courte (1 à 2 jours), la culture est très sensible aux stress. En cas d’application phytosanitaire, il convient donc d’intervenir dans de bonnes conditions :
- Attention aux mélanges ! Avec le retard dans les travaux, la tentation est grande de grouper les applications en un seul passage. Attention toutefois à la sélectivité des traitements : mélanger des produits de fonction différente accentue toujours le risque d’accident. Entre dernière feuille et épiaison, on évitera ces mélanges – notamment les associations herbicide-fongicides. Ainsi, l’ajout de metsulfuron-méthyl aux bouillies fongicides est particulièrement risquée à ce stade sensible.
- Reporter l’intervention en cas de forte amplitude thermique, de forte montée en température (T max > 25°C), ou au contraire de petites gelées nocturnes. De telles conditions ne semblent pas annoncées dans les jours à venir mais la pluie risque de contraindre à reporter les interventions.
Adapter la protection fongicide au contexte de l’année
La septoriose, favorisée par les pluies régulières, arrive plus précocement que d’habitude.
Rappelons que les symptômes foliaires apparaissent sur un étage foliaire 8 à 10 jours après la contamination par le champignon et que les fongicides ont principalement une action préventive. A ce jour, les variétés sensibles à la septoriose ont déjà nécessité un T1 – celui-ci n’a malheureusement pas toujours pu être réalisé. Il conviendra d’appliquer un T2 renforcé, dès le stade dernière feuille étalée, dans ces situations d’impasse.
L’oïdium est en recrudescence dans certaines parcelles : comment le gérer ?
Ce champignon est favorisé cette année du fait de l’abondante biomasse développée en sortie d’hiver et de l’excès d’alimentation en azote en début de montaison. L’atmosphère humide constante dans le feuillage abondant permet la progression du parasite. La maladie est à surveiller tout particulièrement sur les variétés sensibles.
Dans les parcelles où la maladie progresse sur les dernières feuilles à un niveau important*, il faut envisager d’adapter le prochain traitement fongicide en ajoutant un anti-oïdium spécifique – les produits à base de fenpropidine sont ceux qui procurent l’action la plus curative vis-à-vis de cette maladie.
En revanche, si la maladie est cantonnée uniquement en bas de tige ou à des niveaux modérés sur le feuillage, il n’est pas justifié d’ajouter d’anti-oïdium à la protection initialement prévue.
* Rappel des seuils d’intervention vis-à-vis de l’oïdium : observer les feuilles supérieures sur une vingtaine de plantes.
- Variétés sensibles : plus de 20 % des troisième, deuxième ou première feuilles déployées sont atteintes (4 feuilles sur 20).
- Autres variétés : plus de 50 % des troisième, deuxième ou première déployées sont atteintes (10 feuilles sur 20).
Une feuille est considérée comme atteinte, lorsque le feutrage blanc couvre plus de 5 % de la surface.
Message rédigé par ARVALIS en concertation avec AGRIAL, la CAPL, la CAVAC, la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, les Ets Hautbois, la coopérative d’Herbauges, Eureden, Soufflet Agriculture, Terrena.
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