Pomme de terre : comment contrôler la pression maladies et les doryphores?

Aujourd’hui, la pression mildiou reste élevée, avec des parcelles présentant toujours des symptômes sporulants. Pour information, Cymbal 45 a obtenu une dérogation à 10 passages pour 2024 (au lieu de 6 maximum).

Sur les parcelles en mildiou déclaré, les stratégies curatives sont à mettre en place rapidement avec des intervalles de 3 jours maximum entre passages.

Sur les parcelles sans mildiou, la protection est primordiale avec des cadences entre traitement qui varient de 5 jours en pousse active (parcelles plantées tardivement en juin) à 7 jours en végétation stabilisée (parcelles plantées fin avril/courant mai).

• En pousse active : privilégier les produits translaminaires en alternant les modes d’action ;
• En végétation stabilisée : alterner les produits de contacts élaborés avec des modes d’action différents.

Attention à l’arrivée de l’alternaria sur des zones parcellaires stressées (tassement, carences…). Cette maladie fongique a besoin d’humectation et de chaleur pour se développer. Aujourd’hui, en cas de doute, il faut se rapprocher de son conseiller pour poser un diagnostic. Des causes différentes peuvent donner lieu à des symptômes similaires (photos).

Comment gérer les doryphores ?

Côté ravageurs, les pucerons sont actuellement peu présents, du fait des pluies et des températures basses. En revanche, les doryphores sont bien là : les adultes sont présents depuis trois semaines et le seuil de nuisibilité est fréquemment atteint.

Aujourd’hui, des produits comme Coragen 0,06 l applicable jusqu’à BBCH 69 (fin floraison) ou Success 04 0.75 l (possible en dehors de la pleine floraison) offrent la meilleure persistance (entre 12 et 21 jours en végétation stabilisée) grâce à leur mode d’action translaminaires. Notons que leur résistance au lessivage est autour de 50 mm.

Ces solutions transitent via les tissus végétaux puis les larves ou adultes ingèrent le produit en s’alimentant. Il est conseillé d’attendre les stades larvaires, car les produits sont plus efficaces sur de jeunes larves (L1 à L4) et les larves sont plus voraces que les adultes.

Dans le cas du Coragen, les doryphores se paralysent et ne sont plus capables de s’alimenter. Par conséquent, même s’ils sont visibles post-application, ils ne dévorent plus le feuillage et finissent par mourir. 

Quant à Success 04, cette solution UAB à base de spinosad agît par action directe (contact avec ravageur) et indirecte (ingestion de la substance en s’alimentant). Son efficacité est rapidement visuelle, mais sa persistance d’action est légèrement moindre (12 jours).

D’autres solutions à base de lambda-cyhalothrine (exemple Lambdastar, Karaté Zéon…) sont efficaces, mais ils agissent par simple action de contact, ce qui engendre une persistance moindre sur des éclosions échelonnées.

Il est important de ne pas confondre les larves de doryphores et les nymphes de coccinelles.

Pour rappel, Les adultes de doryphores hivernent dans le sol, jusqu’à 30 cm de profondeur, pour ensuite remonter au printemps lorsque les températures dépassent 10°C. L’adulte vit en moyenne 1 à 2 mois, il se déplace plus aisément autour de 20°C. L’accouplement et l’éclosion des œufs ont lieu lorsque les températures sont autour de 16°C. La femelle peut pondre 400 œufs. Différents stades larvaires peuvent s’observer régulièrement sur une même parcelle.

Figure 1 : Cycle de développement du doryphore de la pomme de terre