Pluie et gel sur lin fibre d’hiver : attendre avant de poser un diagnostic définitif
Malgré un début de campagne doux et humide, notamment en bordure maritime, les linières ont peiné à se développer, sans doute en raison d’un manque de luminosité. Les stades se situent aujourd’hui en moyenne autour de 10
Conditions climatiques depuis la mi-octobre 2023
La pluviométrie est particulièrement importante sur la bordure maritime, avec des cumuls pouvant atteindre 850 mm ! Ce qui a pu engendrer des situations dans lesquelles les parcelles sont « noyées » et des lins qui ont souffert de ces immersions. Dans ces situations, cumulées avec le gel, le lin ne repartira pas.
Les températures sont particulièrement douces par rapport à la médiane de ces vingt dernières années. Néanmoins, l’épisode de gel récent a pu occasionner quelques dégâts.
Figure 1 : Cumul de pluies en mm du 15 octobre 2023 au 25 janvier 2024
Figure 2 : Ecart à la médiane sur 20 ans du cumul de températures du 15 octobre 2023 au 25 janvier 2024
Quelques situations sont plus préoccupantes que d’autres, notamment en zone plus continentale (Saint-Quentin, Cambrai, Beauvais, Bernienville...) où les températures les plus froides ont été enregistrées et le nombre de jours avec des températures inférieures à -5°C sont plus nombreux.
Tableau 1 : Nombre de jours de gel où la température est descendue en dessous de -5°C, date à laquelle est apparue la première journée où la température est inférieure à -5°C et température la plus froide
Quel impact pour le lin ?
La vitesse d’installation du gel et le stade du lin fibre d’hiver vont conditionner la résistance des plantes. En effet, un lin à un stade précoce (< 5 cm) ou trop développé (> 10 cm) est plus exposé au gel. A partir de 10 cm, les cellules deviennent turgescentes (remplies d’eau). Cette forte concentration en eau rend la culture plus sensible aux températures gélives.
La résistance du lin est maximale lorsque celui-ci est situé entre le stade 5 cm et 10 cm à condition que le froid s’installe progressivement, ce qui n’a pas forcément été le cas en ce début d’année où les températures ont oscillé entre 13 et -10°C en quelques jours (exemple sur la station de Saint-Quentin dans l’Aisne - figure 3).
De plus, les sols gorgés d’eau ont donc pu accentuer la sensibilité du lin au froid. Enfin, l’intensité des dégâts a également pu être augmentée par les températures douces précédant le gel.
Figure 3 : Données météorologiques journalières - Station de Météo France de Saint-Quentin (02)
Ne pas se précipiter pour le diagnostic
A ce jour, il faut attendre avant de prendre une décision de remplacer la culture.
Si le lin a gelé et présente un aspect misérable, pas de précipitation ! La culture possède un système racinaire souvent conséquent qui va lui permettre de repartir :
- soit au niveau de la tige principale si l'apex n'est pas trop touché.
- soit au niveau des bourgeons axillaires.
Il convient donc de venir évaluer les dégâts uniquement lorsque les conditions météorologiques seront redevenues plus clémentes c’est-à-dire, à la reprise de végétation.
Il faudra alors compter les plantes restantes afin d’évaluer la perte de peuplement engendrée et ainsi, décider si la culture est encore rentable.
Si le peuplement est supérieur à 900 plantes/m² et régulier dans la parcelle, la linière doit être conservée tout en sachant que le rendement ne sera pas optimal. Si le peuplement est inférieur, il est envisageable de détruire la linière et d’y implanter une culture de printemps.
Important : aucune intervention phytosanitaire ne doit être réalisée dans les jours à venir.
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