Orge d'hiver : un positionnement plus souple dans les dates de semis

Les orges d’hiver étaient réputées jusqu’alors comme peu souples au niveau de la date de semis, sous peine de pénalités fortes sur le rendement. Le réchauffement climatique engendre des hivers moins froids en tendance, avec une diminution de trois à cinq jours de gel par décennie, mais de la variabilité : ainsi, ponctuellement, un hiver très froid est encore possible.

Zoom sur les derniers essais

Historiquement en barrois, un semis décalé de 20 jours amenait fréquemment à des pertes de rendement aléatoires et très importantes (jusqu’à -60 % par rapport à un semis début octobre). Ces quatre dernières campagnes montrent une certaine souplesse dans la date de semis des orges d’hiver, avec des pertes plus limitées que les années antérieures pour un semis réalisé jusqu’à mi-octobre.

Figure 1 : Synthèse des essais date de semis orge d’hiver en Barrois (ARVALIS)

Certaines années, la pression adventices ou jaunisse nanisante de l'orge (JNO) est trop forte en semis précoce. La protection ne permet pas de lever toute la nuisibilité, ce qui engendre de meilleurs résultats en semis décalé qu’en semis précoce (poids de l’impact JNO/adventices supérieur au poids des pertes physiologiques d’un semis tardif).

Y a-t-il des variétés plus adaptées au semis décalé ?

Durant ces quatre dernières années, des collections variétales d’orge d’hiver ont été semées à deux dates de semis, dans la même parcelle. Il n’a pas été observé de variétés à recommander spécifiquement en semis décalé, le classement étant quasiment identique entre semis précoce et tardif.

La gamme de précocité actuelle est surement trop étroite pour donner des préconisations variétales selon les plages de semis comme en blé. Rappelons qu’au sein d’un essais, les variétés d’orges d’hiver épient toutes à quelques jours près (cinq jours de décalage pour la campagne 2021/2022).

Les seules interactions observées ont lieu les années à forte pression JNO. Dans ce cas, les variétés habituellement productives mais sensibles au virus sont très affectées en semis précoce mais sortent dans un classement habituel en semis tardif.

Figure 2 : Synthèse des essais variétés à deux dates de semis (ARVALIS)

Une souplesse de 15-20 jours pour la gestion des vulpins

Un semis décalé de 15-20 jours permet de réaliser un faux-semis fin septembre, qui est une période très bénéfique à la levée des vulpins. La sécheresse très intense de l’été dernier se prolongeant début septembre n’a pas été favorable à une levée des adventices en interculture nécessaire pour ensuite les détruire. Les conditions climatiques des dix derniers jours et le retour de sols plus humides sont davantage propices aux faux-semis, à condition que les passages d’outils soient superficiels.

En semis décalé, le désherbage s’effectuera de préférence en prélevée pour favoriser les conditions d’application (un passage à 1 feuille n’étant pas toujours possible en novembre avec le gel ou les pluies).

Une souplesse de 15-20 jours pour la gestion des pucerons à l’automne

Les pucerons vont prioritairement sur les semis précoces à l’automne. Par expérience dans la région, les semis décalés sont généralement beaucoup moins touchés par des pucerons puis des symptômes JNO. Pour autant, il est parfois nécessaire de faire une protection insecticide en semis décalé, en particulier les hivers très doux.