Orge d’hiver : que faire en cas de rouille naine ?
Certaines parcelles d’orges d’hiver présentent actuellement des symptômes précoces de rouille naine. Face à cette arrivée inhabituelle, la vigilance est de mise, notamment sur les variétés les plus sensibles. Il faudra réajuster les programmes fongicides en cas de persistance.
La rouille naine, une maladie facile à reconnaître
Cette maladie se caractérise par la présence de pustules de couleur jaune orangé réparties de manière aléatoire sur les feuilles. Un halo jaune entoure les pustules. Ces dernières sont majoritairement localisées sur la face supérieure des feuilles. En cas d’attaque précoce, les feuilles de la base sont les premières touchées. La répartition des symptômes est homogène dans la parcelle (en lien avec une dissémination qui se fait par le vent).
Photos prises à Boigneville (91) le 21 mars 2022 - Variété KWS Faro
La nuisibilité de cette maladie peut être importante, en particulier si les attaques sont précoces. Elle peut représenter jusqu’à 40 % du potentiel (perte jamais vue dans nos secteurs).
Des signalements sur variétés sensibles
Tous les cas qui ont été remontés concernent actuellement des variétés sensibles vis-à-vis de cette maladie (figure 1).
L’observation des variétés sensibles à la rouille naine est donc fortement recommandée.
Figure 1 : Echelle 2021-2022 de résistance variétale des orges d’hiver à la rouille naine
Comment expliquer cette arrivée précoce ?
La rouille naine est un champignon qui apprécie les températures élevées (on le compare souvent à la rouille brune du blé). Dans nos régions, cette maladie s’observe pour cette raison généralement en fin de cycle.
La rouille naine se maintient sur les repousses d’orge au cours de l’été, puis, à la faveur de conditions douces, contamine les orges nouvellement implantées. La dissémination des spores est assurée par le vent. Des températures douces permettent ensuite au champignon de se multiplier (plusieurs cycles à urédospores peuvent se succéder).
Figure 2 : Eléments de biologie de la rouille naine
Figure 3 : Cycle de la rouille naine
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette arrivée précoce :
- une part plus importante des variétés plus sensibles à la rouille naine dans nos régions ;
- un maintien des repousses à la suite d’un été froid et humide associé à des températures négatives modérées durant l’hiver et très douces en février.
Les conditions printanières annoncées pour les prochains jours devraient être favorables à la maladie mais aussi à l’orge. Il conviendra de suivre l’évolution de la rouille sur les parcelles actuellement touchées avant toute intervention fongicide.
Figure 4 : Evolution des surfaces d’orges d’hiver en Centre et Ile-de-France en fonction de la note rouille naine des variétés cultivées
Faut-il intervenir ?
En cas de présence significative au stade 1 nœud, une adaptation des programmes fongicides sera nécessaire.
Rappel des seuils de risque. A partir du stade 1 nœud, compter les trois dernières feuilles de 20 tiges principales (soit 60 feuilles) :
- sur variétés sensibles : un traitement est recommandé si plus de 10 % des feuilles sont atteintes.
- sur variétés moyennement et peu sensibles : un traitement est recommandé si plus de 50 % des feuilles sont atteintes.
La rouille naine étant rarement observée au début de la montaison des orges, elle n’est généralement pas prise en compte dans le traitement prévu à 1 nœud. En cas de présence significative, il convient donc de vérifier si les fongicides prévus pour gérer la rhynchosporiose et l’helminthosporiose (les maladies les plus fréquentes à ce stade) sont également efficaces sur rouille naine.
Figure 5 : Efficacité des substances actives sur rouille naine
Extrait du dépliant maladies des céréales
Réalisons l’exercice avec les préconisations diffusées dans notre guide de préconisations.
Afin d’alterner les matières actives (une précaution indispensable pour limiter les phénomènes de résistance aux fongicides), les solutions proposées étaient composées de cyprodinil, associé soit à de la fenpropidine soit à du prothioconazole (+ spiroxamine dans le cas de l’INPUT).
Figure 6 : Proposition de traitement à 1 nœud en cas de besoin sur variétés moyennement sensibles à sensibles aux maladies
Extrait du dépliant maladies des céréales
- Dans le cas d’un mélange cyprodinil (Unix Max) avec fenpropidine (Meltop One – homologué uniquement pour un usage oïdium), il convient de monter la dose de fenpropidine à au moins 375 g/ha soit Meltop One à 0,5 l/ha. La dose autorisée pour Meltop One est 0,75 l/ha sur oïdium. La dose de 0,36 l/ha permet de réduire la ZNT aquatique à 20 m, au lieu de 50 m.
- Dans le cas d’un mélange cyprodinil avec prothioconazole + spiroxamine (Input), la dose d’Input doit être revue à la hausse, à 0,4 l/ha, soit 64 g/ha de prothioconazole + 120 g/ha de spiroxamine.
- Dans le cas d’un mélange cyprodinil avec prothioconazole, la dose de la triazole doit être également revue à la hausse, à 0,4 l/ha.
En l’absence d’autres maladies (rhynchosporiose, helminthosporiose), une triazole pourrait être appliquer seule à 1 nœud (metconazole à 72 g/ha par exemple). Attention, dans ce cas, de ne pas appliquer une triazole déjà prévue pour l’intervention au stade sortie des barbes.
Les strobilurines seront gardées en cas de besoin sur le traitement sortie des barbes.
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