Observation de taches sur blé : le diagnostic penche vers une origine physiologique

Comprendre la séquence climatique des vingt derniers jours

Entre le 28 mars et le 10 avril, la région a connu un épisode sec accompagné d’un fort vent important ayant pu assécher les terres. De plus, début avril, des amplitudes thermiques [écart entre la courbe bleue (températures minimum) et orange (températures maximum)] de 15 degrés, voire plus, se sont fait ressentir. La conjonction de ces deux facteurs a provoqué de nombreux marquages physiologiques dans les parcelles normandes.

Comment distinguer symptômes physiologiques et maladies ?

Lors de stress climatiques, ce sont les feuilles les plus exposées qui sont davantage concernées (F2 ou F1) : il s'agit donc automatiquement des plus hautes. Il peut aussi arriver que la dernière feuille soit indemne, et que la feuille du dessous soit touchée : dans ce cas, cela signifie que la dernière feuille n’était pas sortie au moment du stress climatique.

Il existe différentes sensibilités variétales pour ces effets qui sont sans importance. On notera aussi que le blé dur y est plus sensible.

Si des doutes subsistent, il est possible d’utiliser une chambre humide artisanale.

Qu’en conclure au bout de 24 h d’incubation ?

• Cas 1 : les taches ont évolué, il s’agit d’une maladie :
  • Septoriose : apparition de points noirs au centre des taches. Ce sont des pycnides desquels sortent des cirrhes blancs.
  • Helminthosporiose : fait apparaître des « poils isolés » foncés.
• Cas 2 : absence de pycnides et de cirrhes, sans évolution des symptômes sur la feuille. Il s’agit de marquages physiologiques.

A savoir : les réactions physiologiques peuvent être amplifiées par l’application récente d’un traitement phytosanitaire (régulateur ou fongicide à base de triazoles).

A ne pas confondre avec l’helminthosporiose du blé

L’helminthosporiose sur blé est une maladie très rare dans notre région, inféodée à la parcelle (contamination par le biais des pailles), plus fréquente en blé sur blé, présentant des taches plutôt ovoïdes, entourées d’un halo chlorotique. Elles s'étendent avec des formes irrégulières, parfois losangiques. Le centre de la tache présente un point foncé, correspondant au point d'infection. Après passage en chambre humide, des « poils isolés » foncés (conidiospores) sont observés.

Cette maladie étant rare, en cas de présence généralisée au sein d’un territoire de symptômes s’en rapprochant, cela apporte un argument supplémentaire pour orienter le diagnostic vers la cause physiologique.