Blé : contrôler la rouille jaune
Cette année, le risque rouille jaune est particulièrement élevé. Il est important d'adapter son programme fongicide à l'approche du stade dernière feuille étalée (DFE).
La montaison s’est faite en conditions relativement sèches cette année, n’engendrant aucune contamination de septoriose sur les feuilles nouvellement émises, même si l’inoculum peut être présent. De plus, les matins sont toujours frais ce qui a été peu favorable au développement de la maladie jusqu’à présent.
Pour la grande majorité des variétés cultivées dans la région, le risque faible permet d’attendre le stade dernière feuille étalée avant d’intervenir. Seules les variétés très sensibles (note septoriose ≤ 5), au stade dernière feuille pointante passent en risque modéré cette année.
Cependant, les stratégies de traitements fongicides doivent davantage être raisonnées selon le régime rouille jaune, très présente cette année.
Comment réagir en présence de rouille jaune ?
Depuis le début de la montaison, et tout particulièrement depuis une dizaine de jours, des symptômes de rouille jaune sont présents sur l’ensemble du territoire normand, avec des foyers parfois très actifs sur variétés sensibles (Complice, Campesino…) mais également de manière moins explosive sur des variétés moins sensibles (Chevignon, KWS Extase, Tenor, Garfield…).
Malgré l’absence de pluie, les températures douces (faibles le matin, plus hautes en journée) et l’humidité matinale sont suffisantes et favorables au développement de la rouille jaune. De plus, les épisodes venteux de ce printemps sont favorables à la dissémination des spores.
La rouille jaune étant une maladie explosive, la lutte contre la maladie repose principalement sur un cadencement des applications, tous les 10 jours quand la maladie est présente.
En cas de symptômes dans les parcelles, il faut intervenir. De même, si un traitement a déjà été réalisé et que des symptômes réapparaissent 10 jours après, un relai est nécessaire.
Source : ARVALIS – institut du végétal, Sainte Colombe la Commanderie (27)
Quand et comment intervenir ?
Pour les parcelles les plus tardives, il peut être risqué d’attendre l’étalement complet de la dernière feuille pour intervenir. Un traitement sera nécessaire pour contrôler la rouille jaune. Dans l’idéal, il est conseillé de traiter avec une triazole (tébuconazole préférentiellement) associée à une strobilurine. À noter qu’une triazole seule reste plus efficace en curatif qu’une strobilurine seule, plutôt efficace en préventif.
Efficacité triazole + strobilurine > triazole > strobilurine solo.
Dans le cas des parcelles à dernière feuille pointante, et en présence de rouille jaune pulvérulente : Il est conseillé de ne pas attendre dernière feuille étalée pour gérer la rouille jaune avec le T2. Faire une couverture rouille jaune et réaliser le T2 septoriose plus tard (après dernière feuille étalée, jusqu’à gonflement). En effet, la pression septoriose étant faible et les pluies n’étant pas annoncées, il est possible de décaler ce traitement et protéger la dernière feuille un peu plus tard. En revanche, il ne faut pas avancer le T2 à DFP, la dernière feuille ne serait alors pas protégée contre la septoriose ni contre les rouilles.
Figure 1 : Efficacités des fongicides contre la rouille jaune
Pas de nouvelles souches de rouille jaune identifiées
Il semblerait que des traitements anti-rouille jaune n’aient pas l’efficacité escomptée. Or, à ce jour, il n’y a pas de donnée suggérant l’apparition de résistance aux fongicides. Il est fortement possible que les produits appliqués soient arrivés en fin de persistance d’action et qu’un relai soit nécessaire ou que le positionnement du produit était trop tardif.
D’après les données de la campagne passée, nous n’avons pas d’information sur de nouvelles souches de rouille jaune sur le territoire français, nous restons essentiellement sur des souches de type warrior-.
Figure 2 : Sensibilité variétale à la rouille jaune (cotation CTPS et ARVALIS) – mise à jour 2022
Toutes les taches sur feuilles ne sont pas forcément des symptômes de maladie. Les variations de températures et le déficit hydrique actuels peuvent être à l’origine de marquages physiologiques sur feuilles. Il ne faut pas hésiter à observer finement et à mettre des feuilles dans une chambre humide en cas de doute.
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