Maïs grain : une campagne tardive qui conduit à récolter des grains plus humides
Températures fraîches et pluies ont marqué la campagne maïs 2024, avec des semis très échelonnés sur mai voire juin. Ce qui a eu des conséquences sur le développement des cultures. Des questions se posent aujourd’hui quant au positionnement des récoltes. Voici des éléments de réponses pour trouver le meilleur compromis dans le contexte actuel.
Une arrivée à maturité physiologique décalée et étalée
L’année 2024 est proche de la médiane sur 20 ans en termes de cumul de températures (en base 6-30°C) pour un semis du 20 avril. Cependant, l’étalement des dates de semis et la palette de précocités cultivées (G1 à G4 principalement, avec adaptation ou non de la variété à la date de semis tardive) conduisent à des stades en retard sur certaines parcelles.
La maturité physiologique (stade 32 % d’humidité du grain, qui se manifeste par l’observation du « point noir » sur les grains) correspond à la fin du remplissage ; une récolte avant ce stade limitera le rendement par une baisse du poids de mille grains (PMG). Il est donc essentiel de prévoir au mieux cette date avant d’envisager la récolte. Aujourd’hui, nous estimons avec nos modèles physiologiques que les premiers maïs ont atteint la maturité physiologique fin septembre (semis précoces en sud Loire). Globalement, pour ceux semés en avril, c’est prévu sur la première quinzaine d’octobre.
Concernant les maïs semés plus tardivement, les cas sont multiples mais amèneront à une atteinte du stade 32 % d’humidité du grain autour du 20-30 octobre pour les semis de début mai, et en novembre pour les semis plus tardifs.
Ces prévisions vont dans le sens de nos suivis d’humidité sur nos différentes plateformes, avec des dates de semis très variées (du 20 avril au 27 mai).
Quelles précautions pour prioriser les récoltes ?
L’objectif est d’atteindre la maturité physiologique sur toutes les parcelles.
Classiquement, ce stade est atteint plus tôt dans la région, ce qui permet de bénéficier de conditions plus favorables au séchage du grain au champs (températures, vent…). Ainsi, bien qu’il soit d’usage d’attendre pour économiser des frais de séchage, la tardiveté de la campagne conduira à récolter des maïs plus humides. Les prévisions météo sur octobre seront à regarder de près pour juger de la pertinence de retarder quelque peu la récolte, tout en prenant en compte les autres critères agronomiques :
- Etat de ré-essuyage du sol. Intervenir en bonnes conditions, pour éviter d’engendrer un tassement nuisible à la culture suivante.
- Etat sanitaire des tiges (notamment en coups de feu fusariens) et de potentielles verses en végétation. Les plantes à gros gabarit, à insertions d’épis hautes et dont les enracinements peuvent être réduits par les conditions délicates d’implantation, peuvent accentuer le risque de verse en cas de coup de vent.
- Etat sanitaire des épis (notamment pour les parcelles ayant eu des attaques notables de foreurs). Il conviendra de prioriser la récolte des parcelles concernées pour éviter des quantités trop importantes de mycotoxines.
Le risque « DON » varie de A (risque le plus faible) à E (risque critique pour lequel l’ancien seuil réglementaire – 1750 ug/kg – est dépassé dans 31 % des situations) (Roucou et al 2022 & Perspectives agricoles, septembre 2022).
Et pour les parcelles très tardives ?
Certaines parcelles semées tardivement (fin mai – début juin), parfois avec des variétés non adaptées (trop tardives), devront faire lieu d’une attention particulière à la récolte. Il est techniquement possible de récolter du maïs à partir de 38 % d’humidité du grain. Toutefois, à ce niveau-là, on s’expose à un risque d’écraser du grain, et quelques grains ne pourront pas se détacher de la rafle, ce qui occasionnera une perte. A la récolte, ne pas avancer trop vite, ouvrir un peu le contre-batteur et réduire la vitesse du batteur.
Le risque de gel est relativement limité dans notre région, car les semis les plus tardifs n’ont pas été réalisés dans les secteurs les plus exposés. Il faut avoir en tête quelques repères :
- Entre 2°C et 0°C, les tissus de la plante ne sont pas impactés. La plante fonctionne au ralenti mais si les températures redeviennent clémentes, le remplissage se poursuit.
- De 0°C à -2°C, les feuilles sont endommagées, ce qui stoppe la photosynthèse, mais les éléments continueront d’être relocalisés dans le grain, à vitesse réduite.
- En dessous de -2°C, les plantes sont mortes. Tout est à l’arrêt. La plaque de transfert entre le grain et la rafle est lignifiée
Ainsi, les conditions climatiques à venir sur les 3 prochaines semaines seront déterminantes pour assurer une récolte en quantité et qualité dans la région.
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