Maïs fourrage : être vigilant sur la confection du silo en cas d'helminthosporiose
Certains secteurs bretons, notamment finistériens, sont endémiques de certaines maladies foliaires du maïs telles que l’helminthosporiose fusiforme. Les pluies excédentaires de cette année ont pu favoriser la maladie : la pression peut être forte sur des variétés sensibles avec un état de dessèchement prématuré.
L’helminthosporiose fusiforme apparaît le plus souvent après la floraison du maïs. Des taches foliaires se développent parallèlement aux nervures et prennent une forme fusiforme (photos). La décoloration est d’abord jaune puis grise, avant l’apparition d’une poussière noirâtre (source de sporulation du champignon). Sur de fortes attaques, l’appareil végétatif peut être pratiquement envahi de taches, laissant apparaître un dessèchement prématuré.
Sur les secteurs historiques, la maladie se propage au niveau des feuillages du bas vers le haut de la plante (parcelles contaminées les années antérieures) ou par le haut pour les secteurs nouvellement contaminés.
Un bon tassement du silo limite l’impact sur la valeur alimentaire
En maïs fourrage, l’helminthosporiose peut conduire à une perte de rendement de 10 à 15 % si plus de 70 % de l’appareil végétatif est atteint, voire 20 % en cas d’attaque précoce (figure 1). Le dessèchement de l’appareil végétatif peut également conduire à une augmentation de la matière sèche de 1 à 2 points (3-4 points en cas d’attaque précoce). Il faut rester vigilant sur les conditions de récolte et surtout de stockage. Un fourrage trop sec rend difficile le tassement du silo pour chasser l’oxygène et créer des conditions anaérobies essentielles à la bonne conservation du fourrage.
La note helminthosporiose va de 0 (absence de symptôme) à 10 (dessèchement de plus de 90 % de la surface foliaire). Pour des notes inférieures à 4-5 (moins de 50 % de la surface foliaire touchée), la perte de rendement est faible et loin d’être systématique. Pour des notes supérieures à 8, la perte peut atteindre 10 à 15 %. Une forte attaque précoce en 2007 à Ploudaniel (29) avait conduit à une perte de 15 à 20 % pour les variétés les plus attaquées, soit environ 3,6 t MS/ha.
Malgré des pressions parfois importantes, la valeur énergétique du fourrage est peu impactée (figure 2), car la maladie n’altère pas la production de grains et donc d’amidon. A noter que ce n’est pas le cas pour des dessèchements liés à un stress hydrique précoce pouvant impacter la fécondation et l’avortement de grains. De même, la digestibilité de l’appareil végétatif n’est pas impactée non plus malgré le dessèchement apparent. Même si les raisons physiologiques sont différentes, ce constat a aussi été réalisé sur des maïs partiellement ou totalement desséchés par la sécheresse (2019, 2020, 2022) : les feuilles sèches étaient aussi digestibles que les feuilles vertes. La seule condition pour limiter l’impact de la maladie dépend de la capacité à tasser correctement le fourrage. Dans ce cas et si le maïs est à maturité, un hachage fin (8-10 mm) est conseillé afin de favoriser le tassement et la conservation de l’ensilage.
La note helminthosporiose va de 0 (absence de symptôme) à 10 (dessèchement de plus de 90 % de la surface foliaire).
Le choix variétal pour gérer la maladie
La maladie se gère très bien via la tolérance variétale qui est mise à jour chaque année via des essais ARVALIS à Ploudalmezeau (29). Ces résultats sont disponibles sur le site varmaïs.fr.
D’autre part, l’absence de maïs sur maïs, le broyage et l’enfouissement des résidus de culture limitent les contaminations les années suivantes.
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