Maïs fourrage 2022 : une valeur énergétique assez faible
En 2022, les rendements en maïs fourrage sont en forte baisse par rapport à 2021 et inférieurs à la moyenne pluriannuelle. Les maïs sont pauvres en grains, la digestibilité des fibres correcte, d’où une valeur énergétique assez moyenne. Gros plan sur la qualité des maïs fourrages 2022, établie sur la base de 11 211 échantillons provenant de 26 laboratoires et organismes d’élevage (*).
Des teneurs en matière sèche élevées
La teneur en matière sèche (MS) moyenne à la récolte est élevée (35 % MS). Ce chiffre est à relier à une évolution rapide des plantes en fin de cycle et des maïs parfois atypiques (part de grain variable, appareil végétatif desséché). Malgré des dates de récoltes très précoces, 43 % des maïs ont été récoltés à plus de 35 % MS, et même un quart à plus de 38 % MS. Avec ces maïs très secs, il faut être vigilant sur la qualité de conservation : la porosité plus élevée de silos de maïs récoltés trop secs augmente le risque de pertes par une moins bonne conservation et une reprise de fermentation au front d’attaque lors du désilage.
Des maïs assez pauvres en amidon
La teneur moyenne en amidon, à 27,7 % (± 7,7 %) au niveau national, est inférieure de 4 points par rapport à 2021 et l’une des plus faibles observées ces 10 dernières années.
Le déficit hydrique couplé aux températures caniculaires pendant la phase de plus grande sensibilité du maïs fourrage a entraîné des défauts de fécondation plus ou moins marqués. Dans les zones les plus favorables ou ayant bénéficié d’orages significatifs fin juin, les pluies de mi-août ont permis d’assurer un remplissage correct des grains. En revanche, dans bon nombre de situations, le retour des pluies à partir de mi-août est intervenu trop tardivement (ou a été insuffisant) pour impacter significativement la production de grains ; ces pluies ont seulement permis de réhumecter l’appareil végétatif avant la récolte. Au sein d’un même territoire, de fortes disparités sont aussi observées sur la part de grains des maïs, en lien avec la date de semis, la réserve utile du sol, les orages parfois très localisés et la possibilité d’irriguer ou non.
Excepté les zones Ouest et Nord en bordure maritime Manche (teneur en amidon « normale », autour de 31 % de la MS) et quelques départements du Sud-Ouest, l’essentiel du territoire est concerné par ce déficit de grains dans les maïs. La région Centre-Ouest est particulièrement impactée avec une teneur en amidon moyenne de 22,6 % (tableau 1). Suivent les régions Est, Piémonts-Montagne et Sud-Ouest avec des teneurs en amidon comprises entre 25 et 27 % de la MS.
Une digestibilité des fibres correcte
La quantité de fibres (NDF) est supérieure à celle de 2021 du fait d’une proportion de tiges-feuilles/grains plus élevée à la récolte.
La digestibilité des fibres (dNDF) est correcte cette année, avec une moyenne égale à 51,7 % (± 4,3 %), soit 0,6 point de mieux qu’en 2021. La durée de cycle raccourcie et le stress hydrique subi par les maïs laissaient cependant entrevoir une digestibilité des fibres supérieure, telle qu’observé en 2018, 2019 et 2020.
Les maïs ayant les fibres les plus digestibles se retrouvent dans les régions où les ensilages ont été effectués précocement. C’est le cas des maïs des zones Centre-Ouest, Est et Piémonts-Montagne qui présentent respectivement des niveaux de dNDF moyens de 52,8 %, 52,9 % et 52,7 % (tableau 1). La qualité des fibres de ces plantes jeunes a ainsi été préservée de la sénescence accélérée de la fin de cycle. Comme les années précédentes, les ensilages réalisés dans le Nord, l’Ouest et le Sud-Ouest présentent une digestibilité des fibres inférieure à la moyenne nationale à cause d’une durée de cycle plus longue (Nord et Ouest) et une utilisation d’hybrides tardifs plus typés grain (Sud-Ouest).
Une valeur alimentaire assez moyenne
La teneur en matières azotées totales (MAT) des ensilages de maïs est supérieure de 0,7 point à celle obtenue en 2021, avec en moyenne 7,7 % (± 1,1 %). Ces teneurs plus élevées s’expliquent essentiellement par un effet de concentration dû aux faibles rendements. Outre l’effet rendement (facteur explicatif majeur), la qualité d’implantation (enracinement), le niveau de fertilisation et la minéralisation de l’azote du sol, notamment avant la floraison, ont aussi un impact sur la teneur en MAT. La teneur en protéines digestibles dans l’intestin (PDI) est de 62 g/kg MS et la balance protéique du rumen est de -34 g/kg MS. Ces indicateurs calculés sont en légère hausse par rapport à 2021, à cause de la plus forte teneur en protéines brutes des maïs 2022 alors que la teneur en énergie fermentescible est équivalente.
A l’échelle nationale, la teneur en énergie du maïs fourrage, exprimée en UFL (système INRA 2018), est en moyenne de 0,94 UFL/kg MS, équivalente à celle de 2021 bien que le profil de maïs de ces deux campagnes soit très distinct. La moitié des ensilages de maïs présentent une valeur énergétique inférieure à 0,94 UFL/kg MS, moins adaptés pour des animaux hauts productifs. Ces faibles valeurs énergétiques sont liées à la faible part de grains, non compensée par la digestibilité des fibres et la teneur en sucres solubles. En synthèse, les rendements sont en forte baisse sur une majorité de régions et la qualité du cru de maïs fourrage 2022 n’est pas au rendez-vous.
Tableau 1 : Caractéristiques qualitatives des maïs fourrage 2022 par zone géographique
(1) « Centre-Ouest » : Pays de la Loire (sauf Mayenne), Centre-Val de Loire, Deux-Sèvres, Vienne, Haute-Vienne et Creuse ;
(2) « Est » : Seine-et-Marne, Champagne-Ardenne, Lorraine (sauf Vosges), Bourgogne (sauf Saône-et-Loire) et Bas-Rhin ;
(3) « Nord » : Hauts-de-France et Haute-Normandie ;
(4) « Ouest » : Bretagne, Basse-Normandie et Mayenne ;
(5) « Piémonts-Montagne » : Franche-Comté, Vosges, Haut-Rhin, Saône-et-Loire, Auvergne, Aveyron, Rhône-Alpes, Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées ;
(6) « Sud-Ouest » : Charente et Charente-Maritime, Aquitaine (hors Pyrénées-Atlantiques), Midi-Pyrénées (hors Aveyron et Hautes-Pyrénées).
(*) La base de données constituée rassemble 11 211 analyses de fourrages effectuées par 26 organismes : Wisium, Evialis, Germ-Services, Provimi, MiXscience, Sanders, Seenovia, LG, Laboratoire CESAR, Nutrea, Terrena, Nealia, Océalia, Alicoop, Innoval, Lorial, DFP Nutraliance, Feedia, IDENA, Valorex, Eilyps, Terres de l’Ouest, Optival, Oxygen, RAGT Plateau central, Union laitière de la Meuse.
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