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Lutte contre les maladies du sol : les couverts et la biofumigation à l'étude

Outre les différents services écosystémiques qu’ils apportent, les couverts d’interculture peuvent contribuer à la protection des cultures principales. Certaines espèces de couverts offrent un potentiel effet biocide par biofumigation contre les bioagresseurs telluriques tels que Gaeumannomyces tritici, agent du piétin-échaudage. ARVALIS vient de mettre en place des essais pour évaluer cet effet en plein champ.

couvert de moutarde

La biofumigation est une technique qui consiste à utiliser les propriétés biochimiques de certaines plantes pour lutter contre les ravageurs et les maladies du sol. Plus spécifiquement, elle implique l'incorporation dans le sol de matières végétales riches en composés bioactifs. Ces composés, principalement des glucosinolates, sont issus de plantes de la famille des Brassicaceae, telles que la moutarde. Lorsque ces plantes sont broyées et incorporées dans le sol, les glucosinolates qu'elles contiennent se dégradent en présence d'eau et d'enzymes (les myrosinases). Elles libèrent alors des isothiocyanates, des composés volatils qui possèdent des propriétés fongicides, bactéricides et nématicides.

Des effets in vitro à confirmer au champ

Des études in vitro ont montré que les isothiocyanates ont des effets biocides prometteurs sur de nombreux pathogènes. C’est par exemple le cas sur Rhizoctonia solani (le rhizoctone brun de la pomme de terre), Verticillium dahliae (responsable de la verticilliose du lin) ou Gaeumannomyces tritici (responsable du piétin-échaudage du blé). Ces études démontrent que les glucosinolates et leurs dérivés peuvent jouer un rôle clé dans la gestion des maladies du sol de manière naturelle et durable.

La biofumigation offre donc des perspectives prometteuses pour la lutte contre les maladies telluriques en grandes cultures. Intégrée dans une approche de gestion des maladies, elle pourrait contribuer à réduire la dépendance aux fongicides chimiques, minimisant ainsi les impacts environnementaux négatifs.

De nombreux paramètres à évaluer

Néanmoins, en plein champ, la réduction de la pression parasitaire par ce biais a souvent été variable d’une étude à l’autre et dépend de nombreux paramètres tels que le type de sol, le climat ou les pratiques d’incorporation utilisées. De plus, la concentration et la distribution des glucosinolates varient au sein des espèces, des tissus végétaux ou entre cultivars.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour optimiser les protocoles de biofumigation, tels que la sélection des espèces et cultivars de plantes les plus efficaces, le timing de l'incorporation, et la gestion des quantités de biomasse nécessaires pour maximiser les effets suppressifs sur les pathogènes du sol. Dans cette optique, ARVALIS vient de mettre en place deux essais avec différentes espèces de moutardes, de radis fourragers et de vesces.

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