Ce mois-ci dans Perspectives Agricoles : les OAD modifient-ils le métier d’agriculteur ?
Alors que le contexte agricole se complexifie, du fait de la variabilité croissante des aléas climatiques ou économiques, les outils d’aide à la décision (OAD) se perfectionnent et sont de plus en plus répandus. Précisions sur ce qu’il faut en attendre par Emmanuelle Gourdain, spécialiste en modélisation chez ARVALIS - Institut du végétal.
Perspectives Agricoles : Quels sont les principes de fonctionnement des OAD ?
Emmanuelle Gourdain : Un des enjeux majeurs des outils d’aide à la décision est d’analyser la situation qui se présente pour ajuster les interventions en cours de campagne. Certains OAD trouvent également leur place dans les choix stratégiques.
Les OAD complètent les informations provenant des conseillers et des observations de terrain. Ils facilitent l’intégration de données multiples dans la prise de décision. Comme tout outil, leur mise en œuvre doit être relativement simple et intuitive afin d’être directement opérationnelle pour les utilisateurs. Les OAD se développent avec l’essor du numérique. Ils sont le plus souvent accessibles sur Internet, tablettes et smartphones.
Ils reposent généralement sur des modèles mathématiques, descriptifs ou prédictifs, et débouchent sur des indicateurs de risque.
P. A. : En quoi les modèles sont-ils importants ?
E. G. : Ce sont les moteurs des OAD. Ils ont des rôles bien précis, soit pour mieux comprendre un système, prédire son évolution ou encore celle d’un paramètre. Ils font appel pour leur élaboration à des compétences spécifiques en agronomie, informatique et statistique. Leur fonction principale est de quantifier les évolutions en vue de proposer une adaptation des interventions culturales.
Les modèles sont construits sur la base de données historiques et sont définis pour un domaine de validité connu. Ils doivent être régulièrement mis à jour pour tenir compte des évolutions, telles que le climat, la résistance des bioagresseurs, les caractéristiques variétales… Ils donnent, par exemple, des indications sur la présence ou non de maladies. Ils aident ainsi à identifier les parcelles nécessitant un suivi particulier et à limiter le cas échéant les déplacements. Ils contribuent également à réduire les interventions quand c’est possible. Regroupées en tableau de bord, ces informations peuvent être utiles à l’organisation du travail, en particulier en fonction des conditions météorologiques.
P. A. : Quelles évolutions faut-il en attendre ?
E. G. : Les OAD ont vocation à intégrer de plus en plus d’informations issues de sources variées, augmentant ainsi la pertinence et la fiabilité de leurs prévisions. L’utilisateur a aussi un rôle actif à jouer en alimentant lui-même les données utilisées par les modèles, pour une analyse plus fine à l’échelle de son exploitation, voire de ses parcelles. Les nouvelles technologies participent grandement à cet objectif avec le développement de capteurs présents sur les matériels agricoles ou dans les champs. La gestion des bases de données et des systèmes de communication devient un enjeu important. De nouvelles disciplines scientifiques apparaissent, notamment en lien avec l’utilisation des mégadonnées.
Les OAD ne sont pas des outils de prise de décision, si tant est qu’ils puissent l’être un jour en agriculture, mais bien d’aide à la décision. L’utilisateur reste au centre du processus. Il est le seul à pouvoir intégrer dans ses choix, outre les informations techniques, tous les éléments de contexte.
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