Les engrais foliaires ne font pas mieux que l’ammonitrate, même par temps sec
Les conditions de valorisation du dernier apport d’azote sur blé sont extrêmement compliquées cette année au vu du manque de pluie depuis mi-avril et des stades précoces des cultures. Cette situation étant complètement anormale par rapport aux 20 dernières années, on peut se poser la question de l’intérêt des apports d’engrais foliaires. Les résultats des essais antérieurs permettent de rappeler les limites de ces produits.
A dose d’azote équivalente : les engrais foliaires et ammonitrate sont équivalents sur le rendement mais pas sur la protéine
De fausses idées reçues perdurent selon lesquelles les apports par voie foliaire sont mieux valorisés que des formes solides comme l’ammonitrate (absorbé par voie racinaire) dans des conditions sèches. Autrement dit, certains pensent que 1 kg N/ha d’engrais foliaire est supérieure à 1 kg N/ha d’engrais solide… ceci est faux !
Des essais, menés de 2001 à 2014, ont évalué l’intérêt des engrais foliaires en dernier apport par rapport à un dernier apport d’ammonitrate à dose d’azote équivalente dans des conditions favorables et défavorables. Les résultats mettent en évidence que les apports par voie foliaire ne font pas mieux que l’ammonitrate sur le rendement. Ces essais montrent également que, sur la protéine, la perte est de 0,5 % de manière significative pour les apports foliaires.
Figure 1 : Impact sur le rendement (à gauche) et le taux de protéines (à droite) d'apport d'engrais foliaires au stade dernière feuille étalée du blé - Synthèse de 13 essais ARVALIS 2001-2014
Engrais foliaires appliqués selon les préconisations des fabricants à raison de 2,5 à 20 kg N/ha suite à deux apports d’ammonitrate courant tallage et épi à 1 cm (dose totale d’ammonitrate : X-40 complété par de l’azote appliqué par voie foliaire).
Comparaison aux rendements et taux de protéines théoriques obtenus pour la même dose totale d’azote distribuée sous forme d’ammonitrate en trois apports : courant tallage, épi à 1 cm et fin montaison. Les valeurs théoriques pour la modalité de référence d’ammonitrate ont été déterminées à partir des courbes de réponse à la dose d’azote.
Test statistique en comparaison avec la référence AMMONITRATE
Engrais foliaires : une quantité d’azote absorbée limitée
L’objectif de ces apports foliaires est d’obtenir une absorption d’azote par voie foliaire. La composition des engrais foliaires varie selon les spécialités. Toutefois, au moment de l’application, une partie de cet azote ne va pas sur les feuilles mais directement au sol (environ 20 % fin montaison) et subit la volatilisation. Pour ce qui est absorbé par les feuilles de la plante, il faut de forte hygrométrie, ce qui est difficile à obtenir par temps sec. De plus, le dosage et les recommandations d’application à l’hectare de ces produits n'apporte que de 6 à 20 kg N/ha, ce qui est limitant parfois pour des cultures avec de plus forts besoins. Augmenter la dose d’engrais foliaires ne ferait qu’engendrer des brûlures sur les dernières feuilles contribuant au rendement.
Quelle que soit la forme : positionner l’azote avant gonflement
Les pluies parfois annoncées dans certains secteurs pour les jours à venir peuvent poser la question du positionnement du dernier apport, quelle que soit la forme de l’engrais. Celui-ci peut être fait si le stade de la culture n’a pas dépassé le dernier feuille-gonflement. Au-delà de ce stade, l’apport d’azote ne va pas contribuer à l’augmentation de rendement, mais à celui de la protéine. Pour plus d'informations, référez-vous au dernier message Bretagne sur l’azote.
A retenir !
En conclusion, les apports d’éléments nutritifs par les engrais foliaires sont difficilement comparables aux apports au sol car bien souvent les quantités en jeu sont beaucoup plus faibles et, dans certains cas, insignifiantes au regard des besoins des cultures.
À dose d’azote équivalente, les engrais foliaires ne sont pas mieux valorisés que l’ammonitrate : 1 kg N/ha apporté par ces produits équivaut à 1 kg N/ha apporté par l’ammonitrate. Contrairement aux idées reçues, ils n’apportent donc pas une efficacité supérieure par rapport à l’ammonitrate. L’obligation de restreindre l’apport de ces produits à de faibles quantités d’azote, pour éviter les brûlures des feuilles et en raison de leur coût à l’unité fertilisante, en limite fortement l’intérêt. Aussi, pour maximiser l’efficacité du dernier apport d’azote sur céréales, il est préférable d’utiliser un engrais solide.
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