Mildiou de la pomme de terre : le type de buses, plus déterminant que le volume de bouillie et l’adjuv
Les traitements contre le mildiou de la pomme de terre reposent sur des produits majoritairement de contact ou faiblement systémiques. Se posent souvent les questions du volume de bouillie, de l’intérêt des adjuvants mouillants et du type de buses à utiliser pour une efficacité optimale. Réponses avec les essais conduits par ARVALIS - Institut du végétal et AGRIDYNE.
La première campagne d’essais, en 2014-2015, a permis d’évaluer les impacts du volume de bouillie et de l’ajout d’un adjuvants (Silwett à 0,15 %) au pouvoir étalant et rétenteur.
Le produit Emendo M (60 g/kg de valiphénal + 600 g/kg de mancozèbe) a été appliqué avec ou sans adjuvant à 50 l/ha, 150 l/ha et 250 l/ha. Le produit Shirlan (500 g/l de fluazinam) a également été testé à ces trois volumes de bouillie mais sans adjuvant. Les applications ont été répétées par cadence de 7 jours dès le stade « végétation stabilisée » (tableau 1).
Tableau 1 : Modalités testées en 2014-2015 sur 5 essais réalisés par ARVALIS - Institut du végétal et AGRIDYNE
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Lors de la campagne 2015-2016, le même type de protocole a été mis en place mais avec un objectif supplémentaire : étudier l’influence du type de buse, qui peut avoir un effet non négligeable sur la qualité de pulvérisation et donc sur l’efficacité de protection contre le mildiou. Seul Emendo M a été utilisé, selon trois volumes de bouillie : 50 l/ha, 100 l/ha et 200 l/ha, avec ou sans adjuvant Silwett à 0,15 % (tableau 2). Chaque modalité a été pulvérisée à l’aide de deux buses différentes : une buse à fente classique basse pression (XR, Teejet) et une buse à injection d’air basse pression (CVI, Albuz) (tableau 3).
Tableau 2 : Modalités testées en 2015-2016 sur 3 essais réalisés par ARVALIS - Institut du végétal et AGRIDYNE
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Tableau 3 : Calibres, pressions d’utilisation et vitesse d’avancement correspondant aux volumes de bouillie testés
Légende : L’objectif de ces réglages est d’avoir des tailles de gouttes les plus similaires possibles entre les différents volumes de bouillie.
Pas d’effet significatif du volume de bouillie et de l’adjuvant
La synthèse des huit essais montre que le volume de bouillie n’a pas d’effet significatif sur l’efficacité des deux produits testés (figure 1). Ils peuvent s’appliquer à tout volume de bouillie compris entre 50 l/ha et 250 l/ha.
Figure 1 : Comparatif des volumes de bouillie pour Emendo M et Shirla® - Moyenne de 5 essais réalisés en 2014-2015. Analyse statistique effectuée avec un modèle linéaire mixte et moyennes ajustées de l’AUDPC relative.
TNT : Témoin non traité
AUDPC : area under the disease-progress curve (aire sous la courbe de progression de la maladie)
L’analyse plus fine des modalités avec Emendo M montre que le volume de bouillie et l’adjuvant n’ont pas d’effet significatif sur l’efficacité, malgré une légère tendance positive avec l’ajout d’adjuvant (figure 2). Ces résultats sont cohérents avec l’ensemble des essais réalisés sur fongicides systémiques sur céréales à paille.
Figure 2 : Effet du volume de bouillie et de l’adjuvant sur l’efficacité d’Emendo M. Moyenne de 5 essais réalisés en 2014-2015. Analyse statistique effectuée avec un modèle linéaire mixte et moyennes ajustées de l’AUDPC relative.
TNT : Témoin non traité
Ss_adj : sans adjuvant
AUDPC : area under the disease-progress curve (aire sous la courbe de progression de la maladie)
La buse à injection d’air plus efficace que la buse à fente classique
Les trois essais réalisés en 2015-2016 vont dans le même sens que ceux de la campagne précédente. Le volume de bouillie et l’adjuvant Silwett n’ont pas d’effet significatif sur l’efficacité d’Emendo M (figure 3).
Figure 3 : Effet du volume de bouillie et de l’ajout d’adjuvant sur l’efficacité de protection. Moyenne de 3 essais réalisés en 2015-2016. Analyse statistique effectuée avec un modèle linéaire mixte et moyennes ajustées de l’AUDPC relative.
TNT : Témoin non traité
Ss_adj : sans adjuvant
AUDPC : area under the disease-progress curve (aire sous la courbe de progression de la maladie)
En revanche, le type de buses est un facteur déterminant sur l’efficacité de la protection : la buse à injection d’air est significativement plus efficace que la buse à fente classique (figure 4).
Figure 4 : Effet du type de buse sur l’efficacité de la protection – comparaison entre une buse à injection d’air (CVI, Albuz) et une buse à fente classique (XR, Teejet) (lettres statistiques différentes). Moyenne de 3 essais réalisés en 2015-2016. Analyse statistique effectuée avec un modèle linéaire mixte et moyennes ajustées de l’AUDPC relative.
TNT : Témoin non traité
AUDPC : area under the disease-progress curve (aire sous la courbe de progression de la maladie)
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce résultat :
- sur céréales, un dépôt de bouillie plus important - de l’ordre de 10 % - a été observé avec une buse à injection d’air, comparée à une buse à fente classique. Si cela s’avère également le cas sur pomme de terre, cela pourrait expliquer la meilleure efficacité de la buse à injection d’air.
- les buses à injection d’air produisent de plus grosses gouttes que les buses à fente classique. Les gouttelettes se dessècheraient moins vite, ce qui expliquerait une plus grande persistance du produit.
- enfin, il ne faut pas oublier qu’Emendo M est un mélange de deux molécules à mode d’action de contact (mancozèbe) et translaminaire (valiphénal), jamais étudiées jusqu’à maintenant.
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