Jaunissement des orges d’hiver  : plusieurs origines possibles

Photo 1 : Messigny (21) le 22 février 2023

Photo 2 : Messigny (21) le 22 février 2023

Photo 3 : Messigny (21) le 22 février 2023

Carence en azote peu probable

Généralement, lorsqu’une orge se met à jaunir en sortie d’hiver, pour beaucoup c’est parce qu’elle exprime une carence en azote. Cette hypothèse est difficile à valider cette année. D’abord parce que tous les types de sols sont concernés. Ensuite parce que les parcelles de blé limitrophes de ces orges sont bien vertes. Et puis, cela a été déjà dit sur ce début de campagne 2022 – 2023, les céréales d’hiver ont eu une bonne couverture de leurs modestes besoins en azote grâce à la minéralisation importante enregistrée pendant l’automne et jusqu’à mi-janvier.

Et puis compte tenu de la forte biomasse présente, si jamais quelques talles secondaires étaient un peu moins bien alimentées, ce serait profitable ou futur peuplement des épis les plus efficaces.

Des défauts sanitaires, probablement mais au cas par cas

Les symptômes les plus fréquemment rencontrés sont ceux de la mosaïque. Ils se traduisent par des grandes plages plus jaunes au milieu des parcelles, plutôt de type argilo-calcaires. Cette maladie virale est transmise aux plantes par un micro-organisme du sol capable de coloniser les systèmes racinaires et de transmettre les virus aux céréales. La colonisation est particulièrement importante lors d’automnes et d’hivers doux : le parasite peut alors réaliser de nombreux cycles de contamination et diffuser de grandes quantités de virus. Les symptômes sont aggravés lorsqu’une période de gel survient et favorise le transfert des virus des racines vers les feuilles. Sur ces dernières, les symptômes typiques sont des tirets chlorotiques répartis irrégulièrement, en mosaïques (photo 4), très différemment des symptômes de certaines carences. 

Photo 4 : Symptômes mosaïque sur orge d'hiver

Moins fréquents, mais bien présents quand ils sont observés, des symptômes de maladies telles que la rouille naine et l’oïdium. L’expression de ces maladies est liée au climat globalement doux depuis l’automne ainsi qu’à la sécheresse qui sévit depuis un mois. Ces symptômes sur des « futures vieilles feuilles » ne méritent pas de traitements particuliers.

Enfin, du côté de la jaunisse nanisante qui a pu faire parler d’elle au cours d’années passées, rien à signaler cette année. Pas de pucerons à l’automne et pas de moutonnements caractéristiques de cette viroses dans les parcelles.

Climat chaotique depuis un mois, c’est quasi sûrement une bonne raison

Depuis la mi-janvier, non seulement les amplitudes thermiques sont fortes (figure 1) et il n’est pas tombé une seule goutte de pluie (figure 2).

Figure 1 : températures journalières du 15 janvier au 23 février 2023 – Station météo de Dijon (21)

Source : Météo France

Figure 2 : Pluies journalières entre le 15 janvier et le 23 février 2023 – Station météo de Dijon (21)

Source : Météo France

En conséquence, toutes les orges d’hiver traduisent un stress fort en jaunissant, à côté de blés tous verts qui n’ont pas les mêmes caractéristiques physiologiques pour développer les mêmes symptômes.

Il est fort à parier que dès que les températures se radouciront durablement, sans amplitude thermique, et que - surtout - les pluies feront un retour significatif, les orges devraient reprendre des couleurs.