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Poitou-Charentes

Infestations de cécidomyies dans les blés : anticiper les risques dès la prochaine campagne

Les conditions climatiques ont pu être propices au développement des cécidomyies sur blé : des larves peuvent être actuellement observées dans les épis. Il faudra être particulièrement vigilant les prochaines années dans les parcelles concernées et mettre en œuvre les moyens nécessaires afin de lutter contre ce ravageur.

trois cécidomyies jaunes sur épi de blé

La situation

Sur les secteurs historiques à risque cécidomyies, des remontées terrain font état de présence de larves dans les épis. Les parcelles semées fin novembre seraient les plus concernées selon les premiers échos. Par ailleurs, les cas diagnostiqués ont révélé la présence de nombreuses larves par épi, également pour des parcelles conduites avec des variétés résistantes à la cécidomyie orange. L'observation plus fine des larves confirme le diagnostic de la présence de « cécidomyie jaune » avec des larves « jaune » et non « orange vif/fluo ». En fonction des parcelles, on a pu toutefois observer les deux espèces avec une prédominance de la cécidomyie jaune plutôt que orange.

Cette année, la pluviométrie non limitante de fin avril et début mai a pu favoriser l’émergence des cécidomyies adultes sur les parcelles à risque. Les femelles fécondées recherchent leur site de ponte dans la parcelle de blé d’émergence ou avoisinante à celle-ci. Les conditions favorables à la ponte sont bien connues : généralement en soirée, lorsque l’intensité lumineuse diminue, à la faveur de vents faibles et de températures suffisantes (> 15°C), les adultes vont voler et les femelles vont pouvoir pondre dans les fleurs de blé aux stades sensibles d’épiaison à début floraison. Les temps orageux sont très favorables aux vols.

La période courte et chaude autour du 10 mai a pu être favorable aux pontes (figure 1).  Les semis de fin novembre seraient plus concernés puisque les vols, et donc la ponte, ont davantage coïncidé avec le stade sensible du blé (c’est-à-dire de début épiaison à fin floraison), contrairement aux semis précoces dont la floraison était quasiment dépassée.

Figure 1 : Offre climatique / températures et pluviométrie – Campagne 2024-2025

Figure 1 : Offre climatique / températures et pluviométrie – Campagne 2024 - 2025

Biologie des cécidomyies

Deux espèces distinctes coexistent en France avec des connaissances plus riches pour la cécidomyie orange. Malgré tout, la « jaune » par sa morphologique, son cycle biologique et les dégâts qu’elle occasionne est très proche de la cécidomyie orange. Quelques repères pour les distinguer :

  • La principale caractéristique permettant de les distinguer est leur couleur : jaune pour la première, et orange vif/fluo pour la seconde.
  • Contrairement à sa consœur orange, la cécidomyie jaune du blé pond ses œufs par petits amas de cinq à dix œufs si bien qu’il est fréquent de retrouver plusieurs larves de cécidomyies sur une même fleur de blé (grâce à la longueur de son ovipositeur). Elle pond aussi plus précocement (toujours grâce à son ovipositeur plus long permettant de déposer les œufs plus profondément entre les glumelles un peu moins ouvertes début épiaison).
  • Certaines variétés de blé tendre sont résistantes aux cécidomyies orange. Cette résistance n’empêche pas les cécidomyies adultes de pondre dans les épis mais les larves qu’elles produiront ne pourront pas se développer et n’engendreront pas de dégâts. En effet, un gène de résistance a été identifié permettant d’augmenter la production d’acides phénoliques dans le grain conduisant à la mort des jeunes larves par « intoxication » et arrêt de consommation. Aucune variété résistante ne l’est pour la cécidomyie jaune.
figure 2

Semis fin novembre (17) – CA 17/79 - G. Chollet
Semis fin novembre (86) - Coopérative La Tricherie C. Charlet

Semis fin novembre (86) – Coopérative La Tricherie C. Charlet
Semis fin novembre (17) - CA 17/79 - G. Chollet 
 

Les photos ci-dessus, prises cette année par nos partenaires, illustrent ces retours terrains avec une prédominance de la cécidomyie jaune dans les secteurs historiquement attaqués.

Conséquences

En cas d’attaque de cécidomyies orange, pour les variétés sensibles, la nuisibilité observée est la conséquence d’une consommation directe du grain impactant sa taille et sa forme. Les dégâts sont à la fois qualitatifs et quantitatifs. Les pertes de rendement peuvent atteindre 30 %, et souvent entre 3 et 10 q/ha. On considère généralement qu’une larve par épi équivaut à une perte d’un quintal par hectare. De plus, en cas de forte attaque, le temps de chute de Hagberg peut nettement diminuer, la valeur boulangère est affectée et les risques de germination sur pied sont accrus.

En cas d’attaque de cécidomyies jaune, la nuisibilité est difficilement estimable, l’impact de ce ravageur a été peu étudié (moins commun en France et au-delà des frontières) ; la perte de rendement correspond davantage à une diminution du nombre de grain. La bibliographie indique que la nuisibilité est moins impactante.

Point de vigilance pour les années à venir

Une parcelle ayant un historique d’attaques de cécidomyies a de fortes chances d’être à nouveau touchée les années suivantes, sous réserve que les conditions climatiques soient favorables à l’émergence des adultes. En effet, au terme de sa croissance et de son dernier stade de développement, la larve quitte l’épi (à la faveur de pluies par exemple) pour gagner le sol. En début d’été, la larve tombée sur le sol humide s’enfonce et tisse un cocon de protection et entre en « diapause » (forme de vie ralentie jusqu’au printemps suivant). Les larves survivent dans le sol avec des sorties d’adultes possibles sur trois ou quatre ans pour la « jaune » et quatre à cinq ans, voire jusqu’à douze ans pour la cécidomyie orange. Il convient donc d’être vigilant dans les parcelles concernées ayant subi des attaques cette année ou limitrophes à celles-ci.

En préventif l’année prochaine

Choisir une variété résistante à la cécidomyie orange si cette dernière a été observée, même si cette résistance ne protège pas envers la cécidomyie jaune, qui peut ponctuellement occasionner des dégâts.

Dans tous les cas, on limitera la présence de blé dans la rotation, deux ans sans céréales ont montré une diminution de la population larvaire de cécidomyies orange de la parcelle.

En curatif

En parcelle à risque, la lutte chimique vise uniquement la destruction des adultes en cours de ponte. C’est la raison pour laquelle il sera indispensable d’y positionner des cuvettes jaunes l’année prochaine. A faire à partir de l’épiaison pour suivre les vols des adultes et déclencher un éventuel traitement si les captures sont de 10 cécidomyies par cuvette sur 24 h ou bien de 20 cécidomyies sur 48 h dans le cas de relevés tous les deux jours.

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