Excès d’eau : quelles conséquences pour les céréales d’hiver déjà semées ou en passe de l’être ?
Les cumuls importants de pluie depuis le 20
Après un début d’automne sec, les perturbations climatiques s’enchaînent depuis la mi-octobre. Localement, des records de précipitation ont été battus pour la saison. Mais c’est l’ensemble du territoire qui reçoit des pluies nettement supérieures à la moyenne (carte 1).
Carte 1 : Ecart à la normale des précipitations cumulées entre le 1er octobre et le 10 novembre 2023
Sans surprise, les forts cumuls d’eau saturent (temporairement ou durablement) les sols, interdisant l’entrée de matériel dans les parcelles. Les secteurs les plus touchés par les excès d’eau sont les zones à forte pluviométrie et à sols à faible capacité d’absorption (faible réservoir utile, infiltration lente). La carte 2 estime l’excès d’eau (lame d’eau drainante ou excès non absorbable) depuis le 1er octobre pour des sols de profondeur moyenne.
Carte 2 : Drainage estimé (en mm) du 1er octobre au 10 novembre en sol moyen
Des conséquences pour les parcelles déjà semées
Pour les céréales déjà implantées, l’excès d’eau est surtout problématique au moment de la germination et de la levée à 3 feuilles s’il y a submersion totale pendant quelques jours. Des plantules en train de germer sont en effet très sensibles à l’anoxie et vont rapidement dépérir dans un sol gorgé en eau.
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Ces situations vont essentiellement se rencontrer dans des zones spécifiques : mouillères, fonds de vallée de rivières qui débordent. Elles pourront faire l’objet d’un resemis si nécessaire lorsque les sols seront ressuyés.
L’humidité extrême des sols et les pluies continues de ces derniers jours ont également bloqué les interventions sanitaires. De nombreuses parcelles n’ont pas pu être désherbées en prélevée comme prévu initialement, et les programmes de désherbage vont devoir être retravaillés en fonction des créneaux climatiques.
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Et pour les parcelles restant à semer ?
Pour les parcelles non semées à ce jour, de multiples cas de figure se présentent en fonction du secteur et de l’espèce envisagée.
Dans l’ouest de la France, moins de la moitié des orges d’hiver a pu être implantée. Les références techniques sur ces espèces semées en novembre voire en décembre sont très rares et le potentiel de rendement mal cerné. Physiologiquement, les orges d’hiver poussent et tallent rapidement. Elles sont suffisamment alternatives pour épier après un semis de novembre ou décembre, mais restent sensibles à l'excès d'eau et au gel hivernal. Il est donc possible de semer des orges d’hiver dans les semaines qui arrivent, notamment pour terminer des parcelles ou solder des semis débutés. Par contre, là où les semis n’ont pas commencé, la question de basculer vers une orge de printemps (semée en novembre-décembre ou en février), ou une autre céréale d’hiver assez alternative (blé tendre précoce, triticale) peut se poser.
Pour le blé tendre et le blé dur, les conséquences des retards de semis sont assez bien cernées milieu par milieu. Là encore, ces espèces présentent une grande souplesse de date de semis, considérant que les variétés hiver à très hiver ont probablement déjà été implantées. Dans l’immédiat, il n’est pas nécessaire de repenser fondamentalement son choix variétal. Si les reprises d’implantation sont malheureusement repoussées à décembre ou janvier, il sera alors judicieux de s’interroger sur les variétés à semer.
Dans certains cas très affectés par les excès d’eau (forte pluviométrie et/ou sols naturellement hydromorphes), un report vers des cultures de printemps ou d’été devient inévitable.
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