Du semis à la récolte : comment réussir une Cive d’été ?
Les Cultures intermédiaires à vocation énergétiques (Cive) sont semées entre deux cultures alimentaires. On parle de Cive d’été lorsque le couvert est implanté après la moisson d’une céréale ou d’un protéagineux. Toutefois, cette pratique est moins courante que les Cive d’hiver, en raison de la prise de risque liée à une alimentation en eau non garantie. Quels sont les enjeux d’une telle culture
Semer le plus tôt possible
Les Cive d’été doivent être implantées le plus tôt possible après la récolte des céréales ou des oléoprotéagineux d’hiver. Mais pas avant le 1er juin, selon le décret n°2022-1120 du 4 août 2022.
Orge et pois d’hiver sont les précédents les plus adaptés. Des opportunités peuvent néanmoins être saisies dans la moitié sud de la France pour des moissons précoces de colza. De la même façon, les conditions hydriques estivales favorables de la façade Atlantique facilitent le succès de semis de début juillet.
Le couvert a donc au plus trois mois pour se développer et réaliser son cycle avant le semis de la culture alimentaire à l’automne suivant. Un cycle à la fois court et chaud. En outre, après le 21 juin, les journées se raccourcissent. En fin de cycle, les premières gelées peuvent apparaître dans certaines régions, entraînant un arrêt de la végétation pour ces cultures d’été.
Figure 1 : Logigramme du choix de la CIVE d'été selon les conditions pédoclimatiques et les dates de semis
Choisir des espèces et variétés précoces
On choisira une espèce ou un mélange d’espèces (sorgho multicoupe ou monocoupe, tournesol, moha, maïs…) adapté au régime pluvial local et au réservoir facilement utilisable (RFU) de la parcelle. Les variétés de maïs, de sorgho monocoupe et de tournesol les plus précoces sont à privilégier.
Figure 2 : Rendement des Cive d’été – tous itinéraires techniques confondus – données récoltées de 2017 à 2021 dans le cadre du projet Récital
A l’inverse, pour une espèce à cycle très court comme le moha (moins de 80 jours), on privilégiera une variété plutôt tardive. Une vigilance particulière sera portée dans le suivi des stades d’un sorgho multicoupe de type PIPER (Sudan grass) au risque de le récolter à un stade trop avancé pour une bonne valorisation.
Le peuplement doit être adapté, avec une densité plus élevée et, pour les espèces à large écartement, des espacements entre rangs réduits : 40 cm contre 60 à 80 cm en cycle classique.
Le coût d’implantation est un autre facteur déterminant dans le choix de l’espèce à implanter. Les semences peuvent représenter le second poste de charge après la récolte. Dans des conditions favorables (semis de juin, prévision d’une séquence de pluies après semis, climat estival arrosé, sol profond), un maïs, un sorgho monocoupe (également dénommé biomasse ou ensilage) ou un tournesol permettrait d’assurer suffisamment de biomasse.
A l’inverse, dans des conditions défavorables (semis de juillet, condition pédoclimatique estivales séchantes, sol superficiel), un sorgho multicoupe, un moha ou un mélange à faible coût permet de saisir des opportunités tout en maîtrisant les coûts.
L’alimentation hydrique : un enjeu majeur au semis
L’eau est bien le premier facteur limitant des Cive d’été, même si l’offre en somme de température peut être limitante pour des semis de juillet dans la moitié nord de la France.
La phase la plus critique est le semis. Pour un semis au 10 juillet, les trois-quarts de la France cumulent moins de 10 mm sur 15 jours (carte 1). Ce faible cumul est considéré comme insuffisant pour assurer une bonne levée. Cependant, cette période est favorable à des orages localisés qui sont des opportunités pour semer ces couverts.
L’irrigation peut être une solution dont le coût oblige l’agriculteur à décider du partage de ses ressources entre la culture alimentaire et la Cive. Conduire une telle culture en conditions pluviales présente donc une prise de risque pour les agriculteurs et pour l’approvisionnement des méthaniseurs.
Pour s’affranchir partiellement des contraintes hydriques, des essais explorent la possibilité de semer des espèces avant la moisson de la culture d’hiver précédente, afin de profiter des dernières pluies ou de la fraîcheur du sol. Cependant, les semis à la volée avant moisson ont montré une forte variabilité de succès. Un semis soigné tout de suite après moisson, piloté selon la séquence de pluies à venir, est préférable.
Carte 1 : Cumul des pluies entre le 5 et le 20 juillet pour un semis de Cive au 10 juillet (moyenne pour les années les plus sèches, 2 années sur 10)
Fertilisation et désherbage : du pour et du contre !
Une Cive doit pouvoir se conduire avec le moins possible d’intrants. Une fertilisation azotée serait opportune si la culture est installée et présente un potentiel pour valoriser l’azote absorbé. Des essais ont montré que les Cive d’été valorisent également les apports de digestat (figure 3). Il faudra cependant être vigilant à réduire les risques de volatilisation de l’zote, en raisonnant l’apport selon la séquence de pluies et en adaptant le matériel.
Figure 3 : Rendement de Cive d'été selon le régime de fertilisation azotée témoin sans azote, fertilisation minérale et digestat
Le désherbage est à raisonner à la rotation afin de limiter la pression des adventices. L’impasse peut être réalisée, notamment pour les associations et espèces implantées avec des semoirs à céréales – telles que les mohas et les sorghos multicoupes - qui vont plus rapidement concurrencer les adventices par rapport aux espèces semées à large écartement.
Quelle date choisir pour récolter ?
Il n’est pas nécessaire d’attendre trop longtemps pour récolter une Cive d’été. A l’inverse des Cive d’hiver, le potentiel de la culture se détermine en début de cycle. Une récolte au début du mois d’octobre permettra d’implanter la culture suivante (une céréale d’hiver notamment) dans de bonnes conditions.
Les conditions climatiques à l’automne sont peu favorables à l’accumulation de biomasse : jours court, premières gelées, pluies pouvant limiter l’accès aux parcelles…
L’objectif est de récolter la Cive avec un taux de matière sèche proche de 30 %. Ce taux permet d’assurer l’ensilabilité et la conservation de la récolte. En dessous de ce pourcentage, les complications à la récolte peuvent être importantes et ralentir le débit de chantier.
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