Désherbage du maïs : la préservation des molécules restantes est l’affaire de tous
Depuis le 23

Largement utilisé sur maïs, maïs doux, maïs semence et sorgho, le S-métolachlore (S-MOC), présent notamment dans les spécialités Mercantor Gold ou Camix, était central dans la gestion des graminées estivales (panics, sétaires, digitaires) mais aussi des graminées à germination indifférente comme le ray-grass. Son retrait fait craindre un report massif des usages sur le DMTA-P (Isard, Spectrum) et dans une moindre mesure la péthoxamide (Successor_600), autres molécules de la même famille des chloroacétamides et dont les performances sont similaires. Si le DMTA-P reste autorisé jusqu’en 2034 à l’échelle européenne, on peut raisonnablement s’attendre à une amplification de l’effort de recherche dans le milieu aquatique et, en corolaire, une fréquence de détection dans les eaux brutes en croissance. Bien que marginal comparé au maïs, son usage est également possible sur sorgho, tournesol (Dakota-P), colza (Alabama, Novall Gold, Anitop) mais aussi betterave. Il revient dès lors à l’ensemble des filières de grandes cultures de réserver l’emploi de ces produits aux strictes situations le nécessitant. C’est d’ailleurs dans cet objectif que les trois instituts techniques concernés, ARVALIS, ITB et Terres Inovia, aux côtés de BASF et avec le soutien de la distribution, ont produit en 2024 une plaquette rappelant le bon usage des herbicides à base de DMTA-P.
Pas ou peu de graminées, pas de DMTA-P !
Le raisonnement de l’usage du DMTA-P doit se faire en tenant compte de la flore attendue sur la parcelle. L’analyse des bases de données des essais ARVALIS permet d’identifier les pressions «
Pour des pressions faibles à modérées (20 à 50
Pour des pressions au-delà de 50

7 = note de satisfaction correspondant à un désherbage jugé acceptable pour un agriculteur ;
PSD = panics, sétaires, digitaires
A 30
Des recommandations d’usage spécifiques sur les zones à enjeux eau
En vue de limiter les risques de transfert vers les eaux de captages, BASF a établi des recommandations spécifiques pour les parcelles situées en aires d’alimentation prioritaires :
- Ne pas dépasser 864
- Ne pas dépasser 1152
Il est ainsi possible de faire 1,2
Initialement utilisable à partir de 3
- Appliquer en bonnes conditions
- Ne pas utiliser sur des sols présentant certaines caractéristiques
- Ne pas dépasser les 0,8 à 1
Cette possibilité ne doit pas faire oublier que la gestion des graminées reste une tâche compliquée en sorgho en raison de la nuisibilité importante de ces adventices qui lèvent en même temps que la culture et de la difficulté de les gérer en postlevée, faute de molécule efficace et sélective. L’usage en prélevée peut permettre d’améliorer l’efficacité dans le cadre d’un programme avec rattrapage de postlevée (sulcotrione ou penoxsulame), mais il convient de garder à l'esprit qu’il s’agit d’une dose modulée (0,8
Quoiqu’il en soit, les conditions d’application (humidité du sol, absence de stress) et le stade des adventices (germination, levée) sont des facteurs clefs de réussite.
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Des résistances qui progressent sur les herbicides de postlevée
De par la manière dont ils sont métabolisés par les adventices, les produits foliaires utilisés en postlevée de la culture ont tendance à sélectionner des résistances. Leur usage répété dans le temps peut conduire à des baisses de sensibilité des adventices voire à des échecs de désherbage. Le nicosulfuron, largement utilisé sur maïs, a vu sa note d’efficacité de désherbage décroître de presque 2

Varier les modes d’action à la parcelle et surtout à l’échelle des différentes cultures de la rotation permet de limiter grandement ces risques de sélection de résistances. Mais attention, plusieurs molécules ou produits peuvent avoir le même mode d’action. C’est le cas par exemple du nicosulfuron, du foramsulfuron (MonsoonActive, Equip), du rimsulfuron (Bridge) ou du thiencarbazone-méthyl (MonsoonActive, Capreno mais aussi AdengoXtra). Ils inhibent tous la même enzyme (ALS) intervenant dans la synthèse des acides aminés. La résistance est naturellement présente dans les populations d’adventices et c’est l’emploi répété des mêmes modes d’action qui la sélectionne en éliminant les individus qui n’ont pas la résistance. Les risques d’augmentation de la fréquence des résistances sont donc cumulatifs pour ces molécules. De plus, l’usage de sulfonylurées sur d’autres cultures de la rotation (ex. mésosulfuron sur céréales) va encore renforcer la pression de sélection sur les populations d’adventices, aussi bien sur les graminées estivales, telles que la sétaire, que sur le raygrass dont la période de germination couvre plusieurs cycles culturaux.
La gestion de la flore doit donc se raisonner comme un élément de la valeur patrimoniale de la parcelle, au même titre par exemple que la structure du sol, et se faire à l’échelle pluriannuelle en privilégiant tous les leviers agronomiques aussi bien en culture que pendant les périodes d’interculture (labour occasionnel, rotation, désherbage mécanique, etc.).
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