Résultats d’essais - Conduire un couvert permanent en AB grâce au guidage de précision
En agriculture biologique, les avancées en matière d'agroéquipement et de permettre aujourd'hui de mettre en œuvre des couverts permanents vivants dans la culture de vente. Le guidage des outils de semis et de coupe permet une bonne régulation du couvert. D'après un essai réalisé dans le Tarn, qui a évalué la faisabilité d'un couvert de luzerne dans le blé, la céréale profitent de l'apport d'azote de la légumineuse sans que le rendement soit pénalisé par une concurrence pour les ressources .
Les couverts de légumineuses ont de nombreux avantages : apport d’azote, amélioration de la structure du sol, lutte contre l’érosion, meilleure maîtrise des adventices… La permanence du couvert accroît ces bénéfices. Cependant, en AB, la gestion non chimique d’un couvert permanent vivant peut s’avérer délicate et les solutions existantes de type broyage ne peuvent se faire qu’en interculture.
Un système de culture novateur mobilisant agronomie, numérique et agroéquipement a été conçu et testé pour lever ce frein.
L’agriculture de précision autorise la gestion différenciée de deux cultures
ARVALIS et le constructeur Eco-Mulch ont mis au point un prototype de faucheuse inter-rang qui, couplé à l’autoguidage du tracteur, permet de gérer un couvert dans la culture principale, chaque espèce étant semée un rang sur deux. Une correction du signal GPS par le système RTK (Real Time Kinematic) permet d’atteindre une précision de 2 à 3 centimètres. Contrairement aux machines traditionnelles, la géométrie du tracteur et de la faucheuse est constante, ce qui facilite considérablement le guidage ainsi que le suivi des rangs.
Le prototype a été testé dans l’essai de Lisle-sur-Tarn (81). Une luzerne a été semée avec le guidage RTK au printemps 2016, dans l’inter-rang d’un tournesol semé avec un écartement de 60 cm. Après la récolte du tournesol, du blé tendre d’hiver a été semé à l’automne 2016 dans l’inter-rang de la luzerne. Le blé tendre et la luzerne ont des écartements de 30 cm (figure 1).
Figure 1 : Principe de l'implantation et de l'optimisation du peuplement par séparation des espèces sur des rangs distincts
(Source : G. Bodoville)
Un premier fauchage est effectué au printemps afin de limiter la concurrence de la luzerne et des adventices sur le blé et de restituer de l’azote. Ce fauchage permet également de réaliser un mulch entre les rangs qui limite l’évaporation et la levée des adventices. Dès que la luzerne arrive à hauteur du blé, elle est fauchée et cela autant de fois que nécessaire tout au long du cycle de la céréale. Souvent deux ou trois fauchages sont nécessaires pour contenir la concurrence du couvert. Après la récolte du blé, la luzerne se développe pour jouer le rôle de couvert d’interculture.
Des rendements corrects et des taux de protéines augmentés
Cette pratique a donc été testée durant quatre années successives, sur une parcelle de 0,5 ha. Le contrôle mécanique du couvert a été évalué dans du blé tendre (de 2017 à 2019) et du blé dur (en 2019).
Pour le blé tendre, les rendements sont compris entre 14 et 40 q/ha et le taux de protéines entre 11,2 % et 13,9 % selon les années (tableau 1). Pour le blé dur, le rendement est de 31 q/ha avec 13,3 % de protéines en 2019. La contribution en azote du couvert pour la culture de rente est progressive d’année en année, ce qui est conforme avec d’autres références scientifiques.
Au final, les rendements et la qualité des récoltes sont au rendez-vous pour satisfaire les besoins des filières avals.
Tableau 1 : Rendements (q/ha), teneurs en protéines de blé (%) et quantité d’azote absorbée par le blé (kg N/ha) dont la quantité estimée fournie par le couvert de luzerne, entre 2017 et 2019
Ces premiers résultats très encourageants dans le contexte pédoclimatique de l’essai ont permis de valider les aspects liés à l’agroéquipement. Une évaluation économique est en cours.
Vers d’autres espèces de couverts
La luzerne a été choisie pour ces nombreux avantages : apport d’azote par fixation symbiotique, pérennité de quatre à cinq ans, mode de développement vertical. Mais attention, la prudence est de mise car il faut aussi prendre en compte un risque sanitaire potentiel si l’espèce revient trop souvent dans la rotation d’une parcelle.
De nouveaux essais à l’échelle du système de culture vont être mis en place, afin d’évaluer plus précisément la faisabilité et la multiperformance de cette technique de gestion. Ces essais se feront sur plusieurs sites en France et testeront également d’autres espèces de couvert et de culture. Plusieurs équipes de recherche s’intéressent à cette technique prometteuse.
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