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Quelles espèces et variétés choisir pour composer une prairie multi-espèces ?

Bien choisir les espèces et variétés composant sa prairie est un préalable indispensable à la réussite de la culture. La place de la prairie à implanter dans le système fourrager et sa localisation donnent les premières indications.

prairie multi-espèces

Deux périodes sont possibles pour l’implantation d’une nouvelle prairie : fin d’été ou printemps. Le semis de fin d’été, qui permet une production d’herbe dès le printemps suivant, se réfléchit dès le mois de juin afin d’anticiper les commandes de semences.

Il est primordial de répondre aux questions suivantes pour bien choisir ses espèces mais également ses variétés :

  • Quelles sont les conditions pédoclimatiques de la parcelle ?
  • Quelle pérennité viser ?
  • Quel mode d’exploitation de la prairie envisager ?
  • Quel est le niveau de production attendu ?
  • Quelle est la valeur alimentaire attendue ?

Un mélange d’au moins trois espèces

On parle d’une prairie multi-espèces dès lors qu’elle est composée d’au moins trois espèces, dont 1 à 2 graminées et 1 à 2 légumineuses. Cette composition doit permettre de répondre à trois fonctions essentielles de la prairie : la fonction productive, la fonction qualitative et la fonction d’engazonnement (figure 1).

Figure 1 : Les trois fonctions à remplir par une prairie multi-espèces

Figure 1 : Les trois fonctions à remplir par une prairie multi-espèces

Graminées prairiales : distinguer les atouts de chaque espèce

Parmi les principales graminées prairiales, le ray-grass anglais (RGA) présente une bonne pérennité, mais il est très sensible à la chaleur (arrêt du développement au-delà de 25°C).

Le ray-grass d’Italie (RGI) et le ray-grass hybride (RGH), bien que plus adaptés à la chaleur, sont plus sensibles à la sécheresse et ont une pérennité très limitée.

A contrario, la fétuque élevée et le dactyle semblent adaptés au changement climatique actuel car ils sont tous les deux résistants à la sécheresse et à la chaleur. Ils présentent également une pérennité longue permettant un niveau de productivité très satisfaisant jusqu’en 5 ou 6e année d’exploitation dans de nombreux contextes. L’avantage revient cependant au dactyle concernant la valeur énergétique. Néanmoins, ce dernier n’appréciera pas les sols hydromorphes sur lesquels la fétuque élevée s’en sortira largement mieux. De plus, les évolutions génétiques ont permis le développement de variétés de fétuques dont les feuilles sont de plus en plus souples.

Trois espèces de légumineuses à la loupe

Côté légumineuses, le trèfle violet est une alternative à la luzerne dans les contextes humides et sur les sols acides malgré sa pérennité moins élevée.

Quant au trèfle blanc, il est très bien adapté au pâturage et les variétés géantes s’adaptent également à la fauche. Sa pérennité permet de l’associer facilement sur les prairies multi-espèces de longue durée au dactyle ou à la fétuque élevée par exemple. De plus, le trèfle blanc a l’intérêt de combiner haute valeur énergétique et haute valeur protéique.

Figure 2 : Synthèse des caractéristiques des principales fourragères en termes d’utilisation, d’adaptation au sol, de comportement en mélange et de pérennité

(source : les guides « Mélanges de semences pour prairies de courte et moyenne durée en France » et « Mélanges de semences pour prairie de longue durée en France » édités par l’AFPF)

Les caractéristiques variétales à connaître

Au-delà du choix d’espèces, le choix variétal n’est pas à négliger avec de nombreuses variétés inscrites au Catalogue français. Au vu de leurs nombreuses caractéristiques différentes, des définitions s’imposent :

  • Précocité d’épiaison (ou de floraison) : plus une variété est précoce plus elle épie tôt (ou fleurit tôt). Les gammes sont plus ou moins importantes selon les espèces, avec un record pour le RGA : 5 semaines séparent l’épiaison des variétés de RGA les plus précoces de celle des plus tardives.
  • Souplesse d’exploitation : nombre de jours séparant le départ en végétation (20 cm de feuille étirée pour les graminées et 30 cm de tige pour les légumineuses) et le début d’épiaison.
  • Remontaison : capacité d’une plante à remonter à épis après une exploitation qui a supprimé les épis.
  • Alternativité : aptitude des plantes à monter à épis l’année du semis, en semis de printemps (pas besoin de vernalisation).
  • Tétraploïdie : doublement artificiel du nombre de chromosomes (ray-grass et trèfle violet).
    • Variété diploïde (D ou 2n) : plus riche en matière sèche à la récolte, talle plus, plus sensible aux rouilles ;
    • Variété tétraploïde (T ou 4n) : organes plus gros, plus riche en eau, bonne appétence, plus résistantes aux maladies.
  • Dormance : pour la luzerne, une note faible indique une dormance élevée, donc un repos végétatif précoce à l’automne et un redémarrage plus tardif au printemps.
    • Note de dormance de 3 à 5 : Nord et Est ;
    • De 4 à 6 : Ouest Atlantique et Sud-Ouest ;
    • De 5 à 7 : Sud Méditerranéen.

A titre d’exemple, pour une prairie à pâturer, on privilégiera des variétés :

  • Plutôt tardives afin de ne pas avoir d’épis à gérer et pour conserver la qualité le plus tard possible en saison ;
  • Non remontantes pour ne pas avoir à gérer d’épis sur les cycles ultérieurs ;
  • Avec une souplesse d’exploitation importante ;
  • Tétraploïdes, qui sont par ailleurs des variétés difficiles à sécher pour faire du foin ;
  • Non alternatives afin de ne pas avoir d’épis la première année pour des implantations de printemps.

Pour aider dans le choix des variétés, le site Herbe Book recense l’ensemble des variétés inscrites depuis 2000 au Catalogue français. Sur ce site, il est possible de trier selon certains critères et même comparer des variétés entres elles.

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