Résultats d’essais

Cive d’hiver : quel gain de rendement attendre en semant fin septembre en région Centre/Ile-de-France ?

Il est tentant de semer les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) dites « d’hiver » plus tôt que leurs homologues destinées aux débouchés alimentaires afin de maximiser leur rendement. Pour vérifier cette hypothèse couramment admise, ARVALIS a mis en place un essai sur sa station de Boigneville (91) durant la campagne 2021/2022.

La date de semis des cultures intermédiaires à vocation énergétique dépend de plusieurs paramètres : le précédent, les caractéristiques de l’espèce et de la variété choisies (précocité, sensibilité aux ravageurs, tolérance au gel…) et l’enherbement de la parcelle.

Pour la troisième année consécutive, ARVALIS a conduit des essais sur sa station de Boigneville (91) dans le cadre du projet RECITAL, un réseau multipartenarial national financé par l’ADEME. Après s’être intéressé à l’effet de la date de récolte, l’essai 2021/2022 s’est concentré sur l’impact de la date de semis sur le développement et la productivité de Cive d'hiver.

Plusieurs espèces et variétés (en pur comme en mélange avec des légumineuses) ont été semées le 24 septembre 2021 (modalité D1) et le 25 octobre 2021 (modalité D2).

Des résultats plutôt en faveur des semis précoces

Dans les conditions de l’essai, on observe un gain moyen de 1,8 t MS/ha en faveur de la première date de semis. Cependant, de fortes disparités entre espèces ont été observées.

Les rendements des triticales sont meilleurs pour un semis de fin septembre, avec des gains de 2,6 t MS/ha et 3,8 t MS/ha respectivement pour les variétés BREHAT et BIKINI. Les mélanges avec des vesces ont également profité du semis précoce.

A l’inverse, le rendement de l’orge KWS JAGUAR semée fin septembre est en retrait de 0,9 t MS/ha par rapport à un semis fin octobre. Il faut dire qu’au printemps 2022, une attaque précoce de rouille naine avait touché plus sévèrement l’orge semée fin septembre.

Figure 1 : Rendement (en t MS/ha) et taux de matière sèche (en %) mesurés le 4 mai 2022 de plusieurs espèces de Cive d’hiver selon deux dates de semis – essai 2021/2022 à Boigneville (91)
fig1_cive

Découvrez en vidéo les résultats de cet essai :

Attention aux variétés précoces ou sensibles à la JNO

Triticales et seigles lignées (appelés aussi fourragers) sont les espèces les plus productives dans le contexte pédoclimatique de Boigneville. Les mélanges simples avec une légumineuse (vesce ou féverole) atteignent des rendements similaires aux céréales cultivées en pur. Attention cependant aux seigles lignées qui peuvent verser lorsque l’année est favorable et que la nutrition azotée est conséquente.

Par ailleurs, la précocité des variétés est un point d’attention. Une variété précoce comme le triticale BIKINI est sensible à des gels tardifs en sortie d’hiver. C’est le cas également de l’avoine diploïde. Un semis précoce de telles Cive accentue leur exposition potentielle à ces accidents climatiques.

Enfin, en année à forte pression pucerons, les orges d’hiver semées précocement et sensibles à la JNO (jaunisse nanisante de l’orge) pourraient voir leurs rendements fortement impactés. Le décalage de la date de semis à fin octobre est donc à privilégier, si la Cive est une orge sensible à la JNO.

Ne pas se tromper de critères de choix

La précocité à l’épiaison et le taux de matière sèche sont également des critères à suivre pour assurer une chaîne de récolte rapide et une bonne conservation de l’ensilage.

En revanche, la hauteur d’une espèce n’est pas un critère de choix prioritaire : les seigles forestiers, connus pour être très hauts, sont plutôt tardifs à épiaison et affichent des rendements inférieurs aux seigle lignées pour des récoltes de fin avril/début mai.

Figure 2 : Classement des principales espèces de Cive d’hiver selon le critère de choix
Classement des principales espèces de Cive d’hiver selon le critère de choix

Le pouvoir méthanogène des espèces ne constitue pas non plus un critère de choix car sa variabilité intra-espèce ne permet pas de les discriminer. L’essentiel est d’optimiser la conduite de la Cive afin d’obtenir une production de biomasse optimale, sans impacter la culture alimentaire suivante.

Pour aller plus loin, consultez l’article « Quel est le potentiel méthanogène des couverts végétaux ? ».

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