Choisir son couvert selon la rotation culturale et la culture suivante
Pour faire ses choix d’espèces à semer pendant l’interculture, trois grands types de critères sont à prendre en compte : les bénéfices recherchés par le couvert, la conduite de ce dernier (date de semis, types de semis et de destruction…) et les contraintes liées à la rotation culturale ou à la culture suivant le couvert. Gros plan sur ce dernier critère.
Certaines combinaisons entre couvert et culture suivante sont déconseillées (tableau 1) afin d’éviter de potentielles multiplications de ravageurs ou de maladies. Le plus souvent, il faut éviter les espèces de couvert de la même famille que la culture qui suit ou d’une culture de la rotation culturale. Ces restrictions sont valables pour les différentes espèces d’un mélange et pas uniquement pour les espèces pures.
Par exemple, certaines légumineuses cultivées en tant que couvert peuvent multiplier l’Aphanomyces, maladie racinaire très préjudiciable sur pois, haricot et lentille, et pour laquelle aucun moyen de lutte n’existe. Féverole, soja, pois chiche, lupin, fenugrec, lotier, sainfoin, et trèfles d’Alexandrie et incarnat sont non-hôtes ou très résistants. Pois, lentille, luzerne, haricot, gesse, et vesce pourpre et vesce velue y sont sensibles. La sensibilité à ce pathogène du trèfle blanc et violet et de la vesce commune dépend de la variété. Pour en savoir plus, consultez la liste disponible sur le site de Terres Inovia.
Des écueils à éviter
Les graminées sont déconseillées avant des céréales, notamment avant les blés, afin de limiter le risque de piétin échaudage.
Pour des raisons identiques, les couverts de crucifères (moutardes, radis) sont à proscrire dans les parcelles touchées par la hernie des crucifères, et déconseillés dans les rotations où le colza revient fréquemment (tableau 1).
Certaines espèces sont à éviter pour limiter la compétition sur la culture suivante. Cela peut être le cas de couverts permanents de légumineuse (luzerne, trèfle blanc…) qui seront difficiles à maîtriser dans des cultures de protéagineux ou de printemps. C’est aussi le cas du sarrasin qui monte à graine rapidement pendant l’interculture et dont les grains relèvent facilement (c’est une renouée).
Des alliés pour diminuer certains risques sanitaires
A l’inverse, des couverts d’interculture peuvent réduire certains risques sanitaires. Les crucifères sont utilisées depuis plusieurs décennies en rotations betteravières pour leurs propriétés nématicides : certaines variétés de moutarde blanche et de radis fourrager (plus rarement de moutarde brune) piègent le nématode à kystes de la betterave (Heterodera schachtii) et réduisent ainsi ses populations, alors que les crucifères non nématicides tendent à le multiplier.
Le procédé de biofumigation est aussi connu pour lutter contre certains champignons du sol. L’enfouissement de couverts de crucifères dans le sol provoque la formation d’un gaz qui inhibe le développement de champignons pathogènes. Différents exemples sont connus : piétin échaudage en blé sur blé, rhizoctone brun avant betteraves ou pommes de terre, Verticillium avant tournesol. La biofumigation est cependant mal maîtrisée au champ et ses effets s’avèrent très aléatoires.
Les légumineuses offrent de bons compromis
Les légumineuses sont la famille de couverts qui offre globalement le plus d’effets positifs sur la culture suivante, en lien avec le bénéfice qu’elles apportent sur la nutrition azotée des cultures. Parfois, elles déplafonnent les rendements de la culture suivante - cet effet a été observé dans de nombreux essais sur plusieurs cultures comme l’orge et le tournesol. Hormis avant des protéagineux, les couverts en mélange devraient tous intégrer des légumineuses en association avec d’autres espèces. Elles sont cependant plus délicates à implanter et ses semences plus coûteuses que les autres familles.
Tableau 1 : Espèces de couverts conseillées selon la culture suivante et la rotation culturale
Un outil d’aide à la décision sur le choix des couverts a été développé par ARVALIS, en partenariat avec l’ITB, Terres Inovia, l’UNILET, Agrifaune interculture et l’ITSAP. En libre accès sur Internet, il guide le choix parmi 35 espèces pures et 222 associations.
Selon la situation (lieu, itinéraire technique, valorisation, services recherchés…), l’outil propose une sélection de couverts. Cet outil intègre les couverts d’interculture mais aussi les couverts gélifs associés au colza et les couverts permanents. Des fiches techniques des espèces pures ou des mélanges sont aussi proposées sur le site d’ARVALIS.
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