Céréales : surveiller l’évolution des maladies foliaires
Dans le contexte 2022, le risque maladies est globalement modéré sur blé tendre et orges, et faible sur blé dur.
L’objectif de la protection fongicide est d’éviter que les feuilles utiles au rendement soient pénalisées par le développement de maladies.
La gestion est différente pour la rouille jaune : la nuisibilité étant très forte, l’objectif est ne pas en avoir.
De manière générale, on estime que 80 % du rendement est réalisé avec les trois dernières feuilles. Ainsi, il faut les conserver indemnes de maladies le plus longtemps possible.
Cependant, deux contraintes vont complexifier l’approche :
- les feuilles ne se déploient pas en même temps ;
- la durée de persistance d’un fongicide d’environ 20 jours à dose d’utilisation technique.
Pour pouvoir s’adapter à ces deux contraintes :
- Si la pression maladies des feuilles est faible ou la résistance variétale forte, une intervention au stade dernière feuille étalée (DFE) est suffisante. On protège en un passage les trois dernières feuilles (T2 figure 1). Selon la météo, un relai 20 jours après, à la fin de la persistance du produit sur les feuilles, à floraison, peut être souhaitable.
Figure 1 : Positionnement des T1, T2 et T3
- Si la pression maladies est plus forte et/ou la sensibilité des variétés faible, il faut protéger les feuilles une à une. Dans la pratique, on ne va pas traiter tous les sept jours (mais cela reste une option possible !). On préférera donc intervenir au stade 2 nœuds, si la maladie est visible, afin de protéger entièrement la F3. L’intervention à DFE, 20 jours après environ, viendra protéger les feuilles restantes. Dans ce cas, la F2 n’est protégée qu’une semaine après son étalement (voir figure 2 où les parties en rouge sont des feuilles étalées non protégées).
Figure 2 : Stratégie fongicide avec un positionnement des traitements à 2 nœuds / DFE / Floraison
Zoom sur la situation sanitaire
La septoriose est présente sur feuilles basses sur toutes les variétés de blés. Sur variétés sensibles (Oregrain en blé tendre, Casteldoux en blé dur, par exemple), les pycnides sont déjà visibles sur feuilles intermédiaires.
La rouille brune est encore très discrète sur blé tendre et non présente sur blé dur. Certaines variétés comme Providence ou Bologna sont plus touchées car très sensibles.
La rouille jaune est présente sur variétés sensibles (Tiepolo, Complice, Descartes, RGT Montecarlo… ou Relief en blé dur), mais pas seulement. Un rond jaune dans une parcelle doit être contrôlé en blés et triticale. La rouille jaune compte de nouvelles sous-races tous les ans et aucune variété n’est à l’abri d’un contournement de gènes de résistance.
La rouille naine est présente en orges de façon conséquente, notamment sur variétés sensibles et semis précoces. Si le seuil d’intervention est atteint avant sortie des barbes, privilégier une triazole (metconazole ou tébuconazole), afin de garder les strobilurines et le prothioconazole en deuxième passage.
Pour rappel, le seuil d’intervention à partir du stade 1 nœud sur la rouille naine est :
- Variétés sensibles : plus de 10 % des feuilles atteintes par des pustules disposées aléatoirement.
- Variétés moyennement et peu sensibles : plus de 50 % des feuilles atteintes.
Seules de nouvelles pluies et des températures douces pourront intensifier la pression septoriose, rouille brune et rouille naine, et ainsi passer d’un risque moyen à fort.
>> Dans une majorité des parcelles, le traitement de protection au stade DFP (dernière feuille pointante)/DFE en blés et sortie des barbes en orges est envisageable cette année, en particulier sur variétés résistantes aux maladies foliaires.
Comment évaluer la pression maladie ?
Pour rappel, le risque maladies est à évaluer en fonction du pédoclimat, de la situation agronomique et de la variété (note de sensibilité), ainsi que de la présence de symptômes sur les feuilles définitives.
Consultez le Baromètre Maladies Blé tendre.
Les nématodes ont été plus présents cette année
De nombreux symptômes de jaunissements liés aux nématodes ont été observés dans le Lauragais et le Gers, sur blé tendre et blé dur. Les symptômes en photo sont typiques d’Heterodera avenae. Un retour fréquent de blé dans la rotation ainsi qu’un été précédent chaud favorisent les nématodes. Le froid a certainement permis aux kystes d’éclore et de contaminer les parcelles. Les seuls moyens de lutte sont des moyens agronomiques (plantes de coupure, changement d’espèces, interculture, …). Sur les zones atteintes, les plantes ont des stades en retard et présentent un tallage réduit (maître-brin seul généralement).
Plantes saines (à gauche) et infestées (à droite), Lauragais – 2 février 2021 - M. Killmayer - ARVALIS
Mosaïques : toujours visibles
Les conditions climatiques ont été favorables à l’expression du virus de la mosaïque, avec un automne assez doux et un retour du froid marqué en janvier. Il est possible de voir des symptômes depuis trois semaines.
Les mosaïques sont particulièrement présentes sur blé dur dans le Lauragais mais peuvent aussi s’observer dans le Gers. Des symptômes ont été également observés sur orges dans le nord du Gers.
Il est possible de réaliser des analyses pour confirmer le diagnostic visuel (qui n’est pas toujours évident) en envoyant des échantillons à un laboratoire (ex. : Galys à Blois). Pour ce faire, prélever des plantes entières à raison de 30 plantes virosées dans un sachet en papier. Les emballer dans un papier absorbant très légèrement humide. Éviter les sacs plastiques, qui provoquent l’échauffement et le développement de moisissures. Le coût est d’environ 75 € HT.
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