Céréales : reporter les applications de régulateurs si les conditions ne sont pas optimales
Les céréales sont au stade épi 1 cm, ou presque. Si l’estimation du risque de verse aboutit à l’application d’un régulateur, il est impératif de porter une attention particulière aux conditions climatiques.
La maîtrise de la verse est un enjeu important puisque celle-ci a un impact sur le rendement et la qualité des céréales, en particulier lorsqu’elle est importante et précoce. En revanche, des pertes de rendement peuvent aussi être constatées lorsque les régulateurs sont appliqués en mauvaises conditions.
Bien estimer le risque verse
Le risque de verse s’évalue selon plusieurs facteurs par ordre d’importance.
Le facteur génétique : fondamental pour établir le niveau de risque initial
Les orges sont beaucoup plus prédisposées à la verse que les blés.
Les variétés de blé tendre présentant une note de sensibilité variétale supérieure ou égale à 6,5 ne présentent pas de risque de verse. En orge d’hiver, on peut considérer que le risque est faible pour les notes supérieures ou égales 6. Pour les variétés moyennement sensibles ou sensibles, les facteurs climatiques et pratiques culturales sont à prendre en compte.
Figure 1 : Échelle de sensibilité à la verse des variétés de blé tendre
Figure 2 : Échelle de sensibilité à la verse des variétés d’orges
Les pratiques culturales
Une mauvaise gestion de la fumure azotée, sans fractionnement des apports et avec un premier apport excédentaire, favorise le maintien de nombreuses talles, ce qui augmente sensiblement le risque de verse.
De même, les trop fortes densités de semis entraînent un effet de compétition pour la lumière, provoquant un allongement des entre-nœuds, un étiolement des tiges et un risque de verse plus élevé.
Les semis trop précoces allongent de manière significative le cycle végétatif et l’arrivée au stade épi 1 cm se fait précocement. La montaison se fait en jours dits « courts », avec un allongement des premiers entre-nœuds, et donc un affaiblissement de la tenue de tige.
Les facteurs climatiques
Les cumuls de pluies importants entre la levée et épi 1 cm, les défauts de rayonnement, les températures basses courant montaison et une montaison précoce, en jours dits « courts », sont autant de facteurs qui favorisent le risque de verse.
Une estimation précise de la situation et de ces facteurs permet de décider de la stratégie de régulation (figures 3 et 4).
Figure 3 : Estimation du risque de verse à la parcelle pour l’orge d’hiver
(source ARVALIS - Institut du végétal)
* Situations agronomiques où : Reliquat Sortie Hiver très élevé ou apport d’azote précoce élevé ou apport régulier de matières organiques (forte minéralisation).
Figure 4 : Estimation du risque de verse à la parcelle pour le blé tendre
(source ARVALIS - Institut du végétal)
* Situations agronomiques où : Reliquat Sortie Hiver très élevé ou apport d’azote précoce élevé ou apport régulier de matières organiques (forte minéralisation).
Utiliser les régulateurs dans de bonnes conditions
Si le risque de verse, évalué précédemment, est élevé, l’utilisation d’un régulateur peut être programmée. Cependant, certaines conditions d’utilisation sont à respecter. Pour accroître l’efficacité et limiter la phytotoxicité, les applications sont à réaliser sur des cultures en bon état végétatif et dans des conditions climatiques favorables : temps poussant (pas de période de sécheresse), lumineux et sans forte amplitude thermique. Il est nécessaire de tenir compte des conditions climatiques le jour de l’application mais aussi durant les trois à cinq jours suivants. Si les conditions ne sont pas réunies, mieux vaut reporter l’application.
Figure 5 : Conditions climatiques pour l’application des régulateurs
(source ARVALIS - Institut du végétal)
A savoir que si ces conditions ne sont pas réunies, le régulateur peut être totalement inefficace et surtout, les risque de phytotoxicité et de pertes de rendement sont fortement augmentés (figure 6).
Figure 6 : Comparaison des régulateurs sur orges et blé tendre : des pertes de rendement parfois significatives après application
(source ARVALIS - Institut du végétal)
Attention
Avec le manque d’eau depuis mi-février et le froid annoncé fin mars-début avril, les conditions d’applications ne sont pas réunies : il ne faut pas appliquer de régulateur à cette période sous peine de pertes de quintaux et/ou d’inefficacité du produit.
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