Céréales : il est encore temps d'irriguer !
Les déficits hydriques continuent de se creuser drastiquement. Il est encore possible de positionner une irrigation entre la floraison et le stade grain laiteux des céréales.
Les rares pluies orageuses qui étaient annoncées n’ont pas été observées, ce qui fait plonger le déficit hydrique de façon importante car la demande climatique est très soutenue, de l’ordre de 4 à 6 mm par jour, sur des sols déjà secs.
Par conséquent, les sols superficiels (réserve utile (RU) = 60 mm), déjà à la peine, sont dans des situations très critiques, avec un cumul de déficit hydrique de plus de 80 mm, voire 120 mm dans certains secteurs. Le potentiel est déjà pénalisé. Dans les sols moyens à profonds, le déficit hydrique se fait sentir entre 40 et 80 mm, alors qu’il y a une semaine, aucun déficit n’était encore observable. En sols très profonds (RU >= à 180 mm), le déficit est tout juste perceptible mais augmente. Quel que soit le type de sol, le déficit hydrique fait partie des plus forts parmi les vingt dernières années (proche du décile 8 = deux années les plus déficitaires parmi les dix dernières).
Cartes 1 à 3 : déficit hydrique selon la réserve utile des sols pour un semis de blé dur type Anvergur le 1er novrembre 2021
Quel impact du déficit hydrique sur les composantes de rendement ?
Un stress hydrique pendant la seconde partie de la montaison, de 2 nœuds à floraison, affecte le peuplement et la fertilité des épis. C’est le cas des sols superficiels, qui sont donc déjà pénalisés.
Lors de la phase de remplissage, le nombre de grains par mètre carré est pratiquement fixé, à l’exception de possibles avortements de grains juste après floraison. En revanche, le poids de mille grains (PMG) est totalement dépendant des conditions d’alimentation hydrique post-floraison. De la floraison au stade grain laiteux, les cellules composant les grains se multiplient et s’allongent. Cette phase est donc particulièrement sensible au stress hydrique. Dans nos essais, les pertes ont atteint jusqu’à 20 % du PMG en cas de déficit hydrique post-floraison prolongé.
L’irrigation, si elle est possible, est-elle encore intéressante ?
La demande en eau reste soutenue (en moyenne 5 mm par jour de consommation). Elle ne sera pas couverte par les pluies orageuses car les prévisions sont sèches pour les quinze prochains jours.
Le dernier créneau d’irrigation sur céréales se situe après floraison (pour éviter de favoriser les contaminations fongiques) et avant grain laiteux, donc, dans la plupart des situations, entre maintenant et début juin. Ce tour d'eau permet d’accompagner le remplissage et de préserver le potentiel. Dans tous les cas, une irrigation dans ce créneau, que ce soit le premier tour d’eau ou faisant partie d’une série d’appoint, sera utile pour le rendement.
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