Céréales : estimer le risque de verse en début de montaison
Les céréales atteignent le stade épi 1 cm ou très prochainement. C’est le moment d’évaluer le risque de verse pour décider d’une application de régulateur ou non.
Les blés et les orges ont pu profiter des conditions climatiques favorables en octobre et novembre pour être implantées correctement. Le déficit pluviométrique depuis l’automne limite le risque de verse radiculaire (liée à un mauvais ancrage racinaire). Toutefois, la montaison est précoce, ce qui augmente ainsi le risque de verse caulinaire (par les tiges). Le risque climatique n’est pas le seul paramètre en jeu, d’autres facteurs sont à prendre compte.
Bien identifier le risque de verse pour éviter les erreurs
Il est indispensable d’évaluer le risque de verse pour optimiser la rentabilité du régulateur et éviter des traitements inutiles ou qui engendrent, dans de mauvaises conditions d’application, des phytotoxicités impactant de manière significative le rendement.
Le risque de verse s’évalue selon trois facteurs par ordre d’importance.
Génétique : le critère fondamental pour établir le niveau de risque initial
C’est le levier le plus important. Une synthèse a été réalisée à partir des blocs non traités régulateurs d’un grand nombre d’essais variétés de blé tendre. On constate :
- Au-delà d’une note de sensibilité variétale de 6,5 (variétés résistantes), le risque de verse est nul : Fructidor, Gravure, Grimm, Junior, KWS Extase, KWS Ultim, LG Armstrong, Macaron, Nemo, RGT Cesario, RGT Sacramento, Rubisko, SY Adoration, Unik… (liste non exhaustive).
- Le risque est faible pour les variétés ayant une note de sensibilité variétale entre 6 et 5,5.
- Le risque devient plus important pour les variétés avec une note inférieure ou égale 5.
Pour les variétés moyennement sensibles (ex. : Campesino, LG Absalon) ou sensibles, les facteurs climatiques et pratiques culturales sont à prendre en compte.
Les pratiques culturales
Les fortes densités de semis, des dates de semis précoces ainsi que des apports d’azote élevés courant tallage (> 60 kg/ha) augmentent le risque de verse. C’est le contraire avec une bonne gestion de la fertilisation azotée, basée sur un fractionnement en trois apports.
Les conditions climatiques
Le stade épi 1 cm arrive précocement, favorisant le risque de verse, avec une montaison débutant dans des jours dits courts, favorables à l’étiolement. Cette arrivée précoce s’accompagne également de biomasses importantes (figure 1) : les mesures montrent des niveaux les plus élevés parmi les dix dernières années. Un déficit de pluie pendant la montaison réduit le tallage et limite le risque. A ce jour, le risque climatique est bien présent.
Figure 1 : Biomasses au stade épi 1 cm sur blé tendre entre 2010 et 2022
Source ARVALIS – Essais à Bignan (56) en 2020-2021 et à Ploërmel (56) en 2022
Figure 2 : Grille d’évaluation du risque de verse en blé tendre
Figure 3 : Grille d’évaluation du risque de verse en orge d’hiver
Régulateurs : un seul passage suffit et impérativement dans de bonnes conditions
Les régulateurs de croissance agissent sur l’élongation des cellules de la tige, pour aboutir à des entre-nœuds plus courts ou à des parois plus épaisses et donc à des tiges plus solides.
Pour accroître leur efficacité et limiter la phytotoxicité du traitement, les applications sont à réaliser sur des cultures en bon état, correctement alimentées en azote et dans des conditions climatiques favorables : temps poussant, lumineux et sans forte amplitude thermique (écarts inférieurs à 15 - 20°C) avec une culture en bon état (pas de viroses, absence de stress hydriques ou azotés…).
Dans tous les cas, il ne faut pas intervenir si :
- Plusieurs jours avec des températures froides (< 5°C) sont prévus dans les cinq jours suivants.
- Des amplitudes thermiques de plus de 15°C, accompagnées de températures minimales froides, sont prévues dans les cinq jours suivants.
- En période de sécheresse, avant et après traitement.
Pour éviter des pertes de rendement par des phytotoxicités, mieux vaut décaler l’intervention pour retrouver des conditions favorables.
Tableau 1 : Températures optimales pour appliquer diverses spécialités commerciales de régulateurs de croissance sur céréales à paille
Source : ARVALIS
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.