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Rhône-Alpes

Céréales : comment gérer les semis tardifs et éventuels resemis ?

Les conditions climatiques de ce début de campagne ont contrarié les implantations de céréales dans un certain nombre de situations. Pour les parcelles ayant pu être semées, la question du retournement partiel ou total peut se poser si elles ont été exposées à des excès d'eau. Dans tous les cas, il est nécessaire de raisonner ses décisions en fonction du contexte de la parcelle et des alternatives envisageables. Et de faire, pour tout nouveau semis ou resemis, un choix avisé de l'espèce et de la variété. 

Mouillère Rhône Alpes 2024

Un automne 2023 particulièrement humide

Depuis mi-octobre, les cumuls de pluie ont été très importants sur la région, et ont coïncidé avec la période des semis de céréales. Le secteur Nord-Est de la région (Bugey, Savoie, Haute-Savoie, Grésivaudan) et le secteur autour de Beaurepaire ont reçu les cumuls les plus importants. La douceur de cette période a tout de même permis aux parcelles qui ont pu être implantées de se développer correctement, lorsque l’eau n’y a pas stagné, atteignant aujourd’hui les stades 2 feuilles à tallage.

Figure 1 : Positionnement du début de la campagne 2024 en termes de cumuls de pluies et de températures par rapport à la médiane 20 ans sur la période du 1er octobre 2023 au 31 décembre 2023 sur plusieurs stations de la région

Figure 1 : Positionnement du début de la campagne 2024 en termes de cumuls de pluies et de températures par rapport à la médiane 20 ans sur la période du 1er octobre 2023 au 31 décembre 2023 sur plusieurs stations de la région

Semis tardif de céréales : les critères à prendre en considération

Plusieurs cas de figures sont rencontrés dans la région :

  • Des parcelles non semées à ce jour, souvent sur sols hydromorphes dans la Dombes, la Bresse, la Bièvre…
  • Des parcelles semées mais qui ont souffert de l’excès d’eau, où il manque des pieds et pour lesquels la question d’un retournement peut se poser.
  • Des mouillères, bordures de parcelles où l’eau a stagné durablement, et où il ne reste quasiment aucun pied.

Concernant les parcelles non semées, la décision à prendre doit être un compromis entre potentiel de l’espèce à la date de semis envisagée, marge économique accessible et maintien d’un équilibre dans l’assolement. A inclure également la réflexion quant à la couverture des besoins en paille pour les éleveurs. Dans de nombreux cas, il est plus adapté de basculer ces parcelles en cultures de printemps.

La décision de retourner une parcelle sur laquelle des pieds sont manquants est également complexe. Un comptage de pieds aide à éclairer la décision. On considère généralement que le seuil de 60 à 100 pieds/m² relativement bien répartis permet de conserver la culture et de couvrir les frais engagés, sans pour autant espérer un rendement élevé. Bien sûr, cette décision dépend des alternatives envisageables sur la parcelle. Si une culture de printemps sécurisée par de l’irrigation est envisageable, on peut se permettre d’être plus sévère. En sol séchant sans irrigation, il est plus rare que le retournement de la parcelle se justifie. Le désherbage éventuellement effectué est également à prendre en compte.

Enfin, pour les bords de parcelles et mouillères, le plus adapté est souvent de ne resemer que ces zones, en veillant à choisir une variété qui respecte les critères d’alternativité et de précocité à épiaison cités après.

Il reste envisageable de semer un blé tendre d’hiver ou un triticale jusqu’à environ mi-février en Rhône-Alpes. Le potentiel de ces semis très tardifs sera cependant fortement impacté et il est particulièrement important de bien choisir sa variété. Pour les exploitations d’élevage avec des besoins en paille, le triticale est l’espèce la plus adaptée, avec une production de paille plus importante que le blé tendre. Les semis d’orge d’hiver à des dates si tardives ne sont plus adaptés car l’espèce est trop sensible au froid.

Adapter le choix variétal

Pour les semis de blé tendre et de triticale en janvier, il est important de choisir des variétés avec :

  • Une note d’alternativité minimale de 5, pour s’assurer que les besoins en froid soient couverts malgré la période plus courte et permettent une montée à épi : le risque avec le choix d’une variété avec une note d’alternativité plus faible (typée « hiver ») est que la plante ne produise pas d’épi en cas d’hiver doux.
  • Une note de précocité à épiaison minimale de 7, pour limiter son exposition aux stress de fin de cycle. Le risque lié au choix d’une variété avec une note de précocité à épiaison plus faible (variété plus tardive) est qu’elle sera plus longtemps exposée à l’échaudage et au stress hydrique en fin de cycle, avec un impact sur le rendement plus marqué que sur une variété plus précoce.

Des variétés comme Grekau, RGT Vivendo, Prestance ou Teorema en blé ; Bikini ou Dublet en triticale, correspondent à ces critères.

Le critère de tolérance aux maladies devient moins important dans le choix variétal pour les semis très tardifs, car le cycle raccourci de la culture limite leur exposition.

L’orge de printemps est également une option envisageable pour des semis à partir de février, avec un potentiel intéressant pour la période.

Tableau 1. Variétés de blé et de triticale adaptées à un semis tardif en région Rhône-Alpes

Tableau 1. Variétés de blé et de triticale adaptées à un semis tardif en région Rhône-Alpes

Majorer la dose de semis

Des pertes de pieds liées aux aléas au cours de la levée, plus lente en semis tardif, sont à prévoir et justifient d’augmenter la dose de semis. Le tallage sera également plus limité dans ces conditions. En sols limoneux profonds sains en bonnes conditions de semis, viser 350 grains/m² et en conditions plus humides, ou sur sols argileux ou très séchants au printemps, viser plutôt 400 grains/m².

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