Blé tendre : c’est le moment de faire le point sur son risque verse
Les cultures de blé tendre arrivent en majorité au stade épi 1
Des situations en plaine très hétérogènes et pas forcément habituelles
Cet automne et cet hiver ont encore été très doux, avec des températures nettement supérieures à la moyenne pluriannuelle. A l’inverse de 2023, ces deux saisons se sont avérées particulièrement pluvieuses aussi bien en cumuls qu’en fréquence. Ces pluies ont mis en difficulté, à partir du 15-20 octobre, les chantiers de semis, rendant l’état actuel des cultures très divers, y compris vis-à-vis du risque verse. On retrouve en plaine, et potentiellement au sein d’une même exploitation :
- Des parcelles semées avant l’arrivée des pluies qui présentent de belles biomasses. Biomasse qui a tout pour se maintenir au vu des pluies qui continuent et qui ont assuré une bonne valorisation des premiers apports d’azote.
- Des parcelles en difficulté du fait d’hydromorphie, de battance et de reprise en masse apparus très rapidement après le semis. Dans ces situations, le peuplement et le tallage sont réduits. Le développement est chaotique et reporte à plus tard la question d’une application de régulateur si elle s’avèrerait nécessaire.
- Des parcelles semées tard ou plus tard qu’initialement prévu, actuellement en fin de tallage. Leur état végétatif est bon, mais du fait de leurs semis retardés, leur biomasse est moins importante qu’habituellement, réduisant le risque de verse.
A noter que pour les parcelles les plus précoces ayant déjà dépassé le stade épi 1 cm, les conditions météorologiques actuelles (faible rayonnement, pluies continues et pas de carence induite en azote) sont très favorables à l’augmentation du risque verse, en lien avec une élongation des entre-nœuds accentuée.
Il est important de faire un point sur la situation de chaque parcelle afin de prendre en compte au mieux la diversité des situations et d’adapter si besoin ce qui a pu être prévu a priori en morte saison.
Une grille pour évaluer le risque verse avant d’intervenir
ARVALIS a établi des grilles de risque régionalisées qui permettent une évaluation rapide sa situation. Elles prennent en compte les principaux facteurs de prédisposition :
- La résistance variétale caractérisée par la note de sensibilité à la verse propre à chaque variété.
Figure 1 : Classement des variétés de blé tendre par rapport à la tolérance à la verse
- L’état de la biomasse et ses facteurs de maintien (type de sol, nutrition azotée).
Figure 2 : Grille régionale d’évaluation du risque verse blé de tendre en Auvergne, Centre et Île-de-France
* Situations agronomiques où : Reliquat Sortie Hiver très élevé ou apport d’azote précoce élevé ou apport régulier de matières organiques (forte minéralisation).
Pour l’ensemble de la région, les conditions climatiques des semaines à venir finiront de conditionner le risque verse. Si fin mars et début avril sont chauds, secs avec de forts rayonnements, la note de risque pourra être diminuée de 1. En effet, un important rayonnement lors de la montaison réduit l’étiolement des tiges en limitant la concurrence précoce pour la lumière : chaque tige ayant accès à une quantité suffisante de lumière, l’allongement excessif des premiers entre-nœuds est évité. En revanche, si le temps reste pluvieux et faible en rayonnement, à l’inverse, il faudra augmenter la note de 1.
La verse peut également être la conséquence de l’attaque de la tige par des champignons comme le piétin-verse et les fusarioses… Les conditions climatiques actuelles et de ces derniers mois sont favorables au développement de ces maladies. Si aucun traitement n’existe contre les fusarioses de la tige, une évaluation du risque piétin-verse pourra s’avérer utile pour décider si une intervention est nécessaire.
A chaque risque, sa stratégie !
Les régulateurs de croissance n’ont d’intérêt que si le risque verse est réel. Le choix de la stratégie se décide donc en fonction du niveau de risque obtenu grâce à la grille ARVALIS.
Tableau 1 : Plusieurs propositions de programme selon le niveau de risque évalué
* Toutes les spécialités sont désormais interdites en mélange (classées H301). Se référer aux étiquettes.
Intervenir dans des bonnes conditions pour une efficacité optimale
Pour accroître l’efficacité et limiter la phytotoxicité, les applications sont à réaliser sur des cultures en bon état et dans des conditions climatiques favorables : temps poussant, lumineux et sans forte amplitude thermique (écarts inférieurs à 15 à 20°C). En effet, les régulateurs agissent sur l’élongation des cellules de la tige, pour aboutir à des entre-nœuds plus courts ou à des parois plus épaisses. Si le temps n’est pas poussant, le régulateur agit sur une élongation qui n’aurait, de toute façon, pas lieu et n’aura donc que peu d’efficacité. Il est nécessaire de tenir compte des conditions climatiques le jour de l’application mais aussi durant les 3 à 5 jours suivants celle-ci.
Tableau 2 : Conditions optimales de températures habituellement admises pour les principaux régulateurs
Exemple de lecture : Pour une application à base de chlorméquat de chlorure, il faut que la température minimale enregistrée le jour du traitement soit supérieure à -1°C et qu’elle atteigne au moins +10°C. Dans les trois jours suivants, une température moyenne supérieure à 10°C est favorable, sans dépasser une température maximale de 20°C.
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