Blé dur : reliquats d’azote à l’appui, le calendrier des premiers apports se précise
Les premiers retours semblent indiquer des reliquats globalement plus élevés que d’habitude. Néanmoins, dans certaines situations, l’apport tallage s’avère nécessaire. Tour d’horizon des cas rencontrés dans la région.
Toutes les valeurs de reliquats ne sont pas encore connues. Beaucoup de prélèvements* ont été réalisés en janvier cette année.
- Sur la zone de Béziers, les six reliquats réalisés (précédent blé dur, pois chiche et féverole) dépassent les 100 U.
- Sur la zone du sud Gard (autour de Nîmes) plus de deux-tiers des reliquats effectués (37 reliquats) dépassent les 70 U, dont un tiers dépasse les 100 U.
- En vallée du Rhône, entre Orange et Bollène, plus de deux-tiers des reliquats réalisés (13 reliquats) dépassent 70 U, dont la moitié dépasse 100 U.
- Dans l’intérieur du Vaucluse/le Lubéron, sur les 10 reliquats effectués, un seul est en dessous de 70.
- Dans les Alpes-de-Haute-Provence, les reliquats effectués sont pour la plupart supérieurs à 80 U le long de la Durance mais sont cependant plutôt faibles sur le plateau de Valensole (< 60 U).
Des valeurs de reliquats très liées aux précédents
Il y a évidemment de grosses hétérogénéités selon le type de précédent.
Comme l’an dernier, les reliquats sont largement supérieurs à 100 U sur les précédents maraîchers (pomme de terre, tomates). A l’inverse, derrière tournesol et riz, les reliquats restent faibles, en dessous de 60 U.
Attention sur les autres précédents, la sortie d’hiver et le printemps de l’année dernière, historiquement secs, ont entraîné des reliquats post récolte importants : la valorisation de l’azote a été très mauvaise. Les reliquats sont particulièrement élevés sur les parcelles qui ont subi des pertes de potentiel importantes sur des cultures fertilisées en azote. Sur des précédents blés durs, il y a parfois plus de 150 U de reliquats.
Faire une estimation rapide du reliquat
Il est nécessaire de faire des reliquats azotés pour savoir où vous en êtes.
Pour les parcelles où aucun reliquat n’est fait, il est possible d’estimer l’azote qui n’a pas été valorisé l’année dernière et qui est susceptible d’être toujours présent dans le sol aujourd’hui. Le petit calcul rapide suivant donne une idée de l’azote qu’il restait dans le sol après la récolte 2023, mais c’est à prendre avec des pincettes :
- Pour un précédent blé dur : reliquat post récolte = Quantité totale d’azote apportée sur le blé dur – 3,7 X Rendement réalisé sur la culture en 2023.
- Pour un précédent blé tendre : reliquat = Quantité totale d’azote apportée sur le blé tendre – 3 X Rendement réalisé sur la culture en 2023.
- Pour un précédent orge : reliquat = Quantité totale d’azote apportée sur l’orge – 2,5 X Rendement réalisé sur la culture en 2023.
Prenons l’exemple d’un blé dur fertilisé durant la campagne 2022/2023 avec 200 unités d’azote, qui n’a produit que 20 q/ha à la récolte. D’après la formule rattachée au précédent blé dur, 200 – 20 X 3,5 = 130 U n’ont pas été utiles pour le rendement**. Sur ces unités restantes, une partie est normalement lessivée en cas de fortes pluies à l’automne. Mais l’automne 2023 n’ayant pas été très pluvieux, une grande partie de ces unités se retrouvent probablement aujourd’hui dans les premiers horizons du sol.
Quand positionner le premier apport d’azote cette année ?
Pour les semis d’octobre/début novembre déjà à tallage : si les deux premières talles sont en place, la céréale n’a pas été affectée par un manque d’azote. Cependant, au vu du climat « capricieux » de ces dernières années, il est recommandé :
- pour des reliquats inférieurs à 70-80 U : profiter des prochaines pluies pour faire le premier apport.
- pour des reliquats supérieurs à 70-80 U : le premier apport peut attendre le début de la montaison fin février. A noter que si une pluie est annoncée courant février, ne pas attendre et anticiper l’apport.
Pour les semis précoces à 3 feuilles bloqués par le sec (Narbonne à Béziers), la réserve hydrique est souvent au plus bas. Pour des reliquats supérieurs à 70-80 U, il ne faut rien faire pour l’instant.
Pour des reliquats plus faibles, la question de l’investissement se pose sur ces blés qui s’annoncent déjà mal partis. Ces blés ne montrant pas de faim d’azote pour l’instant, ARVALIS et les Chambres d’Agriculture de l’Aude et de l’Hérault conseillent de ne rien apporter pour l’instant et de refaire le point fin janvier.
Pour les semis tardifs de fin novembre/début décembre autour de Nîmes (plaine de Nîmes et certaines parcelles en Durance), les blés sont entre 2 feuilles et début tallage. Si les reliquats sont inférieurs à 100 U, apporter de l’azote rapidement avant la prochaine pluie permettra d’assurer leur tallage et leur enracinement.
Si les reliquats sont supérieurs à 100 U, l’apport tallage peut être économisé. Le premier apport pourra attendre fin février-début mars à la première pluie.
Tableau 1 : Calendrier des apports d’azote recommandés en fonction de la valeur des reliquats et du développement des blés durs au printemps 2024
* Merci à Arterris, la CAPL, les Chambres d’Agriculture du Gard, de l’Hérault et des Alpes-de-Haute-Provence et aux techniciens d’ARVALIS pour ces premiers résultats.
** C’est sûrement plus, car ce calcul ne compte pas les reliquats azotés que la culture a pu utiliser au départ, ni la minéralisation automnale de l’azote du sol.
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