Blé dur : le calendrier des premiers apports d’azote 2022
Les prix de l’azote étant élevés, toute économie est la bienvenue. Toutefois, il ne faut pas pousser l’économie à l’extrême non plus. Le point sur les situations où un apport au tallage du blé dur s’impose et sur les stratégies de fertilisation pour l’apport montaison.
Les stades des blés durs vont de la levée pour les plus tardifs à mi-tallage/fin tallage pour les semis d’octobre en secteur précoce.
À noter qu’en Camargue, 5 à 10 % des semis n’ont toujours pas été réalisés. Les pluies régulières à partir de fin octobre ont rendu impraticables certaines terres qui n’avaient pas été semées courant octobre (notamment des précédents riz). Certaines de ces parcelles devraient être semées prochainement avec du blé dur (mais pas que !). Pour ceux qui ont semé avant la pluie, des dégâts d’asphyxie sont observés, notamment sur les terres basses (environ 10 % des parcelles).
Il faut adapter la conduite du blé dur selon les dates de semis, même si plusieurs dates de semis sont présentes à l’échelle de l’exploitation et qu’il est tentant de tout faire en même temps…
Des reliquats d’azote très hétérogènes
Le prix des engrais est toujours élevé, autour de 785 €/t d’ammonitrate (source : terre net), ce qui correspond à un prix de l’azote à plus de 2 € l’unité. Il est donc nécessaire de piloter la fertilisation pour réduire les coûts !
Première étape du pilotage, réaliser un reliquat azoté du sol.
Les reliquats présentés ici ont tous été faits en décembre ou début janvier.
Merci à la CAPL, au Groupe Perret, et à l’établissement Touchat pour nous avoir transmis leurs premiers résultats et aux techniciens d’ARVALIS.
La médiane sur 38 reliquats étudiés est à 73,8 U sur 0-60 cm (50 % des valeurs au-dessus, 50 % au-dessous). Il y a de grandes hétérogénéités en fonction des précédents, de la localisation et de l’historique de la parcelle :
- Les reliquats sont, comme l’année dernière, largement supérieurs à 100 U sur les précédents maraîchers (pomme de terre, melons, tomates), et supérieurs à 70 U pours les cultures de semences (maïs, sorgho).
- Sur tournesol, ils sont globalement inférieurs à 60 unités.
- Pour les précédents blés (tendre et dur), ils sont en majorité supérieurs à 60 unités en Vallée du Rhône, et plutôt faibles (20-30 unités) ailleurs (Camargue, Gard, Hérault).
- Sur précédent pois chiche, aucun reliquat n’est en dessous de 60 U (sur quatre reliquats effectués).
En l’absence de mesure de reliquat, on peut prendre une valeur moyenne de 30-40 U sur 0-60 cm sur précédent céréales à paille et tournesol, 100 U sur précédent maraîchage, et 60 U dans les autres situations. Si les premiers signes de jaunissement apparaissent avant le stade épi 1 cm, c’est que la valeur moyenne était sur-estimée et il faudra l’adapter.
Faut-il faire un apport tallage ?
Un blé risque de subir une carence en azote précoce lorsque le reliquat d’entrée d’hiver est inférieur à 60 U. Un blé a besoin d’environ 50 unités jusqu’à début montaison.
Habituellement, on prend une marge de sécurité et on considère qu’en dessous de 70 à 80 unités de reliquats, il faut faire un apport précoce.
Les prix de l’azote étant élevés, toute économie est la bienvenue. Toutefois, il ne faut pas pousser l’économie à l’extrême non plus : le prix du blé dur est en parallèle lui aussi très intéressant (465 €/t rendu Port La Nouvelle), il reste intéressant de mettre de l’azote pour assurer le rendement et la qualité.
Cette année, les reliquats sont globalement supérieurs à 60-70 unités hormis sur précédent céréales à paille et tournesol. Sur ces derniers dans des terres à bon potentiel, un apport de 30-40 unités doit être envisagé dès que les conditions météorologiques seront propices (pas de pluie annoncée pour les 15 prochains jours).
Tableau 1 : Calendrier d’apport d’azote conseillé
Attention ! Les variétés demi-précoces semées tôt (5-15 octobre) sur le littoral vont bientôt atteindre le stade épi 1 cm (tableau 2). Il est trop tard pour faire l’apport tallage, le premier apport sera l’apport début montaison, à faire dès que possible à la première pluie.
Tableau 2 : Prévisions des stades pour la variété Anvergur en fonction des dates de semis
Pour les semis tardifs, un petit apport (30-40 unités) avant le stade 3 feuilles aidera la première talle à démarrer (à part si les reliquats sont importants).
Quand déclencher l’apport montaison ?
Pour l’apport principal à début montaison, deux cas sont possibles :
1) Les reliquats sont inférieurs ou égaux à 60 U : la plante a donc entièrement consommé l’azote disponible dans le sol, voire est déjà en carence. Elle va avoir besoin d’azote pour la montaison.
Dans ce cas-là, il faut fractionner idéalement l’apport montaison en deux, en réalisant le premier apport fin tallage/début montaison dès qu’une pluie est annoncée. Il vaut mieux anticiper, d’autant plus si le reliquat est faible. Le deuxième apport sera effectué une vingtaine de jours plus tard. Selon les conditions météo entre les deux apports (sécheresse par exemple), une ré-évaluation du potentiel de rendement permettra d’ajuster la dose à apporter au deuxième fractionnement.
2) Les reliquats sont plus élevés que le besoin de la plante durant le tallage (> 60 U), il reste de l’azote dans le sol pour la montaison.
Dans ce cas, il faut déduire le surplus de reliquats (60 – Valeurs Reliquats) à la dose à apporter début montaison, puis fractionner idéalement cet apport en deux. Si le reliquat est très important (200 U par exemple), on fera l’impasse sur l’apport montaison pour intervenir uniquement autour de dernière feuille étalée (apport qualité).
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